Les murs de la Commune de Dahra Djolof bruissent de dénonciations, de plaintes, de complaintes, de vives protestations ; bref, de colère. A l’origine, le commerce du foncier, selon certaines populations, y coule comme un long fleuve tranquille. Et a fini de vampiriser leur existence.

Si le bradage du foncier a toujours été dénoncé, depuis plus d’une décennie, les populations de cette Commune du département de Linguère disent avoir fait l’apprentissage de la déception avec l’actuelle équipe municipale marron-beige, qui tient les mannettes de la Cité.

Pour avoir le cœur net sur les polémiques nées des litiges fonciers qui sont sur toutes les lèvres dans cette partie du Djolof, où les candidats aux élections municipales avaient pris l’engagement, une fois à la tête du Conseil municipal, de faire un audit du foncier, Actusen.com a donné la parole aux différentes parties. Qui font montre d’un dialogue du sourds digne du nom.

Accusés de tous les péchés d’Israël, le maire de la Ville et le Président de la Commission domaniale balaient d’un revers de main. Bienvenue à bord de ce mini-dossier concocté par Actusen.com !

Beaucoup disent en avoir la certitude, clé en main : le foncier marche très bien à Dahra Djolof et a créé de nouveaux riches. Dans cette Commune située dans le département de Linguère, certaines populations étouffent de rage contre le Conseil municipal qu’elles accusent de se sucrer sur le dos de la majorité silencieuse. En mettant la main sur le peu de lopins de terres disponibles et ce, moyennant des millions de F Cfa.

Dahra Djolof était réputée jusqu’ici être une grande pourvoyeuse de bétail, de lait, de viande… en direction d’autres localités du Sénégal et par-dessus la sous-région. Mais la Commune dirigée par l’Alliance pour la République cultive, de nos jours, une farouche réputation de business du foncier. Ici, tout le monde est courtier. Ou presque !

Et les professionnels de la spéculation foncière ne peuvent que s’en frotter les mains. Est-ce sous le regard impuissant ou complice des Autorités municipales? Une question qui garde tout son pesant d’or.

En 2012, il y avait, déjà, une levée de boucliers contre le mal

Déjà en 2012, le Conseil communal de la jeunesse, en collaboration avec d’autres Associations, avait pris l’engagement de faire du problème foncier son principal cheval de bataille. Pour arrêter cette exponentielle vente de terrains, plusieurs réunions avaient été organisées pour lutter contre cette boulimie foncière. Les initiateurs de cette croisade contre les adeptes du commerce du foncier étaient même allés plus loin. En demandant aux conseillers de ne pas voter le budget de 2012.

Mais toutes ces tentatives pour mettre la lumière sur le problème foncier étaient tombées dans l’eau. La preuve, lorsque cette mobilisation s’était effritée, une partie de l’ancien logement de l’ICP avait été vendue à un commerçant célèbre M .S, au grand dam des populations de Dahra. Plus tard, ce fut au tour de la Galerie d’art de basculer dans l’escarcelle des acteurs de ce commerce illicite.

La cession du site baptisé Feu le Capitaine Abdoulaye Ngom : la goutte d’eau qui a fait déborder le vase

Mais la goutte d’eau, qui a fait déborder le vase, constitue, sans doute, le site dénommé « Place publique » situé en face de la Brigade de gendarmerie de Dahra. Et sur lequel des travaux commencent à être érigés.

Pour rappel, le site en question avait été baptisé Feu Capitaine Abdoulaye Ngom, par délibération du Conseil municipal au cours du mandat 1996-2001. A l’époque, Aly Saleh était le maire de la Ville.

Mieux, depuis l’inauguration de ce site par le ministre Feu Ousmane Masseck Ndiaye et la pose de la plaque de dénomination, parents, amis et frères d’armes du disparu avaient fini de faire de cette place un endroit de recueillement et de souvenir de ce valeureux fils de Dahra.

Le 24 novembre 2005, le Conseil municipal de Dahra a reçu une demande d’attribution de terrains de la part de deux opérateurs. Les informations recueillies auprès des conseillers de l’époque prouvent que ces demandes ont été adoptées, à l’unanimité, par le Conseil municipal.

Mais coup de théâtre, le 8 mars 2006 ! Car la Division régionale de l’urbanisme et de l’habitat, dans sa correspondance numéro 05MUAT-DRUH, émet un avis défavorable sur ces attributions. Motif invoqué: n’étant pas conformes à la réglementation.

