Il était d’usage, dans la période antéislamique, pour bon nombre de polythéistes, d’enterrer vivants leurs nouveau-nés, principalement les enfants illégitimes, ou les filles, qui constituaient pour certains païens, un déshonneur. L’infanticide, qui était une banalité dans ces âges obscures, était le sort irrémédiablement réservé aux enfants illégitimes, qui n’en étaient pas moins considérés comme «juridiquement innocents», et étaient recueillis par la communauté musulmane, qui les adoptait. «Ne tuez pas vos enfants par crainte de pauvreté; c’est Nous qui leur attribuons leur subsistance, tout comme à vous» (Sourate 17 Al Isra, Le Voyage Nocturne, verset 31). «Tuer» devant être compris dans une large acception, consistant à ôter la vie aussi bien à un enfant déjà né qu’à un fœtus. Car l’Islam considère le fœtus comme un être humain à part entière, dés l’instant que l’Ange a insufflé le «Ruh» (l’âme), le souffle divin, dans l’ovule fécondé de la mère. Et un Hadith authentique du Prophète Mouhamed (rapporté par l'Imâm Mouslim) précise que c’est après 42 nuits de grossesse (6 semaines) que l'embryon reçoit la visite de l’Ange, chargé d’opérer le «taswîr» (modelage) de l'embryon, pour la formation de ses organes sensoriels.
L’Islam n’admet la pratique abortive qu’en cas de nécessité absolue, notamment lorsque la grossesse est de nature à mettre en péril la vie de la mère. Ce, en vertu de ce principe de base en Islam qui veut que lorsqu'on se voit obligé de choisir entre deux maux il soit admis d’opter pour le moindre des deux. En l’occurrence, s’il est médicalement attesté que la gestation est périlleuse pour la vie de la mère, l’Islam considère la mort de celle-ci comme une perte beaucoup plus grande pour la société que celle du fœtus. Aussi recommande-t-elle de tout mettre en œuvre pour préserver la vie de la mère.
Il n’est donc pas étonnant que notre pays, constitué dans son écrasante majorité de musulmans (95%), ait souscrit, à travers sa loi relative à la santé de la reproduction et à son Code pénal, à cet axiome, auquel adhère également le Code de déontologie de nos médecins, qui stipule qu’«Il ne peut être procédé à un avortement thérapeutique que si cette intervention est le seul moyen susceptible de sauvegarder la vie se la mère».
Que signifie, par conséquent, cette singulière agitation de ces organisations féministes, regroupées sous le label de «Task force», manœuvrant tous azimuts, notamment par le biais d’une pétition en ligne pour, disent-elles, convaincre notre institution parlementaire de la nécessité de légaliser la pratique de l’avortement au Sénégal ? Leur cheval de bataille ? Voler au secours «des filles en détresse, tombées enceintes consécutivement à un viol ou un acte incestueux».
L’Organisation islamique JAMRA et l’Observatoire de veille et de défense des valeurs culturelles et religieuses Mbañ Gacce considèrent que cette initiative de «Task force» est une négation du droit à la vie, une promotion de l’avortement comme moyen de contraception, une porte ouverte au vagabondage sexuel ! Si leurs manœuvres venaient à aboutir, n’importe qu’elle fille, au détour d’escapades coupables, pourrait s’engouffrer dans cette brèche, se victimiser en prétendant avoir été violée, alors qu’il en est rien ! Et, du coup, se faire une complice attitrée du meurtre d’un innocent à qui, en connivence avec son avorteur, elle aura injustement fait payer une turpitude d’adultes consentants ! Lesquels ne seront paradoxalement pas inquiétés par la loi. C’est injuste !
Ce serait faire preuve d’une légèreté manifeste que de vouloir inclure dans un plaidoyer les cas de ces monstrueux infanticides – se produisant régulièrement dans l’omerta des chaumières ou recensés mensuellement sur la décharge de Mbeubeusse – comme étant tous le fruit de viols ! «Task force», gagnerait à aller chercher des arguments autres que cette généralisation insidieuse, simpliste, dépourvue de toute rigueur scientifique. Ces organisations féministes devraient plutôt s’évertuer à réunir les moyens d’un accompagnement bienveillant, plus humain, jusqu’à l’accouchement, de ces malheureuses femmes victimes d’agressions sexuelles, suivies de grossesse, plutôt que de leur baliser la route leur permettant de mettre, légalement, un terme à la vie de leur futur enfant.
