Dans le fief des 5 sages du Conseil constitutionnel, aux Almadies de Dakar, souffle un vent léger, charriant un air de profond soulagement. « C’est évident que nous sommes soulagés que l’histoire se termine par une consultation démocratique apaisée, respire-t-on d’un souffle léger au sein du Conseil. Il y a eu des morts avant et pendant la campagne électorale, mais le pire prédit a été évité ».

Comment Wade a été validé à l’unanimité, en une heure top chrono ?

L’affaire a pollué l’atmosphère nationale pendant plus d’un an, généré les plus folles passions, nourri tous les fantasmes. Au final, les « Sages l’ont évacuée en …un tour d’horloge, selon le journal « L’Observateur ».

« La candidature de Me Wade à la Présidentielle nous a pris à peine une heure », sourit un des cinq membres du Conseil constitutionnel. Et « à l’unanimité », renseigne un « Sage ». Ce vendredi 27 janvier, Dakar débout, la place de l’Obélisque est incandescente, le Sénégal tout entier croise les doigts.

Dans les locaux du Conseil constitutionnel, autour du président Cheikh Tidiane Diakhaté, les idées sont pour autant claires. Car le sujet était presque épuisé. La réflexion autour du cas Wade avait très tôt commencé, sous l’ère de l’ancienne présidente, Mireille Ndiaye : « On savait très tôt que le cas allait se poser à l’avenir, souffle-t-on autour des cinq sages. Et à l’époque, en 2009 précisément, un mini-séminaire avait été organisé.

Chacun des membres de l’institution avait produit un rapport dans lequel il avait produit son argumentaire et son contre-argumentaire juridiques sur la recevabilité ou non de la candidature du Président sortant ».

Comment la candidature de Idrissa Seck a été sauvée in extremis ?

On est le samedi 28 janvier, 14 candidats à la Présidentielle sur 17 ont été « validés » par le Conseil constitutionnel. Le camp du candidat du Pds et des « Fal2012 » dépose des recours en annulation des candidatures de Idrissa Seck, Macky Sall et Cheikh Tidiane Gadio, tous ex-protégés du président sortant.

Le camp de Wade avait mûri un sale coup, selon le journal « L’Observateur ». Sans doute informé par les services de l’Etat, le camp du Président sortant savait que ces trois candidats avaient quelques soucis avec le fisc. Macky et Gadio, avertis sans doute par des « agents doubles », ont préféré se mettre en règle, en déposant un quitus dans leur dossier de candidature. Idrissa Seck, lui, se contente d’une déclaration sur l’honneur.
Et cela a failli lui être fatal.

« Dans leur recours, le camp de Wade avait signifié qu’il allait apporter la preuve qu’Idrissa Seck n’était pas en règle avec le fisc, raconte-t-on au Conseil constitutionnel. Ils étaient sûrs de leur fait. Mais on était le samedi et il leur fallait attendre lundi, jour ouvrable, pour pouvoir, sans doute, accéder au dossier « incriminant » Idrissa Seck. Qui sera miraculeusement sauvé par la décision des cinq « sages » à vider les recours dès le dimanche 29 janvier. Pourtant, le Conseil constitutionnel dispose d’un délai d’au moins 5 jours pour statuer sur les recours, souligne-t-on au Conseil constitutionnel.

Qui gagne 5 millions Fcfa par mois au Conseil constitutionnel ?

Tout est parti d’une « belle idée » de Nafi Ngom Ndour, vérificateur général de l’Inspection générale d’Etat (Ige). Elle a affirme au chef de l’Etat que les chefs des corps de contrôle et des hautes juridictions sénégalaises sont les plus mal payés de la sous-région. Généreux devant l’Eternel, Me Wade lui demande de lui faire des « propositions pour réparer ces injustices ».

C’est ainsi de fil en aiguille, qu’ils seront six (06) privilégiés à bénéficier du traitement royal de 5 millions Fcfa par mois : Nafi Ngom Ndour (Vérificateur général de l’Ige), Abdou Bame Guèye (président de la Cour des comptes), Fara Mbodji (Commissaire Droit de la Cour des comptes), Abdoulaye Gaye (Procureur général près de la Cour suprême) et…. Cheikh Tidiane Diakhaté (Président du Conseil constitutionnel).

Quelle est la vérité sur les voitures offertes par Wade ?

L’affaire avait fait du grand bruit. Au moment où le Conseil constitutionnel est épié de toutes parts, vilipendé de partout, Wade décide de mettre à la disposition des cinq membres du Conseil constitutionnel de nouvelles voitures de fonction.
« C’était une décision inopportune, juge aujourd’hui un des cinq sages ». Le moment était mal choisi, même l’acte partait de bons sentiments. Mieux, il n’avait rien d’exceptionnel. Ni de scandaleux.

A l’époque, la Présidence avait prix la décision d’attribuer à quelques corps de l’Etat les véhicules qui ont servi lors du dernier Sommet de l’Organisation de la conférence islamique (Oci) du 7 au 14 mars 2008 à Dakar. Après que plusieurs départements ministériels et autres démembrements de l’Etat ont été servis, les autorités étatiques ont pensé doter le Conseil constitutionnel de véhicules offerts en 2006 par la Coopération chinoise.

Pourquoi n’y a-t-il pas de constitutionnaliste parmi les 5 sages ?

Le Conseil constitutionnel dont on parle est constitué de trois magistrats (Chiekh Tidiane Diakhaté, Malick Chimère Diouf et Mohamed Sonko), un Inspecteur général d’Etat (Siricondy Diallo) et un professeur agregé de Droit… pénal (Issac Yankhoba Ndiaye).

Au fait, l’histoire débute en 2009, au départ du Conseil constitutionnel du Pr Boubacar Kanté. Au moment de procéder à son remplacement, le pouvoir bute sur les conditions d’éligibilité. Le titulaire doit être un professeur d’Université, avoir été un Doyen de la Faculté des Sciences juridiques et capitaliser une expérience d’au moins 25 ans d’enseignement supérieur.

Après un tour dans la salle des Profs, on se rend compte que seul Isaac Yankhoba Ndiaye a l’heur de satisfaire à toutes les conditions. Mais, il y a un problème : M. Isaac enseigne en France où il gagne bien sa vie. Il sera contraint de tout abandonner pour son pays. Il renonce à ses 3.800 Euros mensuels (environ 2,4 millions Fcfa) en France, pour devenir le vice-président du Conseil constitutionnel.

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