Entre Aliou Sall et Abdoulaye Wade, c’est maintenant «œil pour oeil, dent pour dent». Après la sommation servie à l’ancien président de la République, le maire de Guédiawaye a tenu une conférence de presse hier pour tirer à bout portant sur Abdoulaye Wade, mais également sur son fils Karim. Oumar Sarr et Mamadou Diop Decroix n’ont pas été épargnés. S’agissant des accusations de Wade, Aliou Sall se porte en faux avec documents à l’appui.
C’est parti pour une guerre féroce entre Abdoulaye Wade et Aliou Sall. Après la sommation interpellative qu’il a envoyée à Wade pour lui demander de réitérer ses accusations, le frère de Macky Sall a décoché des flèches au pape du Sopi lors de son face à- face hier avec la presse. « Si Abdoulaye Wade était de la même génération que moi, j’allais lui rendre une réplique salée qu’il n’oublierait jamais de sa vie», peste d’emblée le maire de Guédiawaye. Se disant très surpris par les propos de l’ancien président de la République au point qu’il a failli verser des larmes quand il les a entendus, Aliou Sall minimise tout de même pour dire que Wade a l’habitude de tenir des discours de politique politicienne. Néanmoins, il ne compte pas se laisser faire et va poursuivre la procédure jusqu’au bout.
«DANS UN TROUPEAU DE SINGES, IL FAUT TUER LE CHEF»
S’agissant d’Oumar Sarr et Mamadou Diop Decroix qui ne cessent de s’agiter en tenant à son encontre des accusations gravissimes, Aliou Sall se dit très «triste» pour eux. Cependant, ils ne l’intéressent pas car, dit-il en langage imagé : « dans un troupeau de Golo (singes), reyal gong bi rek mou djekh. C’est Wade qui m’intéresse» (Il faut juste tuer le leader pour que les autres disparaissent). Très en verve, Aliou Sall s’en est violemment pris à Karim Wade. «Je ne fais pas partie de ceux qui sont restés à Londres pour venir au Sénégal après que leur père a été élu Président, pour faire la bamboula», martèle-t-il, faisant ainsi allusion au fils de l’ancien chef de l’Etat. En fait, le maire de Guédiawaye est persuadé que le souhait de Wade c’est qu’il se retrouve dans la même situation que son fils. C’est pourquoi il cherche à lui imputer des actions à Petro-Tim.
Interpellé sur les 30% d’actions de Petro-Tim que lui impute l’ancien président de la République, Aliou Sall jure : «je ne possède aucune action dans aucune société dénommée Petro-Tim Sénégal ou Petro Tim Limited, ou dans aucune société se trouvant à l’étranger et qui s’active dans le pétrole. Je ne possède non plus aucun sou qui se trouve dans mon compte à l’étranger, à part le compte à la Banque nationale de Paris (Bnp) que j’ai ouvert quand j’étais étudiant et il n’y reste certainement que 14 euros, ou alors un autre compte ouvert dans les livres de la Bank of China qui n’était plus alimenté et à l’époque il n’y avait que 500 euros. Je n’ai pas d’argent ni aucun autre bien à l’étranger et c’est pareil pour mon épouse et mes enfants».
«JE N’AI AUCUN SOU A L’ETRANGER, NI AUCUNE ACTION DANS UNE SOCIETE ETRANGERE»
Cependant, en ce qui concerne Petro-Tim, le maire de Guédiawaye reconnaît qu’en tant que 1er conseiller auprès de l’ambassade du Sénégal en Chine, il avait mis en rapport un Chinois du nom de Eddi Wong avec l’Etat du Sénégal pour investir sur des blocs pour la recherche du pétrole. C’est ainsi qu’il a négocié et signé un mémorandum avec le gouvernement du Sénégal le 8 Février 2011. Le document est signé par Ibrahima Mbodj, directeur général de Petrosen et Karim Wade, ministre d’Etat ministre de l’Energie. Ce document permettait au Chinois de voir les conditions dans lesquelles l’Etat pouvait lui octroyer le bloc de Saint Louis et de Kayar.
Le 17 janvier 2012, ils signent avec Eddi Wong un contrat lui attribuant le bloc de Saint Louis et de Kayar ; Eddi Wong a signé, en même temps que Ibrahima Mbodj, Karim Wade et Abdoulaye Wade, président de la République. Petro-Tim Limited devait, selon les termes du contrat, être représenté au Sénégal par une filiale. Eddi Wong qui connaissait bien Samuel Sarr ne pouvait pas le prendre parce que ce dernier travaillait déjà avec un autre investisseur dans ce domaine, du nom de Franck Timis. « C’est alors qu’Eddi Wong m’a choisi et m’a donné pouvoir de le représenter dans sa société Petro Tim Sénégal», soutient Aliou Sall. Le contrat a été approuvé par ailleurs par Abdoulaye Wade qui a signé le décret en même temps que Souleymane Ndéné Ndiaye, selon Aliou Sall qui a produit les documents devant la presse. On était alors en campagne électorale. Du reste, selon toujours le maire de Guédiawaye, quand Macky Sall a pris le pouvoir, il a approuvé ce contrat déjà signé par Wade, conformément au principe de la continuité de l’Etat. Macky Sall était déjà heureux qu’il gère la filiale de Eddi Wong afin qu’il se retrouve dans un secteur privé. C’est ainsi qu’il s’est retrouvé à la tête de Petro Tim Sénégal. Cependant, Petro Tim Limited sera à nouveau vendu à Franck Timis qui le revendra à Kosmos Energy qui sera actionnaire majoritaire avec 60%, Timis 30% et l’Etat du Sénégal 10%. Et c’est tout ! Ce sont certainement ces 30% dont parle Wade, selon le frère de Macky Sall.
«MACKY ETAIT HEUREUX QUE JE TRAVAILLE DANS UNE SOCIETE PRIVEE»
Par rapport à la poursuite judiciaire enclenchée, le frère de Macky Sall compte aller jusqu’au bout. «Je n’ai aucune notion juridique, mais si la procédure est irrecevable parce qu’il est un ex président de la République, ce qui importe c’est que la vérité éclate et à ce moment, je m’en remettrais à Dieu à qui Wade devra rendre compte, parce qu’il a beaucoup de comptes à rendre à Dieu», soutient-il.