Les étudiants de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar destinent leurs tickets de repas à un troc au préservatif. Le procédé est de donner un ticket à la place des 150 francs, pour obtenir le paquet de trois unités. Selon les vendeurs, parfois, ce sont les filles même qui viennent procéder à l’échange. Un tour dans le campus social pour y voir plus clair.
Les tickets de déjeuner utilisés pour accéder aux restaurants de l’Université Cheikh Anta Diop n’ont pas que cette utilité, entre les mains des étudiants. Ils servent, également, de monnaie d’échange de préservatifs, chez les vendeurs internes. Cette méthode contraceptive se vend dans le temple du savoir comme de petites galettes. Reste à savoir avec qui les étudiants utilisent ces outils. Dans le campus social, les vendeurs sont catégoriques, quand on leur demande où ils trouvent les tickets qu’ils revendent. « Ce sont les étudiants qui l’utilisent pour acheter des divers et le plus souvent, des préservatifs », confie un vendeur, devant le pavillon H. Pour ce dernier, quand un étudiant donne un ticket, sans rien dire, ils comprennent tacitement, que c’est pour l’échanger avec un paquet de préservatifs. Aussi, informe-t-il, la vente est plus rentable, le troc marche mieux les jours fériés et plus les week-ends, quand le campus se vide de ses occupants ordinaires et se peuple autrement, avec les visites féminines qui se multiplient. A l’extrême gauche du pavillon B, un papetier, trouvé en train de faire des copies sur sa machine, explique : « nous vendons ces trucs, parce que les étudiants en demandent, tout le temps. Et, si nous acceptons l’échange, c’est que les étudiants reviennent racheter les tickets. C’est une sorte d’entraide entre nous et ce n’est pas seulement des préservatifs qui nous sont demandés ». Toutefois, nous informe-t-on, il arrive que ce soit les filles, elles-mêmes, des étudiantes parfois, qui viennent en chercher, avant de rallier les chambres de leurs partenaires. Suffisant pour dire qu’au campus universitaire, on ne fait pas qu’apprendre. Les divertissements et la sexualité s’invitent, souvent, dans les dortoirs des présumés futurs élites du pays. Mais, ce n’est pas étonnant, puisque la sexualité s’était invitée dans les relations entre autorités politiques, leur valant même un croustillant procès.