« Les seules logiques véritablement bonnes servent à ceux qui peuvent s’en passer, dit d’Alembert. À travers un télescope, les aveugles ne voient rien. »
Tout récemment, je publiais un article et je demandais l’avis des concitoyens pour prendre une décision. Des lecteurs ont réagi, qui pour me confondre, qui pour se confondre en politesses mêlant suggestions et invites. Les arguments de chacun d’entre sont une valeur ajoutée à mon analyse ; elles n’en constituent pas pour autant une balise. Je veux dire que toutes les réactions collectées ne me guideront pas dans la voie à suivre pour ce referendum du 20 mars 2016. Je me décide !
Amis du Sénégal, gens de bien, en votant pour le Président Macky SALL en 2012, je ne me focalisais pas sur la durée de son mandat. D’abord, j’étais devenu allergique au régime du Président WADE que je ne tolérais qu’à condition de l’oublier. Ensuite, j’avais vu en Macky SALL un homme juste, honnête, dévoué et ambitieux. Un légaliste faisant preuve d’un rigorisme politique jamais égalé et d’un puritanisme sans précédent à chaque fois que la situation l’exige. Les légitimistes, c’est-à-dire « les partisans d’une dynastie, d’un souverain considérés comme seuls légitimes » (Le Grand Robert) ne lui ont jamais toléré la force de son âme qui l’oblige à suivre les règles édictées. Voilà la raison qui fonde l’ostracisme et la proscription dont il a fait l’objet avant de prendre le pouvoir.
Je m’étonne que certains soient étonnés de voir Son Excellence le Président Macky SALL se conformer à une norme, aux règles juridiques. C’est le contraire qui m’aurait épaté. Quelle attitude aurions-nous eu si le Président avait dit : « J’ai décidé de ne pas RESPECTER l’avis ou la décision du Conseil » ? N’allez pas me dire que nous aurions applaudi à tout rompre. Applaudir un Chef d’Etat agissant ultra vires ? Se délecter de ce qu’un président d’un pays ayant pour devise « un peuple –un but – une foi » se dresse contre la Constitution qui est placée au sommet de la HIERARCHIE des normes ? Le Président n’est que le Gardien de la Constitution et non le propriétaire. La Constitution appartient au peuple et le Conseil Constitutionnel qui en est le GARRANT examine la conformité à la Constitution des lois organiques et des règlements de notre Assemblée. Le Conseil Constitutionnel vient de se prononcer sur la constitutionnalité d’un projet qui lui a été soumis par Son Excellence le Président de la République. Ce dernier, il faut le rappeler, n’a pas demandé au Conseil de dire si oui ou non il est obligé de réduire son mandat mais plutôt d’opérer un contrôle juridictionnel a priori pour voir si son projet de loi respecte la constitution. Son Excellence, en Homme d’Etat, a bien compris que le contrôle de constitutionnalité a pour « objet de garantir la suprématie de la Constitution en annulant, ou en paralysant l’application de tout acte…qui lui serait contraire » (Michel de Villiers). Aujourd’hui, curieusement, certains sont en train de nous faire croire que Le Président de la République devrait être au-dessus de la Charte Fondamentale. Ils oublient qu’au cœur de toute constitution, est le principe de l’Etat de Droit qui n’est rien d’autre que l’existence et le respect de règles qui s’appliquent à tous les segments sociétaux. Le non-respect de ce principe ouvre la voie à l’instabilité et à la dérive. Le « pays de l’Oncle Senghor » est un beau pays. Honni soit qui mal y pense !
Face à la non applicabilité du quinquennat au mandat en cours, certains défendent urbi et orbi que (le Président) Macky SALL doit respecter sa parole sous prétexte que l’éthique, le respect de la parole donnée occupent une place en politique. Quelle parole ? C’est le Président Macky SALL qui nous intéresse et non le candidat à une élection qui a fait part, à l’entre-deux tour -et non dès le premier tour- (allez chercher les raisons…) de sa volonté de réduire de deux ans son mandat s’il était élu. Le mandat n’appartient pas au Président (mandataire) ; il lui a été donné par le peuple (mandant). A l’époque, personne ne s’était intéressé à la déclaration de Macky SALL (candidat) pour le rectifier. On a attendu qu’il soit président pour soulever le débat. C’est dire que la parole du Président a plus de valeur que celle du candidat. La parole du Président peut être évaluée mais elle ne saurait être dévaluée. Elle n’a de valeur que si elle respecte la Constitution. Dans son message à la Nation à l’occasion de Nouvel An, Son Excellence avait clairement dit : « Conformément à l’article 51 de la Constitution, je recueillerai, au préalable, l’avis du Président de l’Assemblée Nationale et celui du Conseil Constitutionnel. » Je demeure convaincu que, si l’acte rendu par le Conseil était favorable à la réduction du mandat en cours (parce que conforme à l’esprit de la Constitution), le Président de la République l’aurait suivi. Mes chers compatriotes, Macky SALL est devenu une Institution (Président, Chef de l’Etat). Par conséquent, son « éthique de conviction » ne peut plus primer sur son « éthique de responsabilité ». Je ne l’attends plu sur le terrain de la morale intrinsèque qui l’animait dans sa vie de famille. Je dirai avec Anatole France que « Pour travailler utilement au bonheur des hommes, il faut être supérieur à toute morale. » Tant mieux si la morale qu’on prône est conforme aux lois édictées. Quelle que soit la conviction du Président, si elle s’écarte du cadre légal, des normes juridictionnelles, elle doit être rejetée. C’est le cas, aujourd’hui, avec sa volonté toujours soutenue de réduire le mandat en cours. S’entêter à tourner le dos au Conseil Constitutionnel ferait de lui un tyran, un usurpateur du pouvoir souverain. Le peuple s’y opposerait ! En république, le peuple désigne l’ensemble des personnes soumises aux mêmes lois ; s’il désigne la totalité de la nation, c’est en tant que sujet de droit.
Amis du Sénégal, gens de bien, ne nous laissons pas enfermer dans le cercle réducteur de ce débat autour de la décision ou de l’avis (liant ou déliant) du Conseil. Nous sommes UN PEUPLE et devons être de bonne FOI. S’il est un BUT à viser, c’est l’intérêt supérieur de la REPUBLIQUE dont les institutions peuvent être réformées pour « assoir la bonne gouvernance et consolider la démocratie et l’Etat de droit» (J’ai cité Son Excellence). Ce referendum n’est pas pour le Président Macky SALL, il est celui du peuple, seul souverain. Ce referendum n’est pas l’affaire des pros du Droit qui nous enchainent dans des interprétations rocambolesques. Il n’est pas non plus l’apanage de fans qui ignorent la République pour ne regarder que leur idole. Experts comme profanes, nous sommes tous interpelés. Son Excellence n’impose rien ; il propose. C’est la voix du peuple qui lui dictera la voie à suivre. La voix du peuple n’est pas synonyme de suffrage unanime ; elle est celle de la majorité dans toute démocratie. J’ai pris la décision de faire partie de cette majorité qui dira oui aux reformes proposées par Son Excellence. Les « NONistes » disent non à l’Etat de droit ; ils disent oui à l’instabilité. Dieu fasse qu’ils se ressaisissent vite pour ne pas rater cet important rendez-vous avec l’histoire politique de notre pays. Evidemment « à travers un télescope, les aveugles ne voient rien » !
Oui aux réformes prônées par Son Excellence
Un Président Courageux, juste et Démocrate
Imbu de sentiments Républicain et Responsable
Moussa NDIAYE, Maire de Thiamène-Pass