Si ces filles en détresse morale, du fait d’une grossesse socialement considérée comme «scandaleuse», ne veulent pas, malgré tout, de leur progéniture, elles mériteraient d’être encadrées et soutenues dans la discrétion afin qu’elles puissent en faire don aux orphelinats («La Rescousse» de la Sicap ou «Les Sœurs Franciscaines» de la Médina) – auxquels l’Etat devrait consentir une aide conséquente, pour un meilleur accompagnement de ces enfants abandonnés qui, après tout, sont, comme nous, partie intégrante de la communauté humaine, laquelle considère, à juste titre, toute vie comme sacrée, en tant que don de Dieu.
La pesse européenne a récemment fait état, le 20 septembre dernier, d’une confession émouvante qui eut pour cadre le Vatican. Le médecin italien, Antonio Oriente, célèbre gynécologue-avorteur, vice-président de l'Association des obstétriciens catholiques d'Italie, matérialisait son repentir, lors d’une audience que le nouveau Pape François accordait à des médecins catholiques. Il a déposé au pied du chef de l’Eglise catholique romaine sa demi-douzaine d'instruments chirurgicaux de mort, dont il s’est servi durant 30 ans, pour pratiquer des avortements. Le Pape dénonça dans son discours « la mentalité généralisée de profit, et la culture du rejet qui asservit aujourd'hui tant de cœurs et d'intelligences et qui incite à éliminer des êtres humains, en particulier s'ils sont physiquement ou socialement plus faible». L’avorteur repenti précisa que par ce geste il n'incriminait personne, mais voudrait simplement appeler le mal par son vrai nom et contester de façon décisive cette culture de la manipulation sémantique qui veut faire d'un crime un droit».
Il s’y ajoute qu’il n’appartient pas à un quelconque «Protocole de Maputo» de régir les us et coutumes de la société sénégalaise, encore moins de réglementer l’exercice de sa foi religieuse, comme avaient voulu le faire, mais en vain, certaines organisations locales qui, dans un déplorable mimétisme pro-occidental, avaient voulu faire légaliser sur notre sol les unions contre-nature, en agitant un argumentaire similaire.
En réponse aux manœuvres de «Task force», qui sous prétexte de faire la promotion de l’«avortement médicalisé» risque d’ouvrir la boite de Pandore, l’Organisation islamique JAMRA et la trentaine de structures, d’obédiences diverses, regroupées dans l’Observatoire de veille et de défense des valeurs culturelles et religieuses Mbañ Gacce, vont reprendre leur bâton de pèlerin, pour une tournée d’information et de sensibilisation auprès des cités religieuses du pays, avec à la clé le lancement d’une contre-pétition à travers le Web. Cette campagne en ligne sera soutenue par le déploiement de nos relais régionaux, qui porteront des pétitions physiques à la sortie des lieux de culte (de nombreux Imams ont déjà leur accord), afin de démontrer à nos parlementaires – que «Task force» voudrait embarquer dans son aventure – que l’écrasante majorité des Sénégalais, imbus de sa foi religieuse, rejette toute dépénalisation de cette forme d’infanticide (en amont) qui ne dit pas son nom !
Post-scriptum : JAMRA a remis à l’administrateur du site "www.gawlo.net", notre partenaire Mansour Dieng de Îcone-magazine, la version française du célèbre court-métrage "Le Cri Silencieux" (ou l’échographie d’un avortement) de l’obstétricien américain Dr Bernard Nathanson. Il mettra incessamment en ligne ce saisissant document audiovisuel, dont JAMRA avait déjà consacré le 11e numéro du Magazine mensuel «JAMRA» de novembre 1987. Ce gynécologue-avorteur repenti y démontre scientifiquement, en temps réel, au travers de poignantes réactions de détresse d’un fœtus de sexe féminin de 12 semaines, que l’avortement est indiscutablement une agression mortelle contre un innocent, traqué, happé puis déchiqueté. Après s’être débattu, en vain, contre les funestes instruments de l’avorteur.
Dakar, le 08 décembre 2013
Imam Massamba Diop
Coordonateur national de
L’Observatoire "Mbañ Gacce"
Président exécutif de l’Organisation
Islamique Jamra – ongjamra@hotmail.com