A la suite des arrestations violentes et des expulsions massives de migrants originaires d’Afrique subsaharienne, d’Afrique Centrale, d’Afrique de l’Est et d’Afrique de l’Ouest, la communauté internationale s’est mobilisée pour signifier aux autorités algériennes sa colère et sa révolte face à ce comportement inhumain.
Cette chasse aux subsahariens, qui bafoue les valeurs élémentaires des Droits de l’Homme, continue de soulever un véritable tollé en Europe, en Amérique, en Asie et en Afrique, comme elle a également provoqué l’indignation normale de la presse écrite, télévisuelle et électronique à travers le monde, sans oublier de mentionner celle des ONG’s, associations et personnalités versées dans la défense des Droits de l’Homme.
Ainsi, « Human Rights Watch » a-t’elle vivement condamné ces expulsions sommaires tous azimuts, rappelant aux responsables algériens les engagements internationaux de leur pays, particulièrement la Convention de 1951 sur le statut des réfugiés et son Protocole de 1967.
D’ailleurs, Madame Sarah Leah Whitson, Directrice Moyen-Orient et Afrique de cette organisation, a émis une sévère mise garde à l’Algérie sur toute tentative de violation des droits de ces réfugiés.
Les ONG’s Médecins Sans Frontières, Collectif des Communautés Subsahariennes au Maroc, Haut Conseil des Acteurs Non-Etatiques gabonais, Réseau des Organisations de la Société pour l’Economie Verte en Afrique Centrale, Conseil Supérieur de la Diaspora Malienne, Horizon Sans Frontières, Association de Promotion des Libertés Fondamentales et bien d’autres, ont condamné avec la plus grande fermeté ces déportations en masse intervenues dans des conditions inhumaines et dégradantes. Toutes ces ONG’s ont appelé l’Union Africaine, la Communauté Economique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et la Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale (CEEAC) à se prononcer sur cette situation dramatique.
L’Algérie n’en est d’ailleurs pas à son coup d’essai ! Je rappellerai les expulsions massives de 2004, 2010 et 2016 ; des expulsions qui portent préjudice à l’idéale d’unité africaine que cherchent à bâtir les dirigeants africains et qui sont intervenues alors que l’Algérie organisait le Forum Africain d’Investissements et d’Affaires qui fut un échec total.
Les expulsions d’Algérie de migrants subsahariens ont fait et continuent de faire les gros titres de la presse internationale, notamment africaine où elles ont été dénoncées avec virulence.
Même le parti algérien d’opposition, le Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD), a stigmatisé le traitement infligé aux migrants subsahariens.
Cette traque cruelle de subsahariens pourrait trouver son explication dans la situation explosive que vit l’Algérie, sur les plans politique, économique et social.
En effet, la forte baisse du cours des hydrocarbures a très négativement impacté les équilibres financiers de l’Etat algérien et provoqué l’épuisement du Fonds de Régulation des Recettes (FFR) et des réserves de change.
Un tel environnement financier défavorable, dont les perspectives d’amélioration restent pessimistes, du moins à cours terme, affecte le pouvoir d’achat des Algériens, augmente l’inflation, diminue les commandes publiques, entraîne des licenciements et accroit le nombre de chômeurs.
C’est pourquoi les autorités algériennes, dans une tentative désespérée de désamorcer la crise en cours, se sont attelées à désigner à la population des boucs émissaires pour détourner leur attention des autres grands problèmes de la société algérienne Les subsahariens ont malheureusement fait les frais de cette politique populiste et raciste.
Avec ces expulsions incompréhensibles de migrants subsahariens, déjà empêtrés dans une détresse sans fond, et avec l’annonce du récent décès en détention du journaliste bloggeur Mohamed Tamalt après plus de 03 mois de grève de la faim et condamné à 02 ans de prison pour avoir diffusé sur sa page facebook un poème contenant des vers offensant le Président Bouteflika, l’Algérie vient, une nouvelle fois, de s’illustrer sinistrement sur le registre des Droits de l’Homme.
Ces déportations inhumaines de subsahariens viennent définitivement d’écrire une page sombre de l’Histoire de ce pays, qui, si je me souviens, fait partie du continent Africain.
Farid Mnebhi