Les présidents des nouvelles délégations spéciales instituées en 2011 au Sénégal ont rencontré ce vendredi à Saly Portudal le Ministre des Collectivités Locales et de l’Aménagement du Territoire, Cheikh Bamba Dièye.
. La rencontre avait pour objectif de permettre aux deux parties d’échanger sur les rôles et missions ainsi que sur les orientations dévolues à ces entités administratives, une quarantaine, corrélativement au statut de délégataire qui régit ces communes et communautés rurales. Cheikh Bamba Dièye a profité de cette tribune pour réaffirmer aux délégués la volonté des autorités étatiques d’accompagner et de soutenir ces entités placées sous régime spécial. En même temps, il aura fixé les repères en matière de gouvernance vertueuse, notamment dans le domaine de la gestion foncière.
La rencontre a été organisée sous les auspices de l’Union des Associations des Elus Locaux (UAEL), et de la Direction des Collectivités Locales.
Prenant la parole, le Président de l’ UAEL, Alé Lô, a dit toute l’importance d’une telle rencontre pour ces Présidents de délégations spéciales, qui, pour la plupart, en sont à leur première expérience à une telle responsabilité et doivent aussi pour beaucoup d’entre eux, apprendre à passer du statut d’administrateurs d’entités politiques au statut d’administrateurs d’entités administratives.
A sa suite, cinq intervenants désignés par leurs pairs, respectivement Papa Biram Touré de la nouvelle commune de Diakhao-Sine, Marième Koné de la nouvelle commune de Diakhaye –Parcelles Assainies, Ibou Cissé de la communauté rurale de Ndiobène, Ousmane Bitèye de Paos Koto et Jean Pierre Tine de la communauté rurale de Chérif Lô, ont tous insisté sur la complexité des missions assignées à ces nouvelles entités eu égard à leur statut qui fait qu’ils ne disposent pas surtout d’organe délibérant. Tous les intervenants ont ainsi demandé des mesures d’accompagnement administratif pour permettre à ces délégations spéciales de mieux réussir leurs missions. Le contexte : absence d’infrastructures de bases, de ressources, a été au centre de toutes les interventions. Il ressort d’ailleurs des interventions que certaines de ces collectivités locales ne disposent pas même de locaux. Un autre handicap administratif a même été relevé à Ndioum-Nginth où la passation de service n’est pas encore effective. En somme, l’insuffisance des moyens a été fortement déplorée. En sus, la mesure d’institution des délégations spéciales aura eu des effets vicieux sur le fonctionnement de ces collectivités locales redécoupées du fait du retard créé sur la mise en œuvre des missions.
C’est pourquoi d’ailleurs, certains intervenants n’ont pas manqué de fustiger l’attitude de l’Association Nationale des Conseillers Ruraux (Ancr), coupable à leurs yeux d’avoir été presque « complice » dans la mesure de redécoupage prise par les autorités de l’ancien régime. Pour ces intervenants, il y a lieu de redéfinir les relations entre les élus locaux et cette structure. Son président Alé Lô, interpellé s’est réfugié derrière des arguments politiques pour répondre l’interpellation de Jean Pierre Tine. Selon lui les décrets de redécoupage pris en 2011 avaient un caractère politique, par conséquent, dira t-il, l’Ancr dont le statut lui interdit d’intervenir sur des questions politiques, n’avait dés lors pas la possibilité de faire face à ces mesures. Faux, rétorquent ses « accusateurs ».Ousmane Bitèye n’y va pas par le dos de la cuillère. « Etre un dirigeant de toutes les collectivités locales, avoir des collectivités locales découpées sans en être informé, c’est inadmissible. Nous avions une association qui regroupait tous les élus ruraux du Sénégal, l’Ancr qui devrait être là pour les collectivités et non pas pour une raison politique déterminée. L’argument qu’il a brandi ne tient pas la route. Ce découpage n’était pas un problème politique, il était d’abord administratif parce que c’est le Président de la République qui avait la décision de faire ce découpage. Donc, de ce point de vue, lui Alé Lô qui a été dûment élu par ses pairs conseillers ruraux devrait pouvoir réagir administrativement par rapport à une telle décision, mais malheureusement il s’est réfugié derrière un argument aussi fallacieux que celui de l’incompétence statutaire. C’est pourquoi nous estimons encore qu’il aura failli à sa mission », a-t-il asséné. Pour Jean Pierre Tine, « Alé Lô ne pouvait pas répondre politiquement à ces mesures de redécoupage arbitraires parce qu’il ne pouvait pas scier la branche sur laquelle il est assis, étant membre du Pds ».Pour parer à toutes ces « dérives », dans l’avenir, le Président de la délégation spéciale de Chérif Lô, révèle la volonté de ses pairs, une vingtaine, de mettre en place un collectif « pour ne plus être victime du comportement de ce genre ».
Pape Mbar Faye