Les éleveurs de toutes les régions du pays seront reçus demain à Dolly par le chef de l’Etat, Macky Sall, lors de sa visite sur les lieux. Le président de la République s’entretiendra avec eux sur les solutions au problème de l’élevage. L’alimentation et la santé animale, la question de l’eau et des infrastructures pastorales, les organisations professionnelles d’éleveurs sont autant de préoccupations seront soulevées par les acteurs.

Le chef de l’Etat se rend demain au ranch de Dolly pour recevoir les éleveurs de toutes les régions du Sénégal et de toutes les filières. Selon le ministre de l’Elevage et des Productions animales, Aminata Mbengue Ndiaye, l’ensemble des acteurs du secteur vont se retrouver ce mardi au ranch pour échanger avec le chef de l’Etat afin de lui permettre de mieux comprendre les problèmes que rencontre le secteur.  « Ce sera pour voir les avancées qui ont été faites mais aussi discuter sur le devenir de l’élevage. Le Sénégal a plusieurs types d’élevage. Il y a l’élevage pastoral qui est le plus répandu  et qui donne le plus de productions autant pour le lait que pour la viande.  Nous avons aussi l’élevage périurbain qui se développe autour des grandes villes comme Touba, Kolda, la périphérie de Dakar, sur le littoral, et  à Louga. Ces localités sont devenues aujourd’hui un véritable bassin laitier. On peut citer également l’élevage intensif et semi-intensif où l’on constate la présence de beaucoup d’éleveurs. Ce sont tous ces éleveurs qui viendront à Dolly pour discuter avec le président de la République », explique-t-elle. Mme Ndiaye estime que dans le secteur de l’élevage, les problèmes majeurs sont tout le temps soulevés par les éleveurs seront abordés lors de cette rencontre avec le chef de l’Etat.  « C’est d’abord les questions de l’eau, de l’alimentation du cheptel et de la santé animale. Car, si nous n’avons pas du bétail en bonne santé, nous ne pourrons pas avoir de bonnes productions, ni en viande, ni en lait. Et c’est la raison pour laquelle cette rencontre est importante à plus d’un titre. Elle permettra aux éleveurs de soulever un certain nombre de questions liées au secteur, mais aussi au président de la République de dire aux éleveurs ce qu’il pense, et également, ce que les éleveurs attendent de lui.

Aujourd’hui, dans toutes les régions, les éleveurs sont à pied d’œuvre pour être prêts au rendez-vous de Dolly. Je pense que c’est un honneur qui est fait aux éleveurs du Sénégal. C’est pour leur rendre hommage, rendre hommage à leur courage à leur perspicacité. Nous avons des éleveurs de père en fils, et ils continuent de préserver ce capital et ce patrimoine que leur a légué la famille ». Le ministre de l’Elevage soutient que la rencontre de Dolly est d’une importance capitale pour le secteur, mais aussi pour l’avenir du ranch.

