Lors de son face à face avec les députés pour défendre le projet de budget de son département qui, cette année, est arrêté à la somme de 370.742.561.060 de Fcfa contre 366.815.018.040 Fcfa en valeur absolue et 1,07 % en valeur relative, le ministre de l’Education nationale, Serigne Mbaye Thiam, a annoncé qu’il y aura une pause dans la création de nouveaux Cem et lycées. Une décision qui est liée au déficit d’enseignants dans certaines disciplines comme la philosophie.
« Nous allons observer une pause dans la création de Cem et de lycées parce qu’il ne sert à rien d’en créer encore quand on a un problème de professeurs de philosophie et de mathématiques pures ».
C’est en ces termes que le ministre de l’Education nationale, Serigne Mbaye Thiam, a répondu à certains députés qui réclamaient l’ouverture d’établissements d’enseignement moyen-secondaire dans certaines localités. Dans le processus de création de nouvelles structures, le ministre a rappelé que des collèges de proximité étaient créés parfois sur la base de critères subjectifs.
Ainsi, près d’une centaine de classes de seconde étaient souvent ouvertes sans planification des ressources nécessaires, ce qui a fait exploser le déficit de professeurs dans les disciplines de premier ordre. Actuellement, il a été établi des critères de transparence dans la création des Cem et des classes de seconde.
C’est ainsi que, pour 2014-2015, il n’est prévu que l’ouverture de 7 classes de seconde et de 21 Cem. « La création d’un Cem tient compte des effectifs, du statut de la localité et de la distance pour déterminer la localité qui doit
polariser les autres villages. Les sept salles de seconde que nous allons ouvrir, cette année, deviendront, d’ici trois ans, des lycées lorsque ces élèves de Seconde seront en Terminale.
On a procédé à des créations de lycées sans aucune planification des ressources humaines, matérielles et financières. C’est ce qui fait que beaucoup d’enfants se trouvent encore dans des abris provisoires dans certains Cem et lycées », a expliqué le ministre.
Absence de planification
En ce qui concerne le déficit d’enseignants, il est plus inquiétant dans les disciplines scientifiques et surtout en philosophie. Ce, d’autant plus qu’au département de philosophie, il n’y a plus beaucoup de candidats qui sortent en Maîtrise ou en Master, selon Serigne Mbaye Thiam.
Ce dernier reconnaît d’ailleurs que « c’est une question qui ne peut pas être réglée de but en blanc en deux ans ». Par exemple, l’année dernière, lorsque tous les sortants de la Fastef, en philosophie, ont été affectés, il y avait encore un déficit de 57 professeurs dans le système.
Et lorsque le ministère a lancé un appel à candidatures, sur les 27 dossiers reçus et affectés, les 14 ont démissionné par la suite parce qu’ils ne voulaient pas aller là où on les avait amenés.
Pour le ministre donc, la solution en partie, c’est le recours aux ressources numériques. « Le projet a été lancé au mois d’avril dernier. « Actuellement, il y a près de 30 vidéos et des cours numériques qui ont été produits par le ministère de l’Education, et dans les prochains jours, nous devront recevoir tout le matériel multimédia.
C’est 240 classes numériques, 2000 tablettes qui ont été commandées et permettront de pallier ce déficit », a-t-il avancé. A côté, le nombre de professeurs de philosophie commandé à la Fastef augmente d’année en année.
En mathématiques, quand le problème s’est posé en 2012, le ministre a rappelé que, lorsqu’il était au département de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, le projet de formation de 100 professeurs de mathématiques avait été lancé. « Ces professeurs doivent sortir et nous avons prévu de les injecter dans le système ».
Déficit de professeurs
Pour le recrutement des enseignants du primaire, Serigne Mbaye Thiam a souligné que le niveau bac a été exigé. C’est sur cette base, selon lui, que tous les 2188 enseignants qui ont été injectés dans le système l’année dernière ont été recrutés avant de faire une formation de neuf mois. Répondant à la lettre ouverte du Sudes qui avance que le ministère n’a pas prévu de recruter des enseignants, le ministre a rétorqué que cette information n’est pas exacte.
Et Serigne Mbaye argumente : « En 2013-2014, on a recruté 2188 enseignants dans l’élémentaire et le préscolaire. Dans le moyen-secondaire, on en a recrutés 1837 dont 1621 sortants de la Fastef, 93 de la formation payante et 123 vacataires dans les disciplines déficitaires. Cette année scolaire, nous avons déjà recruté 1588 enseignants et 2568 élèves-maîtres vont sortir pour être injectés dans le système.
Pour l’année prochaine, j’ai reçu la lettre d’autorisation du Premier ministre pour le recrutement de 2300 enseignants de l’élémentaire dont 282 dans la filière arabe et on nous a autorisé à recruter 1499 enseignants pour l’année pro- chaine dans le moyen-secondaire ».