Les nouvelles autorités semblent décidées à donner à notre enseignement supérieur la place qui est la sienne dans le dispositif stratégique et opérationnel de construction de notre pays.En atteste la mise en place de cette plate forme de concertation sur son avenir, qui est à la fois un instrument de diagnostic mais aussi de propositions en termes de réadaptation et de réorientation composée de personnalités dont l’expertise en la matière est simplement un truisme pour le plus sceptique d’entre nous.

Dans les conclusions et recommandations de cet task  force semble manqué un déterminant de taille dont la non prise en charge pourrait faire que le traitement appliqué se révélera inefficace et inefficient pour un enseignement supérieur en congruence avec les défis modernes de notre société : la langue d'enseignement , le français! Les linguistes et autres ethnologues ont depuis des décennies donné la preuve scientifique que la langue est le véhicule de toute culture et dans une perspective plus large de toute civilisation.Le fait de vouloir travailler à l'impulsion d'un enseignement universitaire auquel notre développement sera remorqué sans véritablement cerner avec toute l'attention requise la langue d'enseignement, handicap certain pour la plupart des étudiants  fréquentant nos amphithéâtres ( il suffit de les écouter s'exprimer) relève d'une certaine naïveté , tare que la science n’intègre pas dans son domaine de définition et de compétences comme tout le monde le sait.Par rapport à ce dilemme deux possibilités s'offrent à nous; soit aller dans le sens de développer de véritables programmes de renforcement des capacités de nos apprenants en étendant l'enseignement de la grammaire et de l'expression syntaxique au niveau supérieur pour leur permettre d'avoir une maîtrise beaucoup plus fine de cette langue en perte de vitesse même à Paris ,ou alors prendre l'option politique courageuse de rompre définitivement les amarres avec ce médium trop inhibiteur de notre génie propre en ne la positionnant plus comme le centre névralgique dans le dispositif de transmission des savoirs et des connaissances.Il est d'ailleurs fort à propos de rappeler, ici ,les propos qui me reviennent en mémoire et qui avaient  été ,justement, tenus  par l’actuel coordonnateur   de cette concertation , le brillantissime    professeur SBD, à l'occasion d'un micro trottoir organisé  dans l’ antre même du temple du savoir peu avant sa «  fuite intellectuelle » chez le pays de Obama, il disait à peu prés  ceci  que  l'échec  à l'université est du au fait que les étudiants, variable centrale dans les interactions enseignement apprentissage se battent sur deux fronts , le front d'abord de la maîtrise du français, langue dans laquelle les enseignements sont transmis, mais aussi sur  celui des contenus proprement dits où il est exigé de lui qu’il exerce sa propre capacité heuristique  pour  s’en sortir.Il est aisé dans ces conditions de comprendre vite pourquoi nos braves s’essoufflent au moment de passer les examens jusqu'à tomber dans les tunnels sombres et tortueux de l'échec et de la désillusion.Je n'ai rien contre le français qui est une langue à vocation universelle disait le maître dans l'aventure ambiguë, mais Leon laleau, prolixe poète haïtien avait déjà alerté l'opinion sur le caractère inapproprié de cette langue pour exprimer nos potentialités intrinsèques  nourries par un savoir faire et un savoir être surtout nous venant de notre propre environnement d’où sont secrétés  des défis à la réponse desquels, nous construisons lentement mais sûrement ,notre propre système de pensée et de réflexion sui generis dans son identité   . Car si nous nous exprimons en français, nous sentons et pensons en woloff , bambara   ou swali, et notre pensée s'en trouve trahie.Il intitulait justement ce poème Trahison: "Ce cœur obsédant sur lequel mordent comme un crampon des sentiments d'emprunt et des coutumes d’Europe, sentez vous ce desespoir à nul autre pareil d'apprivoiser avec des mots de France ce cœur me venant du Sénégal".Pour dire simplement qu'une concertation sur l'enseignement supérieur, pour être efficace ,et déboucher sur des résultats probants  pouvant le réorienter vers des objectifs et des finalités qui traduits lui permettraient tout bonnement d'emprunter les sentiers de la performance, doit intégrer pour son suivi et évaluation des indicateurs autres  que ceux exclusivement quantitatifs et économiques.Même si l'économie disent les économistes est la sphère déterminante dans la construction sociétale. Aujourd'hui, vu la complexité des défis qui interpellent nos sociétés dans leur transformation et leur devenir, l'heure est arrivée dans toutes les dynamiques de réflexion de passer des paradigmes déterministes à des paradigmes interactionnistes  pour une obtention optimale et durable de résultats.La viabilité et la vitalité  de nos pays sont à ce prix !!!  

 

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