« C’est une bonne chose que le président vienne à Dolly qui est un symbole pour l’élevage créé en 1969 par le président Senghor. C’est un refuge pour le bétail en danger, par exemple, lorsqu’il y a des pénuries ou quand les pâturages ont des problèmes. C’est également le cas lors des sécheresses ou des inondations. Le Ranch de Dolly a toujours été un refuge pour les éleveurs des autres régions du Sénégal, notamment des régions comme Kaffrine, Fatick ou encore Kaolack. Ils en ont bénéficié plus  que ceux de la région de Louga où du département de Linguère en particulier où il se trouve », explique Aminata Mbengue Ndiaye. Ces éleveurs venaient pour trouver du pâturage, de l’eau et aussi pour vacciner leur troupeau dans le ranch. Car, il servait de zone de préparation du bétail qui devait être présenté aux abattoirs pour la production de viande qui était acheminé vers Dakar et les autres régions.
Le ranch garde son statut pastoral
Aujourd’hui, Dolly connaît des problèmes avec la dégradation des infrastructures comme les magasins de stockage d’aliments, les parcs à vaccination, les forages, et surtout l’absence de clôture. « Je sais que le président de la République apportera la bonne nouvelle aux éleveurs sur ce ranch et je lui laisserai la primeur pour donner l’information. Il y a une question orale à l’Assemblée nationale posée par le député Djibo Leity Kâ et qui demandait le statut du ranch. La réponse du gouvernement et du chef de l’Etat est claire : le ranch garde son statut pastoral. Il reste dédié à l’élevage. Aujourd’hui, nous allons tout faire pour restaurer le ranch,  les moyens et les mesures seront annoncées par le chef de l’Etat », explique le ministre. Dans le budget de 2014, poursuit Mme Ndiaye, il est prévu la clôture du ranch, de même qu’il est attendu un projet d’unités pastorales avec des infrastructures et des équipements tels que des forages, des parcs à vaccination, une bonne organisation des acteurs pour aller vers la modernisation. Cette unité va couvrir les régions de Louga, Matam  et Kaffrine, selon le ministre.            

L’organisation des filières, un impératif

Selon toujours le ministre, l’autre problème qui va être évoqué, sans doute, par les éleveurs ou d’autres professionnels du secteur, c’est la multiplicité des organisations d’éleveurs. D’ailleurs, « avec les professionnels de l’élevage, nous sommes en train de tout faire pour  arriver à ce qui est prévu à travers la loi d’orientation agro-sylvo-pastorale, c’est-à-dire organiser, dans chaque secteur, les filières. Nous venons d’installer l’interprofession de l’aviculture et l’on a pu voir toute la chaîne de valeur de cette filière être impliquée, avec la création de l’association des prébendiers, ensuite l’association des producteurs, mais aussi l’association des prestataires de services », explique le ministre, Aminata Mbengue Ndiaye. Plusieurs groupes d’organisations se sont regroupés autour de cette interprofession. Et cela permet de communiquer et de résoudre leurs problèmes en interne, poursuit Mme Ndiaye. « Aujourd’hui, que ce soit la filière laitière, porcine, ovine, bovine, caprine, nous sommes en train de voir, avec les éleveurs qui sont plus concernés, ce qu’il faut mettre en place pour rationnaliser leurs interventions, mais également celles de l’Etat, parce que la multiplicité des organisations pose également des problèmes d’encadrement. C’est pourquoi, nous pensons que la rencontre de Dolly entre le président de la République et les éleveurs, sera un temps fort pour le secteur de l’élevage mais aussi pour les organisations professionnelles ».
L’organisation des filières, un impératif

Selon toujours le ministre, l’autre problème qui va être évoqué, sans doute, par les éleveurs ou d’autres professionnels du secteur, c’est la multiplicité des organisations d’éleveurs. D’ailleurs, « avec les professionnels de l’élevage, nous sommes en train de tout faire pour  arriver à ce qui est prévu à travers la loi d’orientation agro-sylvo-pastorale, c’est-à-dire organiser, dans chaque secteur, les filières. Nous venons d’installer l’interprofession de l’aviculture et l’on a pu voir toute la chaîne de valeur de cette filière être impliquée, avec la création de l’association des prébendiers, ensuite l’association des producteurs, mais aussi l’association des prestataires de services », explique le ministre, Aminata Mbengue Ndiaye. Plusieurs groupes d’organisations se sont regroupés autour de cette interprofession. Et cela permet de communiquer et de résoudre leurs problèmes en interne, poursuit Mme Ndiaye. « Aujourd’hui, que ce soit la filière laitière, porcine, ovine, bovine, caprine, nous sommes en train de voir, avec les éleveurs qui sont plus concernés, ce qu’il faut mettre en place pour rationnaliser leurs interventions, mais également celles de l’Etat, parce que la multiplicité des organisations pose également des problèmes d’encadrement. C’est pourquoi, nous pensons que la rencontre de Dolly entre le président de la République et les éleveurs, sera un temps fort pour le secteur de l’élevage mais aussi pour les organisations professionnelles ».  
La plus grande réserve agro-sylvo-pastorale du Sénégal attend toujours sa réhabilitation
Le Ranch de Doly, cet espace vert destiné au pâturage, suscite les convoitises des éleveurs traditionnels, des agro-forestiers et ceux de l’agrobusiness sénégalais. Conçue en 1969, sur l’initiative du président Léopold Sédar Senghor, cette réserve agro-sylvo-pastorale, évaluée à une centaine de millers d’hectares, avait pour objectifs de promouvoir et de développer le secteur de l’élevage, de servir de zone de repli du bétail en proie à la forte pression de l’activité agricole sur les terres arables en période d’hivernage. L’objectif était aussi de trouver une solution aux conflits entre éleveurs et cultivateurs. Le Ranch de Dolly, dont la capacité d’accueil en bovin est estimée à plus de 15.000 têtes, avait également pour mission de contribuer à satisfaire la demande en lait et viande.

