Camarades ! S’immoler n’est pas géographique et surtout dissuadez en les jeunes Bacheliers non orientés.

En finir par le feu est un aveu d’impuissance, une capitalisation face à l’histoire qui, par ses jours qui courent, n’émouvra pas plus que ça l’homosenegalensis pris dans sa tourmente historique.

Combattez autrement, même sans ce Master !
Camarades, j’ai connu cette montagne de désespoirs comme des milliers de jeunes qui aujourd’hui sont passés dans l’anonymat sous les coups de boutoirs d’un Etat qui avait, un beau jour, décidé de sacrifier une partie de sa jeunesse à l’autel des réformes universitaires.
J’avais 20 ans, mon corps se muait encore de sa longue adolescence quand un soir, nous apprîmes que nous fûmes exclus de l’enseignement supérieur. Pour donner corps à cet arrêté ministériel d’André Sonko, une liste interminable était affichée au Rectorat. Grande fut ma surprise quand j’y vis affichés mon nom et ceux qui avaient sillonné leurs relations « villes et campagnes », une UV sur laquelle je m’étonne encore de l’avoir étudier. 
Les années1993-1994 précédaient un temps de grèves tenaces dont j’ignore encore les revendications. Nous avions passé une seule session d’examen avec des résultats fantomatiques.
En plus, certains comme moi avaient droit à des résultats vides, c'est-à-dire (Unités de V) sans note car « les correcteurs auraient perdu des copies pendant l’hivernage ». Ainsi se désolait un de mes professeurs, responsable de ce département.
La scène de crime d’aujourd’hui est la même que la nôtre à cette époque. Mais il n’a jamais était question d’en finir par le feu.
Ce couloir du troisième étage a gagné des heures de nos vies dans l’immobilisme, l’incompréhension et des UV dont le contenu restent encore à dépoussiérer. J’en ai eu la preuve quand étudiant en Lorraine, je parcourais les pays de Briey et de Pont-à-Mousson où j’ai connu mes premières années professionnelles comme une autre géographe.
Oui, un ancien qui a vu une autre Géographie appliquée vous le dit : ne vous immolez pas !
Ma mémoire fixe encore un gars nommé Modou Diagne Fada et une horde de professionnels des amicales qui décidaient pour nous, de nos occupations quotidiennes (intifada, marches, écoute de leur parade en AG etc…) Pendant ce temps, nos parents attendaient un espoir fuyant.
Vous avez une belle lancée à l’UCAD : une Licence et l’expérience du soldat de l’UCAD.  Ne la cramer pas !
Se battre autrement devrait être le cheval de bataille de chacun.
Comment avions nous fait pour redevenir étudiant après cette humiliation qui nous narguait : étudier dans l’abîme et aller chercher ce qui nous manquait pour demeurait dans l’espoir et la foi en nous.
Imaginez un étudiant sans inscription, donc sans carte étudiant ou de carte Coud et encore moins le plaisir de jouir d’une bourse ou de passer ses examens en même que ses camarades dits « officiels » sous le prétexte du sur effectif. Nous n’étions que de vulgaires « candidats libres » inscrits sur de simples feuilles volantes à la scolarité. Oui ! L’Etat du Sénégal a traîné ses fils dans cette mascarade dont beaucoup étaient victimes de dégâts collatéraux. Une réforme sans aucune prise en compte de cas spécifiques. L’Etat avait tranché dans le vif.
Tous ceux qui avait réussi au Bac en 1992 n’auraient du jamais le faire. En effet, ces derniers ont connu en tout et pour tout, une seule session d’examen (la session unique) avec une exclusion pure et simple à la clé.
Ces étudiants redoublants de 1992 n’ont jamais été réintégrés. Qu’ils leur manquasse une ou 2 UV ne comptait pas, ce qui importait pour l’Etat, broyeur d’étudiants, était de débarrasser l’université d’une occupation irrégulière : de réformer. Nous étions déguerpis comme un camp de Roms avec une sérénade de Youssou Ndour « Dem Dem, dem fan, dem ndax lan… ». L’image des baluchons d’étudiants hagards, perdus face à l’avenir défile encore dans ma tête éclairée par des larmes sèches. Tout était bien scénarisé pour que L’Etat se délectasse de nos ambitions ratées. Bien faire en disant Oui ou Amen à toute forme d’ajustement structurel était la seule politique qui prévalait.
Ce ne sont plus les mêmes odeurs qu’aujourd’hui, mais cela y ressemble fort : l’UCAD n’a pas changé, excepté le saupoudrage d’aménagements d’Amphis et une razzia du petits commerces qui laissent ahuri tout nostalgique de ce temple du savoir. Des espaces (chambres et autres) y sont aujourd’hui loués, sous loués, surchargés avec une promiscuité qui défie toute les règles de sécurité et d’hygiène.
Ne vous immolez pas ! C’est un ancien pseudo géographe, désœuvré dans ce « couloir de la mort » qui vous le suggère affectueusement.
Rappelez vous de ceux qui l’ont fait en 2011 et 2012 et posez-vous la question de savoir où en est notre pays malgré tout.
Vous rappelle-t-il la « géographie régionale » du Japon, de la France ou des Etats-Unis ? Vous rappelle-t-il les politiques adaptées pour sortir ce pays du « sous-développement » ?
Avez-vous déjà croisé des paysages de « coupes topographiques » sur lesquelles nous nous penchions comme des hystériques pour ne pas se tromper de « courbes de niveaux » ?
A quoi nous serviront finalement ces licences ou Master en géographie de l’UCAD si nous ne sommes pas certains d’en appliquer la quintessence ou de trouver un autre moyen de pérenniser la centralité de la géographie?
Ne vous immolez pas et je vous apporte par mes maux, « l’hydrographie » pour apaiser vos peines qui ne sont pas les seules de notre pays.
Ce long cours d’eau de la vie m’a façonné finalement en Ingénieur Géomaticien (ailleurs bien sûr !) et je me sers de la géographie appliquée pour agrémenter ma vie professionnelle.
Pensez dignement à nos mamans et nos pères qui ne se sont pas immolés face aux vicissitudes de la vie. Donc ne leur faites pas porter une peine qu’ils ne réclament pas. 
Alpha Blondy disait fort justement que « les imbéciles ont décidé d’entrer dans l’histoire en reculant» en parlant des africains qui se cachent encore derrière la culotte du reniement de soi, du complexe et de la dépendance à tous points. Dés lors que les « imbéciles ne changent pas » nous pouvons en déduire que la seule bataille qui tienne pour vous est de gonfler les rangs de ceux qui disent non en silence, de ceux qui se débrouille pour s’auto former, de ceux qui, comme ces bannis du système régalien, soutiennent leur famille par tout moyen légal.
Ne vous immolez pas, car le temps du réveil sonnera pour ceux qui surfent encore sur la vague de la démagogie politique, de la ruse face aux deniers du peuple et de l’incrédulité d’une jeunesse prise en tenaille entre le chômage et de la perte des valeurs.
Lève toi géographe, il y a encore d’autres espaces à explorer et un autre monde à cartographier pour une Afrique qui arborera une négation autre que par le feu.
Lève toi, jeunesse de mon pays pour voir ce qu’en Sankara nous devons faire valoir un autre monde, sans leurs diplômes qui s’effritent, se perdent ou se diluent encore dans les petites cervelles de nos politiques.

Leyti Bigué Ndiaye – Strasbourg

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