L’adolescence est un âge difficile, dangereux même, car c’est celui de la révolte, d’abord contre les parents mais aussi contre l’ordre social et toute forme d’injustice, ou considérée comme telle. L’adolescence est l’âge ou l’on forge ses convictions.
Les publicitaires ont fait des adolescents leur cible privilégiée, car ils représentent un marché et un potentiel inestimables. Insidieusement, la société de consommation fait tout pour les amadouer, les éduquer, c’est-à-dire en faire des consommateurs dociles plutôt que des ‘’rebelles’’. Le matraquage publicitaire s’en charge à longueur de journée : télévision, radio, presse écrite, panneaux publicitaires, internet, sans oublier le blouson des camarades de collège ou de lycée. De même, l’engouement des adolescents pour appartenir à un groupe est exploité au maximum. A cela s’ajoute une caste de VIP –artistes de spectacles et de télévision, top modèles et autres ‘’people’’ qui servent de modèles de consommation et dont le seul mérite est de savoir paraître.
En jouant sur le sentiment d’appartenance à un groupe, sur la peur du ridicule conceptualisé et de la ringardise, la publicité à haute dose finit par instituer une véritable dictature des marques, des modes et des ‘’cultes’’ fabriqués de toute pièce. Submergés par le flot incessant des messages et fascinés par les images et les paroles, rares sont ceux qui prennent conscience de l’état d’envoutement, voire de manipulation dans lequel ils se trouvent.
Durant cette période de l’existence où se construit sa personnalité, l’adolescent est happé par la machinerie publicitaire et son énorme pouvoir de séduction qui vend de l’illusion. En effet, quoi de plus immatériel, de plus évanescent qu’une marque, qu’un mode vestimentaire, quoi de plus inauthentique et éphémère qu’une star du show biz, formatée par les médias en situation de monopole. Entré de plus en plus jeune dans la société de consommation, l’ancien adolescent deviendra un adulte docile, prêt à succomber aux sirènes médiatiques, et à sortir sa carte bancaire pour satisfaire, tels des caprices d’enfant, les désirs judicieusement sollicités par la société. Et jamais il ne se rendra compte de l’état d’influence dans lequel il se trouve.
‘’Si l’homme et la femme sont heureux, ils ne consomment pas. C’est la frustration qui est la base du désir de consommation. Aussi, faut il leur offrir d’inaccessibles modèles de beauté et de richesse, afin que la frustration les mène sur le chemin des achats’’ disait Michel Piquemal.
Au Sénégal, la grandeur est synonyme d’argent, une nouvelle religion dont les soubassements parfois illicites ne sont point un frein à son expansion. Elle n’est pas tributaire de noblesse, de vertu, de dignité ni d’éducation, elle dépend du niveau de vie sociale. Bien évidemment, ses adeptes sont de multiples catégories, des petits aux adulescents, des adultes aux vieux tous ne vénèrent que son prophète. On ne saurait être surpris d’autant que le système est conçu pour faciliter l’exploitation et l’appauvrissement des couches vulnérables et bien au delas même. Partant de ce fait, paraître devient le seul verbe non plus à conjuguer pour émettre des réserves entre guillemets mais en sus il devient l’hymne de la glorification individuelle et l’aspiration quasi générale de toute la société. Par sa singularité ‘’zéro ennemi’’, il est parvenu à rendre luxueuses toutes les caractéristiques vertueuses de l’être humain.
On nous parle sans cesse de violences verbales ou physiques, d’agressions et pour résumer d’insécurité. Malheureusement nous faisons tous abstraction sur bien pire sans nous en rendre compte ou en rendre compte. Les sénégalais font face quotidiennement à la plus déplorable des violences, des agressions, celle morale. Bien entendue, la réplique par la violence n’est pas une solution, elle est même sanguinaire caractérisant l’état d’angoisse et de désolation des populations surtout celles jeunes qui sont sans cesse exposées à un accroissement exponentiel de l’insécurité alimentaire, au défi quotidien de la survie en plus l’insouciance notoire des pouvoirs publics. La barre poussiéreuse et fictive est hautement placée. Elle encourage simplement les vols, les braquages, les détournements de deniers publics, les meurtres hélas, juste pour satisfaire ce désir du « ‘’Tékki, am téranga’’ sénégalais » sans se soucier de l’aspect d’acquisition ni des conséquences. Le bien, acquis licitement, ne se gaspille point. On nous joue des tours pour la satisfaction matérielle des parents ou amis qui demain seront les premiers à médire. Il est important d’en être éveiller, de travailler et d’être endurant pour ne pas tomber dans ces pièges que beaucoup de personnes n’ont pu éviter durant leur périple.
La société sénégalaise est gravement malade et il nous revient à nous tous sans exception aucune d’en prendre d’abord conscience. Nous passons tout notre temps à tirer sur tout alors que l’essentiel est ailleurs. Les maux sont profonds mais curables si nous nous y mettons tous. Ne nous leurrons pas, nous ne sommes ni plus intelligents, ni plus méritants que les autres peuples. Nous avons notre chance, le travail il n’y a pas de secret. Faire la distinction entre les besoins et les désirs pour prétendre se hisser parmi les meilleures nations du monde, nous discipliner afin de parachever ces nobles missions qui nous sont dévolues pour nos prochains, tels sont nos combats. La grandeur d’un peuple c’est sa capacité, à lutter pour un seul but, à répondre à l’appel de la nation dans l’union et à préserver ses acquis librement.
Falaye Fall