Enclavé et méconnu, le village de Kalossy est très en retard. Une situation très compliquée pour les habitants. Ce village, situé dans la zone sylvo-pastorale et difficile d’accès, est confronté à plusieurs problèmes dont le manque d’infrastructures sanitaire, éducative et sportive.-Reportage.
Kalossy. A l’évocation du nom de ce lointain village, le réflexe impose une interrogation sur sa situation géographique. 318 kilomètres le sépare de Dakar, il est logé au nord du pays, dans le département de Louga, à cheval entre deux communes : Yang-Yang et Mbeuleukhé. Sa population est composée en majorité par les Wolofs et les Peuls qui cohabitent avec le cheptel. La profondeur du champ des yeux aperçoit une trentaine de maisons faites de ciment ou de paille, ceinturée par une immense, belle et lointaine forêt clairsemée qui charme l’œil grâce à la disposition des arbres et la beauté du sol que les habitants cultivent avec joie et peine ainsi que la diversité des animaux orientés par des bergers, bâton à la main, à la recherche de prairies vertes. En observant le mode de vie et les préoccupations de cette population, on sent que la précarité n’enlève en rien leur joie de vivre à côté de leur seul voisin : le troupeau, qui leur est si cher puisque l’élevage est la deuxième source de revenus après l’agriculture. A quelques mètres des maisons, un profond puits qui donne des vertiges permet d’abreuver les innombrables animaux. De l’autre côté du village, c’est le «penc», un grand espace en face de la mosquée en réfection qui abrite une petite bâtisse où jeunes et vieux cohabitent harmonieusement sous un arbre à palabres si propre à l’Afrique. C’est l’endroit le plus symbolique, c’est le lieu où les décisions les plus importantes sont prises après concertation. En milieu de journée, la chaleur s’intensifie, le vent chaud sèche les lèvres et rend poussiéreux les visages. Comparé aux villages environnants, Kalossy peine à sortir de l’ornière et est en retard sur plusieurs plans.
Un rythme lent de développement
Malgré une population qui ne cesse de croître, Kalossy ne dispose pas de poste de santé. En cas d’urgence, il faut parcourir 3 kilomètres pour rallier Mbeuleukhé. Chaque matin, les femmes qui veulent acheter du pain ou des poissons attendent les véhicules à l’entrée du village pour s’approvisionner. Le transport aussi constitue un véritable problème, car pour se mouvoir, il faut se rabattre sur les charrettes tirées par des ânes ou des chevaux qui empruntent des routes sablonneuses et poussiéreuses. Ce lointain village semble plongé dans l’oubli, selon Sidy Mbengue, un quadragénaire, de forte corpulence, teint noir qui brille sous l’effet du soleil ardent. Cet homme paré d’un joli blouson noir interpelle l’Etat quant aux nombreuses difficultés de son terroir : «Nous sommes laissés en rade. Kalossy est très en retard vis-à-vis des villages environnants. Notre village est enclavé, il n’y a pas de routes goudronnées .On se déplace difficilement. L’accès est un parcours du combattant», s’est-il plaint. Plus d’un siècle d’existence, le village n’est toujours pas électrifié, les habitants vivent sous la pénombre. Abdou Mbengue, la trentaine révolue, air préoccupé, décrit la situation : «La marque de fabrique de Kalossy, c’est l’obscurité. Nous n’avons jamais bénéficié de l’électrification rurale tant vantée par le gouvernement. Ce qui est paradoxal, car nous sommes à 3 kilomètres de Mbeuleukhé qui en a bénéficié depuis plus d’une décennie. Cette situation porte préjudice aux élèves qui apprennent difficilement.»
Un déficit d’enseignants
A l’image des autres localités, le système éducatif à Kalossy souffre de plusieurs maux dont un manque criard d’enseignants. Le village ne dispose que d’une école élémentaire, assez vétuste avec des murs lézardés. Elle compte trois salles de classe, des tables-bancs supérieurs au nombre de potaches. Le problème majeur reste le déficit d’enseignants. Deux instituteurs transmettent difficilement les bases de l’enseignement général à 70 élèves du Ci au Cm2. Le directeur de l’école, Adama Guèye, explique la situation : «Nous sommes confrontés à un manque criard d’enseignants. Mon collègue et moi travaillons d’arrache-pied pour s’occuper des 70 élèves du primaire. C’est très difficile de travailler dans ces conditions précaires. Cela se répercute sur les résultats.» Le chef de cet établissement interpelle l’Etat : «Les écoles de brousse souffrent énormément surtout du déficit d’enseignants. Je lance un appel au ministre de l’Education, Serigne Mbaye Thiam, pour qu’il satisfasse ces vieilles doléances au profit de l’école sénégalaise qui, à mon avis, mérite mieux.» Que son appel soit entendu !
L’unique mosquée de Kalossy embellie
Les travaux sont en cours. Kalossy va bientôt pouvoir prier sur une mosquée digne de ce nom. La prise en charge est assurée par les populations locales et les ressortissants établis à travers le monde. Si certains ont apporté leur contribution financière, d’autres ont assuré la fourniture en ciment, fer et béton. Un acte salué par Asse Mbengue, un ressortissant de ce village : «Nous n’avons que notre village et nous devons participer à son développement. L’initiative est noble, je félicite et remercie tous ceux qui ont participé financièrement ou physiquement.
Mouhamdou Demba Dieng