Deux pensionnaires de la maison d’arrêt et de correction du Camp pénal de Liberté VI encourent 10 ans de prison supplémentaires pour avoir introduit du chanvre indien dans l’enceinte de l’établissement pénitentiaire.

Purgeant depuis 8 ans une peine de 20 ans de travaux forcés pour des faits de vol aggravé, Ndiaga Matar Guèye risque de voir son séjour carcéral prolongé de 10 ans. Idem pour son codétenu Mouhamed Sall, condamné à 2 ans ferme, pour offre et cession de drogue. Pensionnaires à la maison d’arrêt et de correction du Camp pénal de Liberté VI, ils sont accusés d’avoir introduit du chanvre indien dans l’enceinte de la prison.

Ndiaga Matar est poursuivi pour avoir acheté la drogue, après avoir rassemblé la somme de 30 000 francs CFA avec l’aide d’un de ses codétenus du nom d’Ernest. Mouhamed Sall est désigné comme l’acheteur. A-t-il profité du fait qu’il passe ses journées à la caserne Samba Diéry Diallo où il effectue des corvées, du lundi au vendredi de 09h à 18h ?

Toujours est-il que l’enquête a révélé qu’il a introduit la drogue dans la prison, moyennant une commission. Il a réussi son coup en se rapprochant de l’un de ses codétenus à qui il a proposé de lui offrir un plat de Soupou ‘’kandja’’. Comme le détenu ne reçoit pas régulièrement de visite, il a pensé que c’était un geste de solidarité. Or, en réalité, le plat contenait 150 grammes de chanvre indien. Il était dissimulé dans le double fond du bol isothermique contenant le riz. En découvrant la drogue, lors du contrôle, les gardes pénitentiaires ont feint de n’avoir rien vu pour que le repas arrive à son destinataire.

Ainsi, après s’être régalé, le prisonnier Gassama Diaby a été surpris de se faire accuser. Soumis à un interrogatoire, il a fait savoir aux matons qu’il a juste reçu un plat, en guise de cadeau de la part de Ndiaga Matar. Interpellé, il est passé aux aveux, en balançant Mouhamed Sall. Le malfaiteur a même indiqué aux enquêteurs que, dans le passé, il s’était fait acheter un téléphone portable à 10 000 francs pour l’introduire clandestinement dans la prison. Mais l’appareil était tombé entre les mains des gardes. Traduits hier, devant le tribunal des flagrants délits de Dakar pour association de malfaiteurs et tentative d’offre ou de cession de drogue, Mouhamed Sall et Ndiaga Matar ont clamé leur innocence.

Le premier, qui est l’imam de la chambre 12 du Camp pénal, a réfuté avoir reçu une quelconque somme pour acheter de la drogue. Quant au second, il a nié avoir mandaté son codétenu pour en acheter, même si par ailleurs, il a reconnu que la femme qui a apporté le repas est sa sœur. ‘’Si j’avais 30 000 francs, je les aurais envoyés à ma famille, car cela fait huit ans que je suis en prison’’, s’est défendu Ndiaye Matar.

Confortée par les aveux des prévenus, la représentante du parquet a estimé que les deux prisonniers sont coupables et que l’objectif de Ndiaga Matar était la vente et non la consommation personnelle. Par conséquent, les peines devront leur être appliquées à la lettre. ‘’Comment quelqu’un qui est sous la surveillance des gendarmes peut se procurer de la drogue ?’’ s’est interrogé Me Iba Mar Diop. Soulignant que Mouhamed Sall n’a pas commandé le plat, il a ajouté que les accusations d’un coprévenu ne suffisent pas pour faire condamner son client. Aussi a-t-il plaidé la relaxe, ne serait-ce qu’au bénéfice du doute. Délibéré le 20 juillet.
Enquête
PressAfrik

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