L’horizon politique sénégalais s’est décidément assombri depuis cet accident électoral qui a vu le Macky sortir vainqueur d’une élection présidentielle pour laquelle rien ne l’y préparait. Au mieux l’APR mesurait ses forces et s’attelait à se faire une place dans le landerneau politique, mais la cacophonie d’un Benno Siggil Sénégal, exacerbée par cet éclatement qui a ainsi créé Benno ak Tanor avait fini de tuer l’espoir d’un peuple exténué par 12 années de folies wadistes.
Le peuple assurément ne voulait plus de « Wade family » même en photo dirons nous, et comme Idrissa avait fini de lasser et décevoir avec ses sorties virevoltantes et ses revirements incessants, il ne restait sur le paysage qu’un Macky SALL écorché, victime innocente de la « wadésie » aux yeux du peuple, et assurément plus rassurant que la moyenne des prétendants. Ainsi le peuple a choisi en masse cet espoir naissant qui on le sait depuis peu, a choisi de vivre son premier mandat sous le signe de la réélection. Tout y passe et depuis quelque temps l’outil préféré du régime en place est une succession d’actes tendant à dessiner une communalisation monolithique, pour assoir son pouvoir et créer ainsi, les conditions d’une réélection sûre en 2017.
Le premier acte de cet exercice, surement périlleux à terme, a été de décliner un acte III de la décentralisation, présentée urbi et orbi comme la condition sine qua non d’un développement à la base. Ce développement qui part des communes et qui crée l’égalité communale universelle sans laquelle les pôles de développement ne seraient que chimères. Ce premier acte qui tire son fondement de l’idée des pôles régionaux de développement, élaborés par le mouvement Tekki, est ici repris en changeant la destination idéale du cadre de concertation qu’était la région pour consacrer le département comme collectivité locale. Le président de Tekki Mamadou Lamine DIALLO reste imperturbablement silencieux au nom de l’omerta bokk yakarien qui oblige nos hommes politiques, à fermer les yeux devant certains manquements et contradictions, qui peuvent coûter à ceux qui les dénoncent des positions stratégiques autour de ce gâteau du bonheur qu’est le pouvoir. A niveau de ce premier acte déjà, on pourrait s’interroger sur la pertinence de la suppression de la région, dans un contexte de calquage textuel, ou la référence France soutient la presque totalité des projets et actions des régions dynamiques, à coup de financements venant de collectivités régionales homologues de l’hexagone.
Le deuxième acte a constitué à reporter une première fois les élections locales qui arrivaient trop tôt, alors même que le parti vainqueur APR n’avait pas eu le temps de se déployer au sens de parti bi (comme au PS au temps du parti unique) pour étendre ses tentacules dans la majeure parti des communes du pays. 2009 n’est pas loin derrière nous et on se rappelle encore que l’APR naissant et sans récépissé à cette époque, n’avait pu qu’accompagner le processus Benno Siggil Sénégal à défaut de pouvoir présenter quelques listes dans une coalition de titre nommée « Dékal Ngor » ça et là. C’est bien cette APR qui essaie cette fois, de tout contrôler au nom d’un exécutif devenu tout puissant, arguant à qui veut l’entendre la merveilleuse trouvaille de l’acte III, sensé tout régler. Depuis cette merveilleuse aventure du PSE à Paris, qui a vu le Sénégal recevoir des promesses de financement au-delà des espérances, on cherche même à bien corréler l’acte III au programme Sénégal Emergent, devenu tout à coup, le socle et fer de lance de toute politique publique au détriment d’un Yoonu Yokuté , programme pourtant ayant servi de leitmotiv au candidat élu Macky SALL, mais abandonné sous l’autel du puissant club Disso. Soit dit en passant, le PSE n’a pas jugé bon, d’inviter officiellement la diaspora sénégalaise, à participer à ce groupe consultatif de Paris, malgré sa posture de premier investisseur de fait au Sénégal. Il y’a fort à parier que cette diaspora qui essaie de s’organiser autour de la FSD à les moyens de répondre massivement à un appel au sursaut économique et citoyen du pays et que du point de vue de la classification de la dette, nous pouvons dire, sans être de la trempe d’éminence économique comme Chérif Salif SY, que les sous investis par des nationaux « immigrés », n’auraient pas le même poids sur la tête du Sénégal.
Pour en revenir au processus de décentralisation, on peut dire dès lors, que le nouveau code électoral en discussion n’en finit pas de faire des remous. Aux dernières nouvelles, les parties prenantes aux discussions, nous ont gratifiées du seul consensus qui vaille : le désaccord. Tout le monde est unanime, ce texte ne permet pas d’améliorer notre démocratie, il y’a même un risque réel de recul démocratique car certains aspects pourraient laisser croire que le législateur veut trancher en faveur d’une meilleure massification du parti au pouvoir. Il y’a donc clairement, du bon et du pas bon du tout, dans cette histoire d’acte III, votée en procédure d’urgence pas des députés n’obéissant qu’à une loi : celle de la majorité dictée par la volonté du chef suprême de cet exécutif qu’ils sont censés contrôler Une chose est claire, cela favoriserait bien la dynamique de massification en faveur d’un second mandat du président de la république actuelle. Et comme cela se présente dans un délai devenu trop court pour discuter, corriger, légiférer, adopter, et tout cela à moins de 3 mois des élections promises, il est claire qu’on s’achemine vers le troisième acte qui nous amène droit vers un report des élections locales. Les atermoiements de ces soi-disants opposants libéraux, qui nous paraissent être les moins crédibles aux yeux des « sénégalairiens », n’y feront rien. Ils peuvent continuer de crier pour se donner une consistance, et feindre d’être prêts à faire face à ces joutes électorales, il ne demeure pas moins qu’il faudra du temps avant que le sénégalais moyen ne daigne pardonner toute l’arrogance et le mépris dont ils ont fait montre sous Wade. Il serait illusoire de penser que le tout puissant Président Macky irait arbitrer un match, dont il serait juge et parti, entraineur, joueur, et supporter, avec le risque de recevoir le carton rouge de la CEDEAO, pour changement substantiel des textes et donc de la règle du jeu, à moins de 6 mois d’une élection.
Au nom du « djébalou » collectif, Doyen Tapha NIASSE le progressiste d’antan, a choisi la régression positive, prémisse logique d’une fusion annoncée dans l’APR, en tuant s’il fallait toute velléité au sain des cadres de son parti. Penser que nous l’avons soutenu et combattu Tanor avec véhémence nous insupporte au plus haut point, mais nous continuons d’avoir foi au génie politique de jeunes comme Malick GACKOU qui ont fini de prouver qu’ils ne tiennent pas à la place autour du gâteau quelque soit le prix.
Le temps soigne les plaies dit on, nous espérons simplement que ce temps soit propice à des alternatives communautaires réfléchies dans les villes et communes du Pays. Pour Louga dont le destin nous interpelle, nous veillerons à ce que cette ville passe dans des mains expertes et favorables au développement après toutes ces années de gestion politicienne improductive. Askanwi teyloulen, dirait Souleymane Faye, ce chanteur de génie aux textes si actuels, reconnaissez les patriotes et choisissez les !! Dieu veille sur Sunugal !!!!
Duc de Diapal