Bien qu’ayant joué un rôle assez important dans la sécurisation et la promotion de l’élevage extensif, le Ranch de Dolly, a survécu difficilement aux mesures de désengagement de l’Etat dans le secteur agricole imposées, dans le milieu des années 80, par les institutions financières internationales. Cette réserve agro-sylvo-pastorale a connu, depuis sa création, plusieurs réformes qui, loin de la rendre performante, ont plutôt contribué à l’affaiblir. La Société de développement de l’élevage dans la zone sylvo-pastorale (Sodesp), dernière société nationale à la gérer, a été liquidée en 1999. A cause, de sa mauvaise gestion de ce patrimoine nationale, ouvrant ainsi une ère d’instabilité, d’insécurité et de délabrement des infrastructures d’accueil et de promotion de l’élevage sénégalais, dont les forages, les châteaux d’eau, les réservoirs, les abreuvoirs, les parcs de vaccination et autres installations sanitaires, les locaux et institutions chargés de gérer ce patrimoine national.

La majeure partie des installations créées au démarrage de ce projet et dont l’objectif était de prendre en charge les animaux de passage, sont aujourd’hui dans un état de délabrement très avancé. S’agissant des locaux administratifs, les installations sanitaires, les dépôts ou stations de distribution du carburant, entre autres dispositifs, ont tout simplement disparu de cette oasis verte. Malgré tout, le site continue d’attirer un grand nombre de troupeaux de bovins, ovins et de caprins venus de tous les coins du Sénégal et même de la sous-région. Ceci, compte tenu de ses conditions climatiques favorables à l’élevage. En effet, Dolly regorge de ressources naturelles dont un tapis herbacé pour l’alimentation du bétail de qualité et une quantité impressionnante d’eau en surface comme en nappe phréatique.

Des installations délabrées

L’espace du ranch, délimité par une haie de 126 kilomètres, reste tout de même confronté au problème lancinant de la transhumance du bétail venant des régions naturelles limitrophes (le Baol, le Sine, le Saloum, le Cayor, le Walo et le Fouta pendant la saison des pluies). Pour Adiouma Doukouré, ingénieur des travaux d’élevage à la retraite et qui travaille pour le compte d’une ferme agricole détenue par un investisseur sénégalais basé à Pout, le ranch de Dolly est le lieu de prédilection pour l’installation d’une ferme agropastorale. « Ici, les conditions d’élevage sont plus favorables avec l’existence de beaucoup d’herbe et d’eau et des terres arables », lance-t-il. Pour ce vieux technicien de l’élevage qui s’est installé dans le site depuis 1993, le ranch de Dolly avait pour vocation d’approvisionner en viande et en lait le marché sénégalais. Au début, dit-il, on autorisait les éleveurs à entrer dans cette sorte de refuge pour le bétail moyennant une certaine somme d’argent pour l’eau et le pâturage.

