Culturellement et économiquement, le Djolof n’a cessé d’étaler dans la marche de l’histoire du Sénégal toutes les richesses dont il regorge jadis, naguère et aujourd’hui. Reportage.

Yang-Yang, la capitale du Grand Djolof réduit aujourd’hui à un hameau. Il n’en a pourtant pas été ainsi  de l’apogée de ce grand Djolof à l’administration coloniale du XIXème siècle. La localité porte encore visiblement les signes d’un long passé historique, de dynasties et figures emblématiques de l’histoire du Sénégal.

Ce qui impressionne de prime abord le visiteur de la dernière capitale des Bourba, ce sont les alentours sablonneux d’un village installé au sommet d’une montagne. Cette configuration de la ville  procéderait de la volonté des souverains d’antan de percevoir distinctement de loin l’ennemi et d’aller à son assaut en cas d’attaque. De sources relevant de la tradition orale, les Bourba devaient ce sable aux tributs payés par aussi bien les citoyens de l’entité politique propre du Djolof que par ceux des royaumes vassaux. Aux alentours immédiats inaugurant les premières concessions, que de décombres de vieilles bâtisses pouvant être identifié à des détritus de parois de puits! Ou tout simplement de bâtiments à usage d’habitation.  Plus à l’intérieur de Yang-Yang, l’immeuble à un étage (R+1) encore en ruines impressionne et émerveille davantage. Là résidait majestueusement le Bourba. Entièrement fondé et élevé en banco, ce reste du palais royal curieusement couvert en un matériau assimilable à du ciment impose le regard de l’étranger. Un tour sur la vaste étendue de la localité: rien que des ruines dont les fondements restent encore visibles. Les historiens spécialisés en fouilles archéologiques peuvent encore s’y inviter.

Yang-Yang des temps modernes: rien que 364 habitants constitués en 45 ménages y élisent domicile. Pourtant, le Président Senghor avait érigé ce village historique en chef-lieu d’Arrondissement du même nom. Etait-ce pour redonner au fief des Bourba son lustre d’antan? La posture intellectuelle du premier Président de la République peut le laisser croire. Quoique Mbeuleukhé soit démographiquement et économiquement plus important, la primeur de la sous-préfecture devait revenir à Yang-Yang. Mais le village faisait partie de la Communauté Rurale (CR) du Mbeuleukhé jusqu’en 2010. A partir de cette date, le village fait partie de la CR de Yang-Yang2. Dès lors, Yang-Yang ré englobe de nouveau la nouvelle commune de Mbeuleukhé. A vol d'oiseau, les localités les plus proches de Yang-Yang sont Tiaboguel, Ndiane Sabo, Kalossi, Belel Beloki, Ngaraf, Mboynane et Tiavali.
La localité offre cadre à un musée historique dénommé «Musée d'histoire du Djolof et de l'amitié France-Sénégal à Yang-Yang». Ce Musée d'histoire France-Sénégal du Djolof a été fondé par feu Mansour Bouna Ndiaye dans l'enceinte de la résidence de son père le dernier Bourba du Djolof Bouna Alboury Ndiaye. D’ores et déjà, chercheurs et touristes, ou tout simplement le citoyen imbu d’une curiosité intellectuelle peuvent visiter ce labyrinthe. A l’intérieur du musée,  les armes à feu d’un autre âge et les amulettes du Bourba Alboury Ndiaye sont conservées dans une mallette couverte de vitrine cassée; des correspondances et la natte de prière  de Bouna Ndiaye sont accrochées au mur. A l’étage, se trouvent le lit, le lavabo, un balcon aéré, et des baignoires pour les bains  rituels de Bouna Ndiaye. «Ce musée est laissé à la merci des voleurs. L’Etat doit trouver des mesures sécuritaires pour préserver ce site qui est un patrimoine national», s’inquiète notre guide, Momar LO.

Le “Tata“ d'Alboury Ndiaye, la Résidence royale et la stèle représentant la mosquée du “Tata“ figurent sur la liste des Monuments historiques de Yang-Yang. Jadis, ce mur fait de pierres blanches, haut de 6m et large de 2,5m, était un lieu où l’on trouvait la case du Bourba, celles des femmes et celle de la reine-mère. Ce lieu de sécurité, en temps de guerre, nous raconte-t-on, servait de refuge pour les enfants et les vieillards. Ce mur aujourd’hui est en état de délabrement trop avancé, il ne reste qu’une hauteur de moins de 50 cm. A côté, se dresse la mosquée d’Alboury Ndiaye, sur la façade est affichée un poster où l’on a mentionné les noms des marabouts ayant foulé le sol de Yang-Yang tels Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, Amadou Cheikhou…

Tout près se reposent sa mère, Seynabou Diop, sœur de Lat Dior Diop, son demi-frère, Alboury Birame Penda  Mboya Ndiaye. A cinquante mètres  du “Tata“, est construit la poste coloniale, qui, était un lieu de dépôt pour les missives du Gouverneur de Saint Louis.

Ce village qui se modernise peu à peu par la présence de la Gendarmerie Nationale dont les locaux sont en construction, une sous-préfecture, un Collège d’Enseignement Moyen (CEM), une École Élémentaire et un Poste de Santé en état de vétusté très avancée. Que l’Etat, les fils du Djolof à l’image de Mansour Bouna Ndiaye, toutes les âmes de Yang-Yang conjuguent leurs efforts pour l’émergence de la dernière capitale du Djolof encore existante! Khatite, Thieng et autres capitales n’existent plus que de nom. Il faut signaler que Bouna Ndiaye, après le départ de son père en exil au Niger, a été déporté en France où il a fait ses premières humanités. De retour au Sénégal, en tant qu’administrateur de renom, avait fait construire le chemin de fer Louga-Linguère avec les moyens de bord. Mieux, il a creusé des puits pour les populations qui couraient derrière le liquide précieux qu’est l’eau. Et cela lui a valu jusqu’à présent du folklore élogieux. Bouna Alboury NDIAYE gît dans un mausolée soigneusement édifié dans une mosquée de Thielly-Nord à Linguère.

Masse Ndiaye, correspondant permanent à Linguère

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here