Devant le phénomène du déguerpissement des marchands ambulants des grandes artères de la ville de Dakar, l’agence nationale d’appui aux marchands ambulants semble donner des signes d’impuissance en termes de propositions concrètes conformément aux missions qui servent de bases légales à son fonctionnement.

Cette agence comme tout le monde le sait, est le résultat entre autres de la mémorable insurrection des marchands ambulants et ceux qui sont assimilés comme tels en 2009  transformant la capitale en un champ de bataille comparable à l’intifadah dans les territoires palestiniens occupés.Bras de fer à leur avantage car devant la furie irrésistible de ces jeunes aux actions bien coordonnées et bien ciblées, le pouvoir d’Etat a vite fait de capituler avec comme conséquence le quitus donné à eux de continuer à officier sur la voie publique avec encore plus de désinvolture et d’indiscipline citoyenne.Wade , président de la république de l’époque, en stratège qu’il est et à l’égo hypertrophié qu’on lui connait , a cherché à transformer ce camouflet  que beaucoup d’analystes déjà voyaient comme étant le chant du cygne d’un régime qui commençait à faire naître dans  l’esprit de nombreux sénégalais dégoût et surtout désillusion, tant l’espoir placé en 2000 en son chef était grand.C’est en réaction « positive » à ce signal un peu trop musclé de ces vendeurs à la sauvette qu’il a décidé de la création de l’Agence Nationale de la Sédentarisation des Marchands Ambulants (ASMA) avec comme mission nodale  de trouver des sites de recasements à ces damnés à l’esprit entreprenarial bien trempé malgré quelques déficits de civisme qu’on leur reconnait.En son temps, beaucoup avaient interprété cette trouvaille expéditive comme une volonté manifeste de capter politiquement cet électorat qui pouvait valoir son pesant d’or dans la perspective des  joutes fatidiques des élections locales de 2009 dont les résultats allaient de façon certaine servir  de situation de référence robuste pour les échéances présidentielles de 2012.La suite,tout le monde le sait .Macky Sall a été largement choisi ,plébiscité j’allais dire pour déconstruire le socle de mal gouvernance installé par Wade et ses ouailles  tout au long de ses 12 longues années de règne ,et ensuite restaurer la gouvernance d’Etat dans ses grands principes tels que clairement déclinés dans sa vision politique de « YONNU YOKKUTE ».Parmi les premières mesures prises,figure l’audit très stratégique des structures publiques  pour jauger leur degré de pertinence et rationalité pour la prise en charge effective des préoccupations des citoyens et du coup restaurer la confiance de ces derniers dans les institutions républicaines.Contre l’attente de beaucoup , l’ASMA a survécu dans cet short list de structures retenues pour continuer à fonctionner mais avec un petit réaménagement  dans la structuration de ses missions.Ainsi au lieu   de mettre le focus dans la sédentarisation, elle devra surtout développer des stratégies et des politiques dans le sens de créer de nouvelles opportunités d’affaires à tous ces jeunes en leur permettant au besoin de se recycler dans de nouveaux secteurs à fort potentiel de valeur ajoutée comme l’agriculture, la pêche , les services etc… La simple lecture du décret créant et organisant l’agence donne une idée des nombreuses possibilités institutionnelles et juridiques qu’elle a en termes de signature de convention de partenariat avec soit d’autres structures publiques de l’Etat comme l’Office national pour la formation professionnelle (ONFP) pour le renforcement des capacités des marchands préalablement organisés en associations et groupements,mais aussi avec les partenaires techniques et financiers (ptf) qui développent une sensibilité à toute épreuve pour tous  projets favorisant  l’ insertion  socio économique des jeunes, gage de lutte contre la pauvreté et la précarité.Cette prospection de nouveaux créneaux par le biais du partenariat stratégique  est d’autant plus utile qu’elle permettrait à la structure de garantir sa viabilité  institutionnelle et sa durabilité