Un nouveau cas de négligence médicale dans nos hôpitaux a emporté une petite fille de 4 ans. Son Papa, dans une lettre ouverte explique les faits qui lui ont valu la perte de sa chère fille et tacle les autorités sénégalaises. Voici le texte.
« Victime d’une brûlure le soir du 8 Décembre 2017 elle a passé sa première nuit de souffrance à la clinique avant d’être évacuée le lendemain matin à l’hôpital principal de Dakar au service de la pédiatrie. Rien de grave d’après les médecins donc inutile de l’isoler où de l’amener au service pour les brûlés car selon leur diagnostic, qui était faux des le départ, il s’agissait d’une brûlure au second superficielle à moins 20%.
Elle a passé là-bas ses 10 derniers meilleurs jours car c’est elle qui animée la salle des soins intensifs en faisant rire le personnel de soins et ses ‘amis’ enfants malades comme elle aimait les appeler.
Je me souviens qu’elle demandait toujours à ce qu’on partage son lait ou toute autre nourriture avec ses amis souffrants.
Le matin du 19 Janvier 2017 sa mère m’appelle pour me dire que Seynabou se plaint de ses douleurs chose qu’elle n’a jamais fait. Elle disait tout le temps Papa Maman ça va y’a rien ça fait pas mal mais ne regarde pas mon corps et ne me prend pas en photo et lorsque nous devions rentrer chaque jour nous lui faisions des prières et on l’entendait toujours dire amine. Quand sa maman a interpelé le docteur qui n’a vu l’étendu des lésions que 9 jours après son arrivée à l’hôpital, elle lui a dit que c’est normal car les plaies se cicatrisent. Chose qui n’était absolument pas vrai. Peu de temps après le docteur lui demande de revenir en urgence à la pédiatrie car Seynabou n’allait pas bien. C’est là qu’elle m’appelle pour la rejoindre à l’hôpital pour qu’on nous dise pour la première fois que son cas est grave et elle doit être admise en réanimation tout de suite.
Dix jours après c’est la première fois qu’on nous dit qu’elle ne va pas bien et nous montrer des photos prises il y’a trois jours comme si elle (le docteur) venait de faire son premier diagnostic.
C’est en réanimation qu’on nous a dit qu’elle souffrait d’une brûlure de troisième degré profonde pour l’essentiel.
Ma première question c’était de savoir pourquoi elle n’a pas était isolée à la pédiatrie, pour éviter les risques d’infections, pendant dix jours et pourquoi on ne l’a pas amené en réanimation depuis le premier jour car seul ce service dispose d’une salle pour les brûlés? La réponse se trouve dans le résumé médical de la pédiatrie qu’on refuse à la date de ce post de nous donner depuis le début.
Trois jours après un responsable de ce service nous demande de l’évacuer au Maroc ou en France pour une meilleure prise en charge. C’est à partir de ce jour là que je me suis dis le pays n’a pas rendu à Seynabou la monnaie de sa pièce.
Du premier ministre qui avait demandé au Général de l’hôpital de lui faire un point sur le cas Seynabou au portier de l’hôpital qui demandait tous les jours les nouvelles de la petite en passant par le ministre de l’intérieur qui la vue par coïncidence de ses propres yeux, le ministre de la santé qui nous avait accordé un rendez vous sans suite, au premier vice président de l’assemblée et au président du groupe parlementaire Benno a qui ont demandait juste un texto de rappel au premier ministre suite au rapport du Général qui avait demandé son évacuation, de la fondation servir le Sénégal qui avait appelé sa maman avec des promesses non tenues, tout le monde était au courant de la situation mais hélas le cas Seynabou ne présentait aucun avantage politique parce que c’était pas médiatisé. Merci à ceux qui ne sont ni du gouvernement, ni de l’assemblée, ni de la fondation servir le Sénégal, de simples privés mais HUMAIN et SENSIBLES à la situation, d’avoir accepté de le prendre entièrement en charge pour son évacuation. Pour quelqu’un qui devait être évacué le 26 Décembre 2017, nous avons trouvé des billets que pour le 9 Janvier 2018 avec tout le mal du monde malgré nos nombreuses relances faites à toutes ces autorités pour qu’ils nous trouvent enfin une solution d’urgence pour notre enfant tant aimé. Hélas aucune n’a pu satisfaire à notre demande. Des privées ont malgré leurs faibles influences essayé d’avoir des places qu’on a payé le 6 Janvier pour un départ le 9 Janvier. C’est avec un moral très fort que j’ai remis au médecin accompagnant (qui était en route pour une évacuation d’urgence des blessés de l’attaque de la Casamance de la veille avec le gouvernement) son billet le 7 Janvier à 13h pour ensuite monter voir Seynabou et c’est là devant la porte de réa qu’on nous a dit d’attendre car on n’est sur une urgence et à 13h30 on me dit qu’elle est morte d’un arrêt cardiaque suite à ses nombres infections.
Inalilahi wa inaa illayhi rajaoune donc je peux supporter cette douleur pour elle car elle n’a jamais baissé les bras elle s’est battue jusqu’au bout notre brave fille.
Les tontons et tatas de la « réa » comme elle les appelait peuvent témoigner de son courage pendant ses 30 jours de souffrance. La veille elle a demandé à ce qu’on la maquille et prendre des vidéos d’elle, ce qu’elle a toujours refusée, mais elle a tenu à nous laisser un bon souvenir d’elle.
Aujourd’hui c’est le troisième jour qu’elle passe à la morgue de l’hôpital pour juste des signatures que personne de l’hôpital ne peut t’expliquer la procédure normale.
Des aller retour gendarmerie, tribunal, mairie et Hôpital sans cesse comme si son pays qu’elle a tant aimé voulait l’humilier encore et encore. Qu’est ce qu’elle a fait pour mériter une telle humiliation de la part de son pays.
Seynabou est partie en nous laissant de très beaux souvenirs mais aussi beaucoup d’enseignements sur notre pays. Son pays. J’imagine de la même manière que vous ne mesurez pas l’urgence de son cas, vous ne mesurez pas aussi la SOUFFRANTE de sa famille.
Nous espérons que ce système changera pour que plus jamais aucun enfant n’ait à souffrir comme toi et que le gouvernement va enfin construire une infrastructure digne de ce nom pour les enfants brûlés.
C’est dommage mon ange nous t’aimerons jusqu’à la fin des temps et nous ne t’oublierons jamais dans nos prières. Nous espérons que la où tu es il y’a un gouvernement qui traduit en acte sa politique de prise en charge des enfants. Et j’en suite convaincu car le chef de ce gouvernement est le prophète Ibrahima.

Un papa, une maman, des tantes, des oncles, des cousins, des cousines, des grands parents, des amis et des connaissances et même des inconnus qui se disent désolés de la situation.
Idrissa Fall Cissé

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