Mais au fil des années, la gestion de ce ranch n’a pas répondu aux attentes des pouvoirs publics de l’époque et la Sodesp, qui l’exploitait, a été liquidée. Les principales raisons de cet échec sont liées à la gestion laxiste du projet et à l’arrêt de financement des partenaires au développement, fait savoir M. Doukouré. Aujourd’hui, cet établissement public agro-sylvo-pastoral, malgré ses nombreuses potentialités dans le secteur de l’élevage, connaît beaucoup de difficultés liées à l’insécurité (problèmes de vols de bétail), à la coupe de bois et aux feux de brousse, la forte pression des éleveurs des différentes régions limitrophes et de certains pays de la sous-région en saison sèche. En plus de cela, ce ranch qui constitue le dernier refuge pour les éleveurs transhumants venant de toutes les régions du Sénégal, est coupé du reste du Sénégal du fait d’une absence totale d’infrastructures routière dignes de ce nom. Il faut bien connaître les pourtours du Ranch pour s’y aventurer sans risque de se perdre dans ce labyrinthe de verdure. Le ranch demeure très enclavé. Pourtant, le site n’est pas tellement éloigné de certaines grandes localités comme Touba, Dahra et Linguère. Il n’y a pas de routes, de pistes et de panneaux indiquant le nom des villes, villages et bourgades à traverser de part et d’autre.

A titre d’exemple, de Linguère d’où nous sommes partis pour atteindre le ranch de Dolly, en passant par Thiel, point de route ou de piste digne de ce nom qui mène directement vers Dolly sauf une multitudes de voies sinueuses qui vous conduisent, le plus souvent, dans l’impasse d’une mare ou d’un autre point d’eau.

Esquisses de solutions pour réhabiliter le ranch

Le Ranch de Dolly, compte tenu de ses potentialités agro-pastorales, doit être réhabilité, estime cet ancien cadre de l’élevage en retraite, M. Doukouré qui s’y est installé et qui gère son bétail composé de différentes races améliorées obtenues à partir de croisements avec des sujets étrangers. Il assure qu’il faudra mettre en place un certain nombre d’infrastructures adaptées pour la relance du secteur. Pour y arriver, poursuit notre interlocuteur, il faudra créer les conditions de la maîtrise de l’eau, disposer des engins pour la construction des pare-feux et sécuriser le bétail afin d’encourager les éleveurs à venir s’y installer. Il souligne qu’il faudra également créer un centre d’approvisionnement pour l’alimentation du bétail et procéder, le plus rapidement possible, à la réparation de la clôture du ranch.

Les représentants du collectif des éleveurs du ranch regroupés autour de l’Association « Féddé Nanondiral » (Association entente en poular), que nous avons rencontrés, ont émis le même son de cloche, en insistant sur la nécessité de réhabiliter les infrastructures agro-sylvo-pastorales de Dolly en l’adaptant au nouveau contexte marqué par une forte pression sur les terres par les agriculteurs.

Ils invitent les nouvelles autorités à prendre en charge leurs préoccupations majeures, formulées lors du Forum national qu’ils avaient organisé en novembre 2011 à Dolly même.

Celles-ci ont trait à la nécessité de sécuriser la vocation pastorale du ranch par le biais d’un acte administratif permettant de clarifier le statut de la zone, de réhabiliter les infrastructures pastorales et de faire du ranch un patrimoine appartenant à l’ensemble de la nation sénégalaise et dédié spécifiquement à l’exercice de l’activité d’élevage.

TRAJET LINGUERE-RANCH DOLLY : Un véritable parcours de combattant

Partie de Linguère très tôt le matin à destination du village de Dolly, notre équipe a fait plus de six heures de route pour faire le trajet qui n’est pourtant longue que 88 kilomètres. La multitude de pistes sablonneuses menant le plus souvent vers des points d’eau que vers des villages, ne nous a pas facilité la tâche pour relier le Ranch de Dolly au cœur du Ferlo.