par la captation de nouvelles ressources surtout en ces périodes de grande tension  dans les finances publiques de l’Etat. L’agence pour justifier la pertinence à la base de sa création conformément au nouveau schéma directeur portant réorganisation des structures publiques élaboré par la Direction à la réforme de l’Etat et à l’assistance technique(DREAT), soumis et validé par l’Etat du Sénégal doit ouvrir par la modalité du partenariat un énorme chantier de structuration des activités des marchands en les accompagnant vers la mise en place petites et moyennes entreprises et ainsi accroître leur contribution à l’élargissement de notre assiette fiscale,pilier essentiel de notre équilibre budgétaire, principal levier de notre développement économique et social.Voilà autant   de niches que l’agence pourrait  explorer et exploiter pour ainsi impacter de façon positive et déterminante à la vie économique et sociale de notre pays.Le phénomène des marchands ambulants fait partie de ce qu’on peut appeler les problématiques émergentes, sorties des flancs des nombreuses contradictions et dysfonctionnements dans notre ordre social et sociétal.Ainsi,c’est faire preuve de l’angélisme que de ne pas les prendre à bras le corps.Nous pouvons nous onerguellir aujourd’hui d’avoir des autorités à la sensibilité bien  trempée par rapport à  ce fait de société bien partagé par toutes les grandes métropoles en Afrique, et qui se positionne certes comme une menace ,l’exemple en a été donné dans une histoire récente, mais pouvant glisser en une opportunité s’il est bien géré et bien pensé . Les outils et autres approches pour le faire existent à suffisance.Il suffit aux responsables de l’ANAMA de faire preuve de beaucoup plus d’ingéniosité en exerçant leurs capacités heuristiques avérées sur la base de la solidité de leur ancrage à la fois institutionnel et juridique pour relever les défis et justifier les énormes attentes que le Chef de l’Etat a placées en cette structure avec des moyens conséquents .A cette lumière,  les gestionnaires de cette entité ont l’obligation de transformer absolument en « out put » tout ce capital d’investissement  pour une transformation positive de cette cible ,signe manifeste de l’émergence d’une nouvelle mentalité en quête de coudées franches et d’autonomisation par rapport à la culture de l’Etat prométhéen du tout début des indépendances.Les études sur leur identité ont révélé que la plupart d’entres sont issus du monde rural qui de décapitalisation en décapitalisation du fait d’une filière arachidiere systématiquement déstructurée par le pilotage à vue de l’ancien régime qui servait aux paysans ce cheval de troie qu’est la GOANA ( Grande offensive pour l’Agriculture et la Nourriture en Afrique), ont fini de se convaincre d’aller s’installer en ville au nom d’une survie économique pour laquelle la perspective semble être offerte par les grandes artères de sandaga.Il y a une énergie positive certaine chez ces jeunes qu’il suffit tout juste de canaliser et d’accompagner pour en tirer   le meilleur parti.Cette question étant transversale, toutes ses parties prenantes doivent se sentir impliquées pour sa solution durable.Il est vrai que la Mairie de Dakar est interpellée au premier chef,mais doit travailler à la mise en place d’une plate forme multi acteurs de prise en charge pour enclencher et développer une synergie positive autour de cet enjeu sans calcul d’aucune sorte.Toute préconisation de réponses doit être précédée d’une bonne communication qui n’est certes pas l’action mais en constitue un adjuvent certain .J’estime qu’il y a de ces  questions dont l’acuité avec laquelle ils se posent,n’autorisent pas qu’un traitement politicien leur soit appliqué.Il y a un temps et une séquence pour chaque chose, c’est le moment de l’action et non de l’agitation. L’intérêt superieur de notre pays tel que bien condensé dans la vision politique « yonnu yokkuté » nous le rappelle comme une mission sacerdotale !
 
Youssoupha cobar
Youssouphacobar @yahoo.fr comme

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