Avec SENENEWS.COM- Gardiens, fossoyeurs de tombes ou administrateurs, les cimetières sont textuellement bien organisés. Mais dans la pratique certains en font une gestion nébuleuse. Parfois payés pour accomplir un sacrifice dans le cimetière, parfois les profanateurs s’y introduisent à leur insu. Bienvenu dans l’univers des cimetières de Dakar.
Un refus catégorique d’aborder le thème
La profanation de tombes à des fins mystiques est devenue un phénomène récurrent dans la société sénégalaise. Le cimetière musulman de Pikine enregistre la majorité des cas de cette pratique inhumaine. Dans son long périple, consacré au cimetière, l’équipe de Senenews.com a effectué une descente dans ledit cimetière. Ici l’ambiance est calme. Le personnel se braque dès qu’on aborde cette question. La réponse est la même « Nous n’en savons rien ». L’arrestation du fossoyeur Saer Gnigue a fait son effet.
On quitte Pikine, direction Ouakam où Moussa, le gardien de la demeure éternelle nous reçoit dans un air précipité. L’homme officie dans ce cimetière depuis le bas âge. « C’est à l’âge de 13 ans que j’ai commencé à aider mon père dans ses tâches. Et après sa mort j’ai pris le relais ».
« Le jour où je verrai une personne faire des sacrifices ici, elle sera enterrée vivante »
Moussa prend très au sérieux la tâche qui lui est confiée. Il est le gardien du cimetière, mais aussi le laveur de corps. Au moment de notre passage, l’homme s’apprêtait à faire le dernier bain à un mort. Concernant les profanations de tombes, Moussa témoigne sa détermination à combattre ce fléau jusqu’à la fin de ses jours. « Cette pratique ignoble je l’entends dans les autres cimetières, mais Le jour où je verrai une personne faire des sacrifices ici, elle sera enterrée vivante », lance –t-il en filant dans la salle où il doit effectuer le lavage d’un défunt.
Cimetière Saint Lazare de Bethanie sis sur la Voie de Dégagement Nord (VDN). Il est 17 heures, un cortège habillé en blanc accompagne à sa dernière demeure un corps dans un pick-up de l’hôtel de ville de Guédiawaye. Une tristesse aigue se lie sur tous les visages. Habib Sagna, administrateur du cimetière nous dit ce qui s’y passe.
«Nous sommes en Afrique, Je ne dirai jamais que ses pratiques n’existent pas ». M. Sagna, un fervent catholique révèle qu’un jour un homme a été appréhendé auprès d’une tombe. Ce jour-là le présumé profanateur a vécu un mauvais quart d’heure. Il a été tabassé comme un rat mais il n’a jamais reconnu les faits de profanation dont il faisait l’objet.
« Un dur travail qui peut entrainer des troubles psychologiques»
Durant les deux premiers mois de service dans le cimetière, Habib Sagna a failli claquer la porte. « Je n’arrivais pas à dormir, le nombre de morts que je voyais par jour me hantait dans mon sommeil », confie l’administrateur. Mais aujourd’hui il accepte sa fonction et admet que c’est une mission. Une mission à travers laquelle il s’est départi de beaucoup de pratiques et se rapproche d’avantage de Dieu. « C’est un due travail, mais c’est une chance. L’Homme n’a que deux papiers, celui de sa naissance et celui de sa fin, et le dernier passe par moi », soutient Habib avant d’ajouter : « Le cimetière est un milieu éducateur et de sagesse ».
Après Saint Lazare de Bethanie, nous nous sommes rendus au cimetière musulman de Yoff où le personnel se rejetait mutuellement la responsabilité de répondre à nos questions.