ÉGYPTE – Parmi les 51 personnes qui ont trouvé la mort dans les violences de lundi 8 juillet, en Égypte, se trouvait Ahmed Samir Assem. À 26 ans, Ahmed, était photographe au Caire pour Al-Horia Wa Al-Adala – journal officiel du Parti Liberté et Justice des Frères musulmans. C'est en filmant des militaires tirant depuis les toits qu'il aurait trouvé la mort. Une scène que le photographe aurait capturée avec son appareil.
Ce jour-là, au Caire, l'armée a fait preuve d'une grande violence. Les forces de l'ordre ont ouvert le feu sur des sympathisants des Frères musulmans, réunis devant le club des officiers de la garde républicaine où se trouverait Mohammed Morsi, le président déchu.
Si on se fie à la vidéo, Ahmed Assem était là, fixant de son objectif un militaire perché sur un toit. L'homme tire à plusieurs reprises, puis se tourne soudainement face à la caméra d'Ahmed Assem. Un tir et l'image se coupe brutalement. Le quotidien britannique The Telegraph, qui a parlé à des proches du jeune photographe décédé, concède que les circonstances exactes de la réalisation de cette vidéo sont dures à établir.
Le récit de cette journée de violences a fait le tour des médias internationaux. Cette vidéo vient alimenter les témoignages faisant état de tirs délibérés de l'armée sur des manifestants. Comme le rapporte Le Monde, "certains ont été tués ou blessés dans le dos, à plusieurs centaines de mètres de l'entrée du camp de la garde républicaine, comme s'ils avaient été poursuivis par les soldats".
L'appareil photo d'Ahmed Assem a été ramené à son journal le lendemain matin, recouvert de sang. "Une heure plus tard, j'apprenais qu'Ahmed avait été tué d'une balle en pleine tête par un sniper, alors qu'il filmait ou prenait des photos, en haut d'un bâtiment" raconte Ahmed Abu Zeid, l'un des journaliste qui travaille au sein du même quotidien. "Il a commencé à filmer le tout début des prières et on peut voir des dizaines de victimes sur sa vidéo. L'appareil d'Ahmed restera une pièce à conviction en matière de violations commises."
Cette vidéo serait extraite d'une séquence de 20 minutes, dont le Telegraph dit ne pas avoir pu se procurer de copie physique pour en vérifier l'authenticité. Elle aurait été diffusée lors d'une conférence de presse des Frères musulmans, pour appuyer leurs accusations contre l'armée.
La situation peine à se calmer en Egypte, où un gouvernement provisoire s'installe tout de même progressivement. Après la nomination d'Adly Mansour, président par intérim, le prix Nobel de la paix Mohamed el-Baradei a été nommé, mardi 9 juillet, premier ministre. Mais les Frères musulmans refusent pour leur part de rentrer au gouvernement.