Karim Wade étant définitivement écarté de la présidentielle du 24 février, Abdoulaye Wade aurait dû tenter un bon deal avec les autres candidats, en l’occurrence Ousmane Sonko, Idrissa Seck et Madické Niang voire Issa Sall. Il aurait pu par exemple trouver accord qui permettrait de faire la synthèse de leur différents programmes et d’accompagner un des candidats cités avec l’appareil du Pds avec une gestion collégiale du pouvoir.

Abdoulaye Wade dispose d’un important vivier électoral. C’est une certitude. Et son électorat peut faire basculer l’issue du scrutin comme l’explique un certain nombre d’analystes. Mais malheureusement son candidat, en l’occurrence son fils Karim Wade du fait d’une décision de justice ne pourra pas se présenter au nom du Parti démocratique sénégalais (Pds) à la présidentielle du dimanche 24 février. D’ailleurs avant l’étape de validation des parrainages, beaucoup de candidats à la candidature lorgnaient cet électorat.

Le leader du Pastef, Ousmane Sonko avait grand espoir de pouvoir bénéficier du soutien du président Wade afin de faire « dégager » Macky Sall. La rencontre qui était précédemment annoncée à Doha, au Qatar quelques mois plus tôt n’a pas pu se tenir dans ce pays du Golf. Finalement c’est à Dakar que Sonko et Wade auront leur tête à tête. Mais vieux futé n’a rien promis au jeune néophyte de la politique.Ousmane Sonko est donc toujours dans l’expectative.

Après les tentatives infructueuses d’Ousmane Sonko qui avait bon espoir que Wade le soutiendrait de toute ses forces et de toutes ses capacités, c’est Pierre Goudiaby Atépa, le célébrissime architecte et candidat recalé qui a pris le relais.Etant donné les bonnes relations qu’entretiennent les Wade et Pierre Goudauby Atepa, qui a récemment rejoint la coalition Sonko président, et qui est depuis quelques temps celui qui mène les pourparlers avec Père Wade.

Mais ce n’est pas sûr que Wade soutiendra un candidat et donnera, par ricochet, une consigne de vote. Et en tout état de cause, cela semble cohérent dans une certaine mesure vu que c’est la posture adoptée depuis de longs mois par le patrirache . En effet, le patron du Pds a dit sans ambages que si son fils n’est pas candidat, il n’y aura pas élection. Et comme son fils, n’est pas candidat et qu’on se dirige inexorablement voire impérieusement vers le scrutin de dimanche, soutenir un candidat serait pour Wade comme capituler, après avoir explicitement appelé à saboter le scrutin. D’ailleurs ce mardi, Me Amadou Sall, membre du directoire du Pds a encore déclaré que le pape du Sopi ne soutiendra aucun candidat. Soit!

Il est prévu que Wade donnera sa position ce mercredi 20 février. Va-t-il réviser sa position? Rien n’est moins sûr. Une chose est certaine. C’est que si Abdoulaye Wade ne soutient aucun candidat un vivier électoral va flotter en l’air et si son appel au boycott de ses partisans et sympathisants est entendu, cela va contribuer fortement à baisser le taux de participation. Et même profiter au candidat de la majorité qu’il combat. Sauf que jusque-là, les Wade refusent encore leur soutien au leader du Pastef. Atepa explique que Karim lui a dit qu’il est aussi candidat lorsqu’il lui a demandé d’apporter son soutien à Sonko. Cela montre la logique dans laquelle se trouvent les Wade. Pourtant, Me Wade aurait pu rentabiliser autrement son vivier électoral.

Au lieu de chercher à perturber le scrutin, il aurait pu par exemple « monnayer » autrement son important électorat en faisant asseoir les candidats Idrissa Seck, Madické Niang et Ousmane Sonko par exemple pour faire un accord politique avec eux. En quoi consisterait ledit accord?

En effet, si tant est que Wade veut une alternance le 24 février prochain, s’il ne veut plus que le régime actuel gagne la présidentielle du 24 février, il aurait pu faire assoir au moins 3 candidats retenus à cette élection pour trouver un accord.

L’accord consisterait en quoi? Cet accord consisterait à ce que chacun des trois candidats s’entendent pour harmoniser leurs programmes. Dès qu’une synthèse des programmes aura été faite, ils décideraient tous les 3 de désigner un candidat. En vertu de cet accord, les 3 candidats auront leur ordre de passage comme candidat à la présidentielle avec le soutien de l’appareil du Parti démocratique sénégalais (Pds).

Ainsi, pour le scrutin du 24 février prochain, il peuvent décider par exemple de soutenir dans un premier temps la candidature de Idrissa Seck qui une fois élu aurait pour premier ministre Ousmane Sonko ou un cadre du Pds et Madické Niang à un autre poste stratégique, à la présidentielle suivante, ce sera le tour du candidat du Pds par exemple et qui sera soutenu par le même appareil et quand il remporte, il positionne de nouveau Idy et Sonko, Madické à des postes stratégiques de l’Etat et enfin viendra le novice Sonko qui aura acquis l’expérience du pouvoir d’Etatpuisque l’une des choses à lui reprocher : son inexpérience de la gestion de l’Etat.

Ceci est une option que le président Wade aurait pu essayer plus tôt. Et cela aurait permis d’ailleurs, entre temps de restructurer le Pds qui, quoi qu’on dise, est en agonie après le départ de quelques membres importants. L’on se demande comment ce grand parti va survivre à son fondateur Wade sachant que l’on peine à voir un leadership émerger. D’ailleurs qu’est-ce qui prouve qu’après le pape du Sopi, les autres cardes qui ont depuis toujours milité dans le parti qui sont souvent allés au front accepteraient de se mettre derrière Karim Wade, le candidat raté de la présidentielle.

Quel poids et quel leadership Karim aura-t-il véritablement pour se faire accepter comme chef du parti et ensuite pouvoir unifier le parti? Déjà c’est sans doute par loyauté pour Wade que certains cadres accordent d’avoir Karim comme candidat.

Toutefois, rien ne garantit que ce plan va fonctionner pour maintes raisons. Primo, les egos vont vouloir prendre le dessus. Personne ne voudra certainement pas attendre. Chacun voudra être le premier à passer dès maintenant. D’ailleurs, lorsque la coalition Fippu Alternative se constituait certains candidat comme Ousmane Sonko avaient été approchés pour faire partie de ce mouvement. Mais le mode de désignation du candidat ne lui convenait pas parce que ça ne lui donnait pas forcément la possibilité absolue d’être le candidat de cette plateforme. Conséquence, le leader du Pastef avait donc pris le large pour aller dérouler son projet tout seul.

Ensuite, si tout au moins les 3 candidats acceptaient à choisir une personne appuyée par Wade et qu’elle est élue, rien ne prouve qu’une fois aux affaires, le président élu respectera l’accord et acceptera de soutenir la deuxième personne sur la liste d’attente de l’accord pour être le nouveau candidat. Le premier élu voudra se repositionner à nouveau pour un second mandat. Et c’est là où vont commencer les problèmes. Donc un tel accord n’est pas à l’abri de la trahison et des turpitudes de la vie politique. Enfin, un tel accord pourrait fragiliser le Pds dans une certaine mesure alors que cette formation devrait se repositionner (…)

Par Noël SAMBOU.

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