A  quelques heures du Magal, les rues de Touba commencent déjà à grouiller de monde. Les routes sont surchargées et partout, des charrettes plein à craquer. Plus commodes, plus simple d’usage et passe-partout d’après les passagers, elles sont le transport en commun à la mode à Touba. Une situation qui leur permet de voler la vedette aux autres moyens de transports en commun (bus, taxi). Cependant, pour les charretiers, le principal problème reste la police, mais aussi leurs rapports très tendus avec les conducteurs desdits transports en commun, qui provoquent bien souvent des échauffourées sur la route.

 Très nombreux dans la ville sainte, les charretiers sont non seulement le moyen de transports le plus utilisé par la population, mais aussi le moyen de transports le plus représentatif. La quasi-totalité des charrettes des régions environnantes se sont ruées vers Touba, en ce moment du Magal fait savoir Aliou Sall, un charretier. Pouvant contenir 8 personnes, voire 10, les charrettes couvrent l’ensemble du territoire de  la ville sainte, tels de vrais taxis.

Fatou Ba, habitante de Touba et habituell passagères de charrettes, explique les raisons pour lesquelles ces dernières sont aussi prisées par la population. « En ce période de Magal, les charrettes sont beaucoup plus disponibles. Les bus ne marchent pas bien et en plus, ils ne t’emmènent pas à ta destination », déclare-t-elle, en précisant qu’à Touba, les rues sont souvent constituées de sable. Même son de cloche chez Maréme Kandji, une autre  habituée des charrettes. Pour elle, les charrettes sont plus autonomes que les voitures, pouvant rouler sur tous les terrains.

Cependant, même munies de leur « laissez-passer » achetées à la communauté rurale de Touba entre 3000 francs pour les deux roues amenées par un cheval et 2000 francs pour ceux amenés par un âne, les charretiers n’ont pas toute cette liberté qu’ils aimeraient avoir.

En effet, malgré ce laissez-passer, plusieurs d’entre eux contournent les routes où sont placés des policiers, par peur d’être arrêtés. Pour Aliou Sall, charretier à Touba depuis des années, ce « laissez passer » ne sert quasiment à rien devant les forces de l’ordre. « L’utilité de ce laissez-passer est un véritable mystère pour nous. Malgré qu’on ait achetées la carte à la communauté rurale, celle-ci n’a aucune utilité quand on t’arrête », se désole Aliou Sall.

Toutefois, ce dernier constate une nette amélioration de leur travail, marqué par la hausse de la clientèle en cette période de Magal. A son avis, en ce moment, ils peuvent gagner 5000 Francs Cfa lors d’une journée normale. Dés fois, leur gain peut même atteindre la somme de 10.000 FCfa. Mais pour les charretiers, l’autre problème de taille est le rapport qu’ils entretiennent avec les conducteurs de transports commun sur la route.

A côté de leur relation tumultueuse avec les policiers, celles avec les conducteurs de bus et taxis sont encore plus tendues. Ces derniers ne cessent de critiquer les charretiers pour leur manque de discipline mais aussi de la pléthore de ces moyens de transports qui longent la route, réduisant ainsi la fluidité de la circulation.

Interrogé à leur tour, les charretiers dénoncent le manque de professionnalisme des chauffeurs de véhicules, qui n’aiment pas le nouveau statut obtenu par les charretiers à l’approche de ce Magal.  Aliou estime que les chauffeurs de véhicules ne leur laisse aucun répit. « Ils ne nous laissent  jamais travailler en paix. Ils ne cessent d’empiéter sur notre travail », lance le charretier. Il est rejoint par son collègue Khadim Ndiaye, qui dénonce aussi l’attitude jaloux des chauffeurs, tout en reconnaissant que des « disputes qui éclatent entre charretiers et chauffeurs sont normaux », puisqu’ils partagent la route.

In fine, malgré des rapports tendus, qui provoquent bien des disputes et des échauffourées sur la route, conducteurs de transports en commun et charretiers promettent de déposer les armes, au moins durant le Magal, pour ainsi permettre aux milliers d’invités qui fouleront les terres de la ville sainte de Touba, de circuler dans les meilleures conditions possibles.

Mouhamed CAMARA ( Envoyé spécial à Touba)

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