En effet, cet océan de verdure s’étend sur plusieurs kilomètres carrés au milieu de la zone sylvo-pastorale. Il est coupé du reste du pays à cause de pistes impraticables et entrecroisées qui vous conduisent souvent vers une impasse.

C’est dire qu’arpenter les pistes de cet arrière-pays qu’est le Djolof encore si enclavé, relève du parcours du combattant. Nous nous sommes aventurés sur une des pistes cahoteuses et sinueuses pour rallier le village du Ranch de Dolly, en passant par Thiel, un des villages frontaliers de la réserve pastorale.

Sur cette route naturelle et spontanément forgée par l’homme avec ses moyens du bord, il fallait avoir les reins solides pour affronter cette piste cahoteuse et presque impraticable à cause des flaques d’eau et autres obstacles à contourner. Sur la route, nous apercevons, de temps à autre, des mares entourées de buissons et d’arbres au feuillage touffu à côté de quelques rares clairières. En plus de la soixantaine de kilomètres de routes impraticables séparant Thièl et Linguère, notre équipe avait éprouvé toutes les difficultés pour effectuer le trajet restant distant de 26 kilomètres et reliant Thièl à Dolly.

Entre ces deux villages célèbres du Djolof, que de temps à mettre pour effectuer le trajet!

Après quelques tours d’horloge, précisément à 14 heures 35 minutes, nous voici enfin à la porte d’entrée du village du ranch, tous couverts de poussière et de sueur. Dolly est une localité située dans la zone sylvopastorale, dans le département de Linguère, plus précisément dans la communauté rurale de Gassane. Ce village doit sa renommée nationale à son « Ranch de Dolly », constituant, avec celui de Bambilor (Région de Dakar), les deux espaces pastorales du genre au Sénégal.

Les éleveurs à la recherche du paradis perdu

Clôture délabrée, insécurité totale, vols de bétail récurrents, grand banditisme, matériel volé, le pâturage dégradé… La liste des maux qui gangrènent le Ranch de Dolly est loin d’être exhaustive. Regroupés au sein d’une association, les usagers du Ranch de Dolly mènent un plaidoyer pour sa réhabilitation. Ils veulent qu’il redevienne le paradis des éleveurs.

Le Ranch de Dolly, pôle d’excellence d’élevage, il y a une trentaine d’années, juste après les indépendances, est devenu aujourd’hui l’ombre de lui-même.  Terre d’équilibre par la richesse de sa flore, le Ranch de Dolly, créé en 1969, n’est plus le paradis des éleveurs. Il a perdu son charme et sa vocation. La clôture porte de larges échancrures. Elle se désintègre par endroits. Ce n’est pas tout. De grosses stations de pompage plongent dans la désuétude. Elles ne servent à rien dans ce vaste espace où l’eau est, plus qu’ailleurs, une denrée vitale pour toutes les activités, y compris l’élevage.

Les couloirs de vaccination sont encore présents sous forme de reliques. Le Ranch  n’existe que de nom.  Sinon, « ici, les gens ont tout volé »,  se désole, le vieux Aldiouma Doukouré, ancien technicien de l’élevage. Pis, le Ranch est lieu par excellence  du mal.  Le paradis des éleveurs est devenu le paradis des voleurs.

