Alors que j’écris ces mots, nous sommes à quelques jours d’une campagne électorale pour les élections locales du 29 Juin. Lorsque vous les lirez, les déclarations se seront déjà dissipées. Contexte faisant, « Mon Point de Vue » de ce mois m’inspire à partager mes réflexions avec vous.

Afin de mieux illustrer nos propos, nous allons prendre comme exemple un éducateur et son élève, c’est l’approche qui nous a semblé la plus pertinente pour vous présenter notre point de vue sur le « politicien ». Il s’en suivra une deuxième partie consacrée à l’attitude que nous citoyens, devons adopter dans un tel contexte.

Les éducateurs ont l’habitude de souligner l’importance de justifier les arguments par des faits. Il ne suffit pas de déclarer quelque chose, il faut que ce soit appuyé. Nos politiciens semblent avoir fait abstraction de cette règle pourtant fondamentale. Lorsqu’on leur demande des preuves claires de leurs affirmations, ils se rabattent sur le principe de répétition du débat : si l’on affirme encore et encore sa prémisse, les gens finiront par l’absorber en tant que fait.

L’éducateur insiste également sur l’exactitude et la clarté des citations et des références aux idées d’autres personnes. Il veut savoir précisément qui a dit quelque chose et où les élèves l’ont trouvé. C’est une question d’honnêteté dans les travaux scolaires – d’honnêteté tout court par ailleurs, sauf en campagne électorale, où la droiture n’est prise à témoin que pour le symbole. Si vous pouvez convaincre le public que l’autre a dit quelque chose de stupide, tant mieux – que l’autre personne l’ait dit ou non. Ou que ce soit stupide ou non.

Il enseigne aussi le principe de la clarté. Que les élèves fassent un rapport sur les sciences humaines ou qu’ils présentent un projet de science, ils sont incités à être clairs. Les personnes qui lisent comprendront-ils ce qui est vraiment arrivé? Savent-elles ce que vous pensez vraiment? Si ce n’est pas le cas, il faut recommencer, car de bonnes compétences en communication sont essentielles au succès scolaire et personnel – sauf si vous voulez vous faire élire, auquel cas les faux-fuyants règnent. Contourner une question claire constitue la meilleure façon de vous préparer à l’inévitable déformation de vos propos.

Si ce cynisme vous sied mal – eh bien, il m’indispose aussi. Les éducateurs mettent l’accent sur l’éducation à la citoyenneté, inculquant à leurs élèves le respect des principes de la démocratie, les incitant à participer au processus politique et les encourageant à faire preuve d’ouverture d’esprit dans des débats rationnels. C’est exactement ce qu’ils devraient faire. Il faut habiliter ces jeunes à insister que les chefs politiques respectent les mêmes normes. J’espère que cela se produira.

Si nous ne pouvons rééduquer nos dirigeants afin qu’ils respectent les leçons fondamentales apprises à l’école au sujet de la justification, de l’honnêteté et de la clarté, le cynisme du public anéantira tout débat politique.


Les élections locales vont être l’occasion de choix majeurs. Le contexte de crise (théorisé par certains) et la gravité des effets sur les citoyens des mesures censées y répondre rendent ces choix aussi difficiles qu’essentiels pour l’avenir, selon qu’ils chercheront ou non à redéfinir les bases de notre contrat social. Parce que nous sommes des organisations associatives, des réseaux, des collectifs divers, nous ne voterons sans doute pas pour les mêmes candidats. Cette diversité est normale, elle s’inscrit dans la démocratie vivante.

Depuis de trop longues années, les principes de respect de l’altérité et de solidarité sont régulièrement sapés au profit d’un discours qui fait du tout sécuritaire et de la concurrence de tous contre tous le fondement de toute richesse et de la crainte de l’autre le fondement de la vie sociale.

Citoyens en actes, nous ne nous résignons pas à cette conception mortifère des rapports entre les êtres humains. Nous n’acceptons pas que la concurrence soit le seul horizon de nos vies. Nous ne voulons pas que le chacun pour soi détruise la noblesse de l’engagement collectif, pas plus que nous n’acceptons que l’action publique ne se réduise à des mesures sécuritaires ou à l’accentuation des inégalités de revenus et de positions sociales. Il est possible de vivre bien sur la planète, non pas malgré les autres mais avec les autres, non pas de la spéculation mais de son travail, et sans qu’il ne soit nécessaire pour cela de piller les ressources naturelles et de fouler aux pieds la dignité des personnes. Nous pensons que la conquête des droits fondamentaux n’est pas une option, mais une urgence pour toutes les femmes et tous les hommes partout dans le monde, et que la paix ne peut être garantie sans le respect du droit à l’autodétermination de tous les peuples. Nous sommes confiants dans l’avenir parce que nous sommes convaincus que nous pouvons faire en sorte qu’il réponde aux aspirations et aux espoirs des peuples. Encore faut-il pour cela promouvoir d’autres politiques que celles qui ont failli. D’autres voies, d’autres expériences sont possibles, sur la base de notre diversité, de nos débats, de nos initiatives.

A cet égard, la discussion, la participation, la recherche du bien commun, sont plus pertinents et plus efficaces que les solutions imposées et les critiques muselées. Nous pensons que la participation à la vie démocratique ne se résume pas aux échéances électorales mais qu’elle s’exerce aussi au quotidien, par des débats, des propositions d’alternatives et des actions comme celles que nous portons.

Une partie de la population vote contre quelqu’un ou quelque chose, pour éviter ce qu’ils considèrent comme le pire, plutôt que de voter tout simplement « pour »  ce qu’ils désirent vraiment…   Une partie de la population ne votera tout simplement pas, considérant que, de toute façon, leur vote ne donnera rien, ne changera rien. Mais Chaque citoyen votant doit  sentir qu’il a entre les mains le véritable pouvoir de participer à changer les choses.

Maguette SARR
« Mon Point de Vue – Etape 11 »
Email : leboyjolof@gmail.com
Téléphone : 765414510

« Si l'homme décide de servir le politique, qu'il le fasse, mais en gardant ses distances avec l'engagement politique (esprit partisan), parce que l'organe politique se comportera comme une machine envers l'homme qui ne pourra que le servir et être utilisé par lui. »

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