S’il est un mal qui ronge ce pays, depuis l’alternance politique de 2000, qui a vu la chute de DIOUF et du PS au profit de WADE et du PDS, c’est bien cet épiphénomène dénommé transhumance.
A l’origine, cette mauvaise manie qui consiste à renier toute idéologie politique pour migrer vers le parti au pouvoir, avec armes et bagages, était la manifestation suprême du manque de vergogne de certains leaders politiques au moment de la perte de notoriété liée à leur passage obligé dans le camps de l’opposition. Il faut dire cependant que ce mal ne touchait jusqu’ici que des personnes qui, pendant leur passage au pouvoir, se sont rendus coupables de malversations, les rendant à leur tour vulnérables à l’heure de rendre des comptes. Mais depuis l’arrivée de Macky SALL au pouvoir, le phénomène de transhumance s’est trouvé tout à coup exacerbé par la proximité idéologique entre les déchus du pouvoir sous Wade, et leurs anciens compagnons de l’APR propulsés au pouvoir. Le mobile du crime est tout trouvé, ces candidats transhumants politiques professionnels peuvent se targuer de dire à qui veut l’entendre qu’ils sont toujours des libéraux et que Macky est un des leurs. La question est alors de savoir comment cet argument tient il dans un Sénégal dirigé par des gouvernants sans idéologie ? Comment dans cette idéale politique qui magnifie « la Patrie avant le Parti », le gouvernement de Benno Bokk Yakkar arrivera t il à harmoniser des visions de gauche et de droite qui se confondent dans un compromis quasi impossible entre Yoonu Yokuté et Assises nationales. Le comble de cette situation a été atteint depuis la sortie sur nos antennes de télévisions il y’a quelques jours, d’une personnalité bien connue de la société civile sous Wade, qui a troqué le manteau contre un poste de conseiller avant de descendre finalement dans l’arène politique du Macky pour défendre des concepts aussi gravement altérés que sont le « Yoonu Yakaté » et les « Archives Nationales ». C’est devenu un mélange des genres à tout va et le peuple meurtri par une vie toujours plus chère ne sait plus à quel saint se vouer. Du Djoloff au Ndiambour, du Cayor au Baol, du Sine au Saloum et dans les contrées du Fouta, du Walo, du Pakao, du Boulouf et du Fouladou, le cri est partout le même : Le pays va mal !!!!!
Pour beaucoup de politiciens, la transhumance n’est qu’une résilience permettant de continuer un train de vie injustifié, et surtout assurant à ses auteurs une garantie d’impunité et donc de parfaite protection par ces temps de chasse à l’enrichissement illicite. Mais si on admet que la méthode en politique privilégie l’art et la bonne manière dans la gestion des affaires de la cité, la transhumance observée ces derniers temps chez nos politicards ne reflète ni art ni bonne manière. A ce titre, j’invite le vaillant peuple silencieux, celui qui n’a ni obligation politique, ni carte de parti, à reconnaitre dans les choix électoraux à venir, les hommes et les femmes imbus de valeurs, de principes, d’éthique et de responsabilité, afin que cesse à jamais ce cirque politique désobligeant et honteux. C’est à ce prix que nous savourerons un jour le triomphe de la démocratie participative et du responsabilisme.