Le maire de Dahra et le Président de la Commission domaniale  indexés

S’il y a quelqu’un qui est cité dans ce problème foncier, c’est l’édile de la ville Momar Ndiaye. Même si sa responsabilité individuelle n’est pas, jusqu’à ce jour-là, établie par des preuves formelles, dans la cession de ce terrain à huit millions francs (8 000 000 F Cfa), dit-on, il n’en demeure pas moins qu’il est reproché au premier magistrat de la Cité de faire preuve de passivité et de n’avoir rien tenté, pour faire la lumière sur cette transaction ou supposée comme tel.

Le site de la controverse est situé à coté du magasin de stockage d’aliments de bétail. Pis, le maire Momar Ndiaye, dit Mao, est accusé par les membres du Comité de lutte pour la défense des intérêts de Dahra, d’avoir «trahi »  son serment, en signant l’autorisation de construire au promoteur. Même si celui-ci se targuerait d’avoir un décret présidentiel ou un titre foncier.

Pour le Conseil municipal : le site crédité d’être « vendu » à 8 millions F Cfa, appartenait au père de l’acquéreur

Joint par téléphone par Actusen, le maire de Dahra bat en brèche ce qu’il qualifie de simples allégations et affirme que le terrain en question appartenait à Feu Mbousse Ndao, un retraité de l’Armée. Mais cette version ne satisfait pas, alors pas du tout les plus sceptiques qui croient dur comme fer qu’une telle explication est tirée par les cheveux.

« Comment un terrain qui appartenait à Feu Mbousse Ndao peut être vendu à huit millions F Cfa à son propre enfant, alors que celui-ci devait avoir, légitimement, la possibilité de l’hériter la parcelle en question? », se demandent, pêle-mêle, certaines populations.

Dans tous les cas, rétorque le Premier magistrat de la Ville : « quiconque détient la preuve qu’il y a eu micmac autour de ce terrain, n’a qu’à porter plainte, pour que toute la lumière soit faite. Ni hier, ni aujourd’hui, je n’ai jamais été cité dans une quelconque sombre affaire encore moins dans une opération foncière ».

L’édile Mao Ndiaye sollicite le dépôt d’une plainte pour tirer cette affaire au clair

Poursuivant, Mao Ndiaye se lave à grande eau : « la Mairie ne peut pas vendre de terrain, n’en a pas une prérogative. Tout ce que je demande, c’est que ceux qui restent persuadés que telle ou telle autre personne a trempé dans une vente illicite de terrain, n’ont qu’à saisir la Justice ».

Quid de la brouille née du terrain situé devant les locaux de la Brigade de gendarmerie? Là aussi, le maire blanchit le Conseil municipal actuel. « Aucune part de responsabilité ne saurait être imputée à l’actuelle équipe municipale par rapport à la cession de cette parcelle. Car ce n’est pas sous l’actuel magistère que la délibération liée à l’attribution de ce site a été autorisée ».

La Commission domaniale botte en touche, mais ne convainc pas les plus sceptiques

A peine Actusen.com a-t-il câblé le maire pour être édifié sur ce terrain de toutes les supputations que le Président de la Commission domaniale a joint, par téléphone, votre site. Leyti Marame Ndiaye danse le tango avec le maire de la Ville, qui l’a informé qu’Actusen.com enquête sur cette parcelle.

A cet effet, le patron de la Commission domaniale affirme, à son tour, que ce site était une propriété de Feu Mbousse Ndao et qu’il a été cédé à un des fils de celui-ci. Dans son argumentaire, le patron de la Commission domaniale explique, par ailleurs, que beaucoup épiloguent sur cette parcelle, mais ne disposent pas de l’information juste et vraie.

Les populations se sont érigées en bouclier pour conserver l’unique espace, qui reste dans la Commune et qui est destiné a abriter les activités (foires, conférence religieuse, Gamou ….

Une plainte contre l’ex-maire Aly Saleh, brandie dans l’affaire de cet autre site

Diaba Ba, ex-conseiller municipal du bureau sortant, de dire à qui veut l’entendre que «le défunt Conseil n’a jamais procédé à la délibération de ce site ; d’où l’idée de porter plainte contre l’ancien maire de Dahra, Aly Saleh, est brandie par certaines indiscrétions».

