Mahammed Boun Abdallah Dionne, Amadou Ba, Abdoulaye Daouda Diallo, Aly Ngouille Ndiaye, Abdoulaye Diouf Sarr. Sauf surprise, une de ces quatre personnalités devrait défendre les couleurs de Benno Bokk Yakaar lors de la prochaine présidentielle. Les quatre premiers cités ont déjà été auditionnés par Moustapha Niasse, chargés par Macky Sall de faire un rapport sur la procédure, en attendant Diouf Sarr ce mardi. Seneweb dresse le portrait des prétendants au fauteuil de Macky Sall.
Mahammed Boun Abdallah Dionne
Premier à avoir été reçu par Moustapha Niasse, l’ancien Premier Ministre dont la loyauté et l’effacement derrière le Président Macky Sall ne sont plus un secret pour personne, a plusieurs avantages : un des plus anciens collaborateurs de Macky Sall partout où il est passé, compagnon de fortune qui a été quasiment dans toutes les réflexions politiques de la mouvance présidentielle et du Plan Sénégal Emergent (PSE).
Homme de confiance, compagnon politique et intellectuel du Président Macky Sall, Mouhamed Boun Abdallah est un technocrate ingénieur-économiste compétent et homme d’État.
Diplômé en 1983 de l`Institut d’informatique d’entreprise (IIE alors rattaché au Conservatoire national des arts et métiers), grande école d`ingénieurs devenue l`École nationale supérieure d`informatique pour l’industrie et l`entreprise (ENSIIE rattachée aux Mines-Télécoms). Il est également titulaire d`un diplôme de troisième cycle en Économie internationale et Globalisation, spécialité Politiques économiques et sociales de l’université de Grenoble. Il a participé à de nombreuses formations organisées conjointement par la Banque Centrale des États de l`Afrique de l`Ouest BCEAO et l`Institut du fonds Monétaire international.
Il incarne aussi un profil pour poursuivre l’œuvre du Président Macky Sall, car il est déjà dans la philosophie de la gouvernance pour avoir été Ministre en charge du PSE, puis Premier Ministre pendant 5 ans.
Un fédérateur politique et social engagé, Mouhamed Boun Abdallah Dionne a été sans conteste un des artisans clés de la victoire au référendum de 2016, aux législatives de 2017 (125 députés sur 165) et à l’élection présidentielle de 2019. L’homme est respecté et apprécié dans tous les foyers religieux, mais aussi par la société civile, les syndicats, le secteur privé.
Moderne et parfaitement bilingue, il maîtrise les rouages de la finance internationale et va rassurer les investisseurs nationaux et internationaux. Pour relancer l’industrialisation du pays, il est le mieux placé ayant été Directeur de l’Industrie au Sénégal et Directeur Afrique de l’ONUDI, l’agence des Nations unies qui appuie les pays en développement pour l’industrialisation. S’il s’entoure de plus de jeunes compétents, il pourra faire une excellente offre à notre jeunesse en s’appuyant sur les politiques et programmes du PSE.
Amadou Ba
Amadou Ba dispose d’un solide crédit amassé tout au long d’un parcours riche : Directeur des Impôts et Domaines, Ministre de l’Économie et des Finances où il a piloté les débuts du Plan Sénégal Émergent, chef de la diplomatie sénégalaise. L’actuel Premier sera-t-il un dauphin du chef de l’État ? Beaucoup le présentent comme le choix le plus logique. Pourtant, l’homme semblait avoir perdu la cote auprès du Président après son départ du gouvernement en 2019, mais il semble qu’il soit revenu en grâce comme en témoigne ses récents rôles dans l’état-major électoral de Benno Bok Yakaar aussi lors des locales que les législatives. Il faut relever que pendant cette période de vaches maigres, l’ex-Directeur des Impôts et domaines, personnage discret, ne s’est pas répandu dans la presse en jérémiades, lamentations, piques contre son leader. L’homme dispose d’une solide expérience gouvernementale : ministre de l’Économie et des finances de 2013 à 2019, puis des Affaires étrangères jusqu’au remaniement du 1er novembre 2020.