Lieu de refuge des voleurs

A cause de sa forêt de 87.500, hectares, les voleurs peuvent mener leurs activités sans être gênés.  Le bétail de ceux qui habitent Dolly  est volé et transporté ailleurs. Le contraire peut aussi se produire, car les animaux volés dans les autres localités sont  acheminés dans cette densité d’arbres avant d’être revendus dans les grands marchés. « Le Ranch de Dolly, c’est le paradis des voleurs. Ils font ce qu’ils veulent ici, il n’y a  personne pour les arrêter »,  clame Mme Coumba Sow qui réclame plus de sécurité. Regroupés au sein d’une association, les usagers  de Dolly reconnaissent que le Ranch n’est plus ce qu’il était au temps du président  Senghor. «  Le Ranch était le seul pâturage qui restait aux éleveurs. Il était bien organisé avec des infrastructures et un dispositif qui permettraient de bien développer l’élevage et d’augmenter la production laitière et celle de la viande », se souvient le président du Collectif des éleveurs et  des usagers du Ranch de Dolly, Gathiol Kâ.  Il  regrette malheureusement, que l’Etat ait négligé le Ranch malgré son potentiel en suspendant tous les projets de développement de l’élevage et de la localité. « Même la clôture qui délimitait le périmètre du Ranch est détruit par les éleveurs parce que tout le monde avait accès au Ranch. Alors qu’il était difficile d’accéder à ce périmètre  tellement les choses étaient bien organisées »,  se rappelle le vieux Gathiol Kâ qui a servi dans le projet du Ranch de Dolly pendant 40 ans. Il est aujourd’hui âgé de plus de 72 ans.

« Les gens font ce qu’ils veulent ici. Ils ont volé tout le matériel. En plus, certaines personnes, soit disant marabouts, voulaient profiter des terres du Ranch de Dolly pour mener leurs activités agricoles. Non, ce n’est pas pour cela que le président Senghor avait créé le Ranch »  crie le doyen. Il rappelle que le Ranch de Dolly avait un seul objectif : booster l’élevage au Sénégal en réglant l’autosuffisance laitière et en améliorant la production de la viande.  Sur ce plan, le Sénégal était bien parti. Selon Mme Coumba Sow, sage-femme à la retraite, il faisait bien vivre à Dolly.

«  En 1973, le kilogramme de viande coûtait moins de 80 FCfa. Le lait était donné gratuitement aux populations. Nous vivions bien. Aujourd’hui, il est difficile d’assurer les trois repas quotidiens à nos enfants car tous nos biens ont été volés. Alors que ce sont ces animaux qui nous font vivre », martèle-t-elle.

Quand le kilogramme de viande coûtait 80 FCfa

Le flot de frustrations  des peuls caractérise leurs discours. Le fil de mémoire emplit les témoignages. Entre le Ranch d’hier et celui d’aujourd’hui, il n’y a pas photo. « Le Ranch de Dolly est devenu un enfer pour moi et pour tous les 15.000 âmes qui  le peuplent. On m’a volé 15 bœufs, 12 moutons et 2 chevaux. Je n’ai rien maintenant.  Mes voisins connaissent le même sort ». Pour Mme Ndama Kâ, la vie est très chère à Dolly. « Ici, nous ne pouvons pas cultiver parce que les terres ne sont pas  destinées à l’agriculture. L’élevage est notre seul gagne pain. Malheureusement, le Ranch est confronté à plusieurs problèmes comme le manque d’eau, l’insécurité. A cela s’ajoutent le vol de bétail et l’enclavement de la localité. Nous vivons dans la souffrance  », lance la dame.  Cet  enclavement est la principale cause de la cherté de la vie à Dolly. «Il faut donc vendre le bétail pour s’en sortir », fait-elle savoir.  Pour que le Ranch redevienne un paradis des éleveurs comme cela a été  de 1969 à 1993, année du retrait de l’Etat, Mouhameth Dieng propose plusieurs solutions. Particulièrement, sa réhabilitation en impliquant les populations originaires de la localité dans la nouvelle gestion. Il plaide pour que le Ranch soit essentiellement réservé à  l’élevage. « Il a été créé  sur cette base  par le président Senghor qui avait constaté que l’agriculture est en train de prendre toutes les terres. Alors, il a créé le Ranch de Dolly uniquement pour les activités d’élevage. Nous voulons qu’il reste une terre des éleveurs  », rappelle-t-il.  En attendant, les usagers ou originaires du Ranch ont promis de se battre pour que l’Etat fasse de cette localité un paradis sur terre.

Reportage de Mamadou SY, Eugène Kaly, Masse Ndiaye (textes) et Pape Seydi (photos)

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