Pour barrer la route aux adeptes de la boulimie foncière en cours dans la Ville, le Comité de Coordination pour la Défense des Intérêts  de Dahra (CCDID) a entrepris plusieurs démarches, pour faire arrêter les travaux entamés sur ce site. Après avoir saisi les autorités, les membres du CCDID ont lancé une pétition.

Les opérateurs économiques au banc des accusés

Beaucoup de jeunes de Dahra Djolof, qui vivent jusqu’à présent sous le toit paternel, peinent à bénéficier d’une parcelle, faute de moyens. Et ce, au moment où les opérateurs économiques, qui viennent d’horizons divers, sont accusés d’acquérir les terrains.  Autre endroit, objet de litige : la Maison clôturée, située à coté du magasin de stockage. Ici, la Commission domaniale est accusée d’avoir fait une proposition de vente à un milliardaire sur un lot de 20 parcelles.

Selon Sidi Diop, responsable de « Rewmi », «le territoire communal a été dépecé par des gens qui sont voraces. Ils ont fait du foncier leur vache laitière ». Dans un réquisitoire de feu, il ajoute : « le Conseil municipal, les gens n’ont d’yeux que pour la Commission domaniale, parce qu’ils y trouvent leur compte et leur stratégie consiste à utiliser des prête-noms, pour s’arroger plusieurs parcelles et les revendre après aux plus offrants. Ce qui fait qu’aujourd’hui, nos jeunes, qui sont à l’âge de fonder une famille, n’auront pas de parcelles».

Sidy Diop, responsable « Rewmi » : « la stratégie consiste à utiliser des prête-noms, pour s’arroger plusieurs parcelles et les revendre après aux plus offrants »

Pour rappel, « une partie de l’ancien logement de l’ICP a été vendue à un opérateur économique E.F, qui y a construit son magasin, au grand malheur des populations, qui ont usé de tous les moyens, pour récupérer ce site, mais c’est peine perdue. Quant à la Galerie d’art qui été attribuée aux artisans, elle est en train d’être construite par l’entrepreneur Khadim Cissé, au motif qu’il a gagné le marché .

Autre lieu qui défraie la chronique : le terrain de « Waaly Daan », dont une partie a failli échapper aux populations. Ce site aurait été vendu à des tiers, créant la révolte des habitants de ce quartier. Pour procéder à un audit du foncier à Dahra, les nouvelles autorités municipales s’étaient engagées, lors de la campagne des élections locales. Mais elles ont rangé aux oubliettes cet engagement.

L’Ofnac saisi d’une plainte

Pour combattre la boulimie foncière, le Comité de coordination pour la défense des intérêts de Dahra réclame un audit du foncier. A cet effet, Cheikh Niang et ses camarades de cette structure ont écrit une correspondance à l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac).

Résultat : depuis des mois, les travaux du site faisant face à la Brigade de gendarmerie de Dahra sont arrêtés, suite à une descente sur les lieux, des Services du Cadastre. D’autant que la tension était ô combien forte au sein de la population, dont une partie avait menacé de descendre dans les rues, aux fins de s’opposer à la poursuite des travaux.

Veille de korité : les élus municipaux se sont, « nuitamment » réunis, pour se partager le restant du foncier

Pour rappel, Actusen.com révélait, il y a quelques jours, qu’à la veille de la célébration de la korité, au moment où les populations avec l’esprit tourné vers les préparatifs de la fête, les conseillers municipaux se sont réunis, en « catimini », pour décider de se partager le peu de réserves foncières qui restaient, jusqu’ici à la Ville.

Pour ce faire, les conseillers municipaux, qui, le jour, disent défendre les intérêts des populations, mais qui, la nuit tombée, se gavent avec le foncier, s’étaient, à cet effet, tapés le site niché à quelques encablures du Magic Land et qui comporte 46 parcelles.

A l’époque, Actusen.com révélait, également, que, dans un premier temps, le maire Mao Ndiaye avait fait preuve d’une résistance-tout-terrain, au motif que la Cité ne disposait plus de réserve foncière, mais il a vite déposé, par la suite, les armes.

Car les conseillers municipaux l’ont acculé et lui ont fait savoir qu’il ne saurait faire moins que ses prédécesseurs à la tête de la Municipalité. Qui, disent-ils, filait à chacun des élus des défunts Conseils municipaux entre deux et trois parcelles. C’est la loi du Parti (l’Alliance pour la République), avant la Patrie.

Affaire à suivre !

Actusen.com

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