Avant cela, il fut ancien élève de l’École nationale d’administration et de magistrature (Enam), sorti de la prestigieuse section « Impôts et Domaines », il gravit les échelons de l’administration fiscale et atteint le poste de directeur des impôts en 2004. Deux ans plus tard, il prend la tête de la Direction générale des impôts et des domaines (Dgid), position qu’il occupe pendant près de sept ans. À ce poste, il supervise la rédaction et la mise en oeuvre du nouveau Code général des impôts, en vigueur depuis janvier 2013.
À l’avènement de Macky Sall, il est intronisé ministre de l’Économie puis chef de la diplomatie. Amadou Ba a aussi épaissi sa stature d’homme politique au fil des ans. Lors des élections législatives de 2017, c’est sur lui que le Président de la République s’est appuyé pour conduire la liste BBY dans le département de Dakar. Une mission menée avec succès puisque la majorité a gagné le scrutin dans la capitale sénégalaise avec plus de 114.000 voix, contre près de 112.000 voix pour la coalition dirigée par Khalifa Sall. Rebelote lors des dernières locales, avec moins de succès cependant.
La réussite d’une coalition politique repose souvent sur la capacité de son leader à forger des alliances et à rassembler différents partis et acteurs politiques. Amadou Ba a démontré cette aptitude en travaillant avec succès au sein du gouvernement et en collaborant avec diverses forces politiques pour atteindre des objectifs communs. Sa capacité à construire des ponts et à créer des synergies serait un atout précieux pour maintenir l’unité de la coalition Benno Bokk Yaakaar qui, de l’avis de nombreux observateurs, serait au bord de l’implosion. De plus, son bon relationnel avec les principaux foyers religieux renforce sa position et sa capacité à mobiliser un large soutien.
Abdoulaye Daouda Diallo
Après le départ d’Abdoulaye Daouda Diallo du gouvernement avec l’arrivée de son rival Amadou Ba comme Premier ministre, Seneweb affirmait que malgré le retour en force de Ba, Diallo était loin d’avoir perdu la bataille pour la succession de Macky Sall. Sa nomination à la tête du Conseil économique, social et environnemental (Cese), suite au départ d’Idrissa Seck, a confirmé cette affirmation.
En vérité, Abdoulaye Daouda Diallo est l’un des plus proches parmi les hommes de confiance de Macky Sall, pour ne pas dire le premier. Il est l’ami du président, comme disent certains. De tous les ténors dont les noms sont évoqués pour succéder à Macky Sall, il est le seul à n’avoir jamais connu la disgrâce. Ministre depuis l’arrivée de Macky Sall au pouvoir, il a connu plusieurs portefeuilles, mais n’a jamais quitté le gouvernement avant septembre 2022. Et lorsqu’il quitte celui-ci, c’est pour aller aux côtés du chef de l’Etat en tant que directeur de cabinet avant d’atterrir au fauteuil stratégique de président du Cese.
Ministre de l’Intérieur, Abdoulaye Daouda Diallo a organisé des élections législatives controversées en 2017 qui aurait dû lui valoir un départ du gouvernement. Mais même lorsque Macky Sall s’est rendu compte qu’il ne pouvait plus le garder à la place Washington, il l’a conduit au ministère des Transports terrestres.
Mais c’était pour mieux préparer sa promotion. En effet, Abdoulaye Daouda Diallo quitte le volant du ministère des Transports pour prendre la mallette du stratégique ministère des Finances et du Budget. L’histoire se répète encore avec sa nomination comme président du Conseil économique, social et environnemental. Abdoulaye Daouda Diallo prend encore de l’envergure et il pourrait devenir incontournable, avec la décision de Macky Sall de ne pas se présenter à l’élection présidentielle de février 2024.
Ancien Directeur administratif et financier de Dakar Dem Dikk (il sera introduit chez Wade par Christian Salvy), il a connu la chasse aux sorciers pour ne pas dire la ‘’démackysation’’ à l’Ipres. De Secrétaire général de l’Institut en 2008, il a été rétrogradé au poste d’adjoint au chef de Centre de Dakar plateau 1 (DP1) et Chef de bureau de recouvrement des Professions libérales entre 2009 et 2012.
Son parcours depuis l’arrivée de Macky au pouvoir semble confirmer cette thèse de l’amitié et de la fidélité, tant la confiance du président à son égard semble sans faille.
