S’il y a un lycée qui a besoin d’être soutenu, c’est bien l’unique lycée de la Commune de Linguère. Chaque année scolaire vient avec son lot de désagréments. Celle-ci qui a démarré, il y a un peu plus d’un mois, risque de battre le record. Si rien n’est fait par les autorités qui ont en charge le système éducatif ou par les bonnes volontés pour venir à bout des problèmes qui assaillent le Lycée Alboury NDIAYE, l’année scolaire sera longue comme un siècle aussi bien pour le personnel administratif que pour les professeurs.
Les difficultés du lycée ont pour noms :
– le manque de salles de classe : Certains cours se font à l’école élémentaire contiguë au lycée. Ce qui entraîne des pertes de temps énormes. Des fois, les gens se demandent même s’il n’est pas préférable d’avoir de bons abris provisoires dans l’enceinte de l’établissement pour éviter tout ce temps perdu.
-le déficit de professeurs : Presque toutes les disciplines en souffrent. L’Inspection d’Académie ignore que le Lycée Alboury NDIAYE est un très grand établissement scolaire, à l’image du lycée Malick SALL de Louga ou du lycée Macodou SALL de Kébémer.

Les niveaux vont de la Sixième à la Terminale. Autrement dit, il y existe un cycle moyen et un cycle secondaire administrés par une seule et même personne : un Proviseur. Ce qui est de plus en plus rare. Les tâches seraient beaucoup plus faciles si on en faisait deux entités entièrement indépendantes: un Collège d’Enseignement Moyen avec son Principal et un Lycée avec son Proviseur.

La conséquence immédiate de ce déficit d’enseignants est la réduction des horaires hebdomadaires des professeurs. Les disciplines dites Langues Vivantes II (Espagnol, Arabe, Italien) sont les parentes pauvres du lycée. C’est dans ces matières où vraiment le déficit est plus accentué. Au lieu de trois ou cinq heures par classe, les professeurs concernés y font deux ou quatre heures hebdomadaires.
-le manque criard de tables bancs : les élèves s’assoient par quatre. Il y en a même qui s’assoient sur des tabourets comme font les étudiants de l’UCAD. L’administration a beau réparer des tables mais le problème demeure.
-les effectifs pléthoriques : les salles sont bondées d’élèves. C’est une exception de voir une classe qui compte moins de quatre vingt élèves. Cela est dû à plusieurs facteurs dont la non existence de beaucoup de lycées dans le département de Linguère, la pléthore de CEM de proximité, le taux de redoublement très élevé des apprenants, les résultats passables au Baccalauréat et au BFEM, les élèves renvoyés qui reviennent, l’absence d’écoles privées dans la ville, etc.
-la non existence au lycée d’un terrain de sport multifonctionnel : L’unique terrain de basket-ball qui date, peut être, de l’année de création du CEMG Alboury NDIAYE, est aujourd’hui dans un piteux état.
-l’inexpérience ou le manque de formation de certains jeunes collègues enseignants : La faute ne leur incombe pas car la plupart d’entre eux ont des diplômes universitaires mais la manière dont ils sont recrutés ne leur permet pas de dispenser un enseignement de qualité, étant entendu que les connaissances académiques ne constituent pas le seul critère de performance. En outre, ils sont laissés à eux-mêmes ; il n’y a pas l’ombre d’un conseiller pédagogique ou d’un inspecteur de spécialité pour les suivre.
-l’absence d’une infirmerie : Très souvent, nos élèves sont victimes de malaise (crise épileptique, paludisme, etc.) ou de blessures lors des cours de gymnastique mais le lycée ne dispose d’aucun médicament pour leur prodiguer des premiers soins. Au cas échéant, l’administration du lycée fait toujours appel aux sapeurs pompiers, qui malheureusement ne sont pas à la disposition exclusive du lycée.
Les conséquences de tous ces problèmes sont dramatiques. Les enseignants sont démotivés ; les enseignements-apprentissages expédiés , les devoirs bâclés. Personne n’a envie de faire longue carrière au lycée. Chaque année, c’est une « saignée » de professeurs qui quittent pour d’autres cieux. L’année passée, un collègue d’histoire et de géographie a abandonné son poste au milieu de l’année scolaire et jusqu’à ce jour il n’est pas revenu. Le niveau des élèves est de plus en plus bas ; les résultats au BFEM et au Baccalauréat vont de mal en pis malgré la bonne volonté de l’administration.

Chères autorités étatiques, chères autorités académiques, chères autorités politiques, chères bonnes volontés : le Lycée Alboury NDIAYE croule sous le poids de ses problèmes.

Vivement la construction d’un lycée moderne digne de ce nom à Linguère.

Samba Diama TOP,

professeur au Lycée Alboury NDIAYE de Linguère,

Doctorant à la « Fundación Universitaria Iberoamericana » d’Espagne.

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