Un des atouts qui font sa force est aussi la mesure. L’homme ne s’est jamais rendu coupable d’invective ou d’injure sur le terrain politique. Son discours est politiquement correct, sa gestuelle mesurée.
Aly Ngouille Ndiaye
Il est un«A» bien inscrit sur la liste des dauphins D’aucuns disent qu’il pourrait être la «solution» à la Présidence.
Victime de la purge du 1er novembre 2020, Aly Ngouille Ndiaye est revenu aux affaires dans le nouveau gouvernement où il dirige le département de l’agriculture. L’ancien banni qui a pris sa revanche sur le parti, en gardant son fief Linguère (où il règne en maître depuis 2012) dans l’escarcelle du pouvoir, est un prétendant sérieux à la succession de Macky Sall. Membre fondateur de l’Alliance pour la République (Apr), le prince du Djolof n’a pas à rougir devant qui que ce soit pour avoir siégé dans le cercle le plus restreint de ce parti. Mais aussi, pour avoir occupé des postes de prestige dans le gouvernement.
Si son éviction du gouvernement, le 1er novembre 2020, a eu l’effet d’un couperet, le Linguérois a pu rebondir seul et remonter la pente jusqu’à revenir au sommet grâce à ses résultats aux dernières élections locales et législatives. Homme de conviction, l’ancien ministre de l’Intérieur s’est toujours gardé loin du débat sur le troisième mandat du président Macky Sall.
S’il a eu des divergences avec le président Macky Sall, c’est parce qu’il avait affiché ses ambitions. Aujourd’hui que le champ est libre, le polytechnicien est présidentiable. Il a l’étoffe, la carrure et le parcours nécessaires.
Natif de Linguère, au cœur du Djoloff, Aly Ngouille Ndiaye est ingénieur en génie civil diplômé de l’école Polytechnique de Thiès (promotion 1983-1988). Brillant élève, il complète sa formation à l’Institut de Technologie de l’Illinois à Chicago (USA) où il obtient un diplôme de troisième cycle en finance.
Ancien directeur de crédit à la Banque de l’Habitat du Sénégal (BHS), fils d’un ancien Maire de Linguère (feu Ibra Ndiatté Ndiaye), Aly Ngouille est réputé rigoureux, compétent et jouit d’une bonne réputation.
A la tête du Mouvement pour la renaissance du Djoloff, il apporte son soutien à la coalition Macky 2012. Il réussit avec l’aide d’autres responsables politiques à faire couler le navire libéral dans le département de Linguère.
Abdoulaye Diouf Sarr
Et si le nouveau Directeur du Fonds Souverain d’Investissements Stratégiques (FONSIS) créait la surprise ? Abdoulaye Diouf Sarr a été très peu cité jusque-là parmi les favoris au dauphinat. Mais contrairement à ses concurrents, lui a clamé publiquement son ambition de succéder à Macky Sall.
M. Sarr dispose d’une solide expérience. Il a occupé les fonctions de Directeur des Ventes et des Achats, Directeur Administratif et Financier et de Directeur Général dans plusieurs structures avant d’être appelé à servir au niveau du Gouvernement du Sénégal comme Ministre du Tourisme et des Transports aériens (Juillet 2014 – Juillet 2015), Ministre de la Gouvernance locale, du Développement et de l`Aménagement du Territoire (Juillet 2015 – Septembre 2017) et Ministre de la Santé et de l’Action Sociale (Septembre 2017 – Juin 2022). est devenu, par la force des choses, le visage le plus familier des Sénégalais parmi les ministres. L’épidémie de coronavirus est passée par là. Néanmoins son parcours à la tête de ce département a été entaché par des scandales, notamment l’incendie à l’hôpital de Tivaouane lors duquel onze bébés sont décédés. Un drame qui lui a valu son limogeage du gouvernement.
Nonobstant cet impair et son échec dans la conquête de la mairie de Dakar, M. Sarr a également occupé des mandats électoraux. Il a été Maire de la ville de Yoff de juillet 2014 à janvier 2022 et a occupé le siège de Député et 1er Vice-Président de l’Assemblée nationale de septembre 2022 à mai 2023.