Le Sénégal a décidé de présenter la candidature de Me Sidiki Kaba, garde des Sceaux, ministre de la Justice, à la présidence de la Cour pénale internationale (CPI), siégeant à La Haye, aux Pays-Bas, a-t-on appris d'une source officielle, vendredi à Dakar, confirmant une information relayée par un magazine sénégalais.

‘’Le président de la République, Macky Sall, présente la candidature de Me Sidiki Kaba, garde des Sceaux, ministre de la Justice, pour la présidence de la Cour Pénale Internationale (CPI)’’, rapporte un communiqué officiel reçu à l'APS.

‘’La candidature de cet ancien président de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) a déjà reçu le soutien de plusieurs pays d’Europe, d’Amérique et d’Afrique’’, mentionne ce texte des services du ministère de la Justice.

Il rappelle que Me Sidiki Kaba ''s’est distingué sur le plan national et international par son combat sur tous les fronts concernant la défense et la protection des droits humains’’.

Avocat inscrit au Barreau de Dakar à partir de 1980, M. Kaba a mené parallèlement une longue carrière de défenseur des droits de l’Homme, jusqu’à son élection à la tête de la FIDH, en 2001. Un poste qu’il a occupé jusqu’en 2007, ce qui a fait de lui le représentant politique de cette organisation internationale jusqu’à son départ de sa présidence.

En tant que tel, il a mené lors de ce mandat ‘’l'ensemble des missions de haut niveau organisées par la FIDH tout au long de son mandat sur les 5 continents dans les pays où se déroulent des situations de crises majeures ou de violations des droits de l'Homme (tels que Colombie, Russie, USA, Guatemala, Egypte, Israël / TPO, RDC, Tchad, RCA, Tunisie, Algérie, Equateur, Libye etc.), lit-on dans un résumé de son CV.

Il a dans le même temps conduit les mêmes missions auprès des institutions et des juridictions internationales et régionales (ONU, UE, UA, OEA, LEA, CPI, TPIR, etc.), auprès des fora de la société civile et des défenseurs des droits de l'Homme menacés (missions de solidarité, de défense ou d'observation judiciaire)’’.

Juriste licencié en philosophie et en lettres, doublé d'un défenseur des droits de l'Homme, Me kaba ‘’a étudié, défendu et utilisé les différents instruments, normes et principes des systèmes régionaux et internationaux de protection et de promotion des droits de l'Homme’’, peut-on encore lire dans ce CV reçu de ses services.

Me Sidiki Kaba peut aussi se prévaloir, selon la même source, d’une connaissance approfondie de l'ensemble des mandats institutionnels des Nations Unies et de la Commission africaine des droits de l'Homme et des peuples(CADHP).

Il se donne pour ambition, une fois élu à la tête de la juridiction internationale, de ‘’réconcilier toutes les régions avec la CPI, notamment l’Afrique et l’Union africaine’’ et de ‘’développer la coopération entre les Etats et la CPI’’, selon certaines de ses propositions contenues dans un document intitulé ‘’Mon ambition pour la Cour pénale internationale : une stratégie fondée sur quatre défis majeurs’’.

La CPI est l’objet de controverses et de contestations en Afrique où de nombreux pays critiquent la juridiction internationale, estimant surtout que ses juges ne poursuivent que des ressortissants de pays africains.

Me Sidiki Kaba se propose également de ‘’renforcer la complémentarité’’ dans le domaine de la lutte contre l’impunité, en partant du postulat suivant lequel ‘’le succès de la Cour ne saurait s’évaluer par le volume des affaires pendantes devant elle, mais plutôt par la croissance exponentielle des affaires relevant de sa compétence devant les juridictions nationales’’.

S’il est élu à la tête de la CPI, Me Kaba compte en outre travailler à l’universalité du statut de Rome, adopté le 17 juillet 1998 dans la capitale italienne, et qui définit les règles de fonctionnement élémentaire de la Cour pénale internationale (CPI).

‘’La CPI n’est pas contre l’Afrique. Elle est pour l’Afrique. Le premier Etat du monde à avoir ratifié le statut de la CPI, dès 1999, est un Etat africain : le Sénégal", écrivait Me Kaba dans un livre d’entretiens intitulé "La justice internationale en question. Justice de Blancs contre les autres ?"

Dans ce livre publié il y a quelques années, après son départ de la présidence de la FIDH, il appelait les Etats africains à faire preuve de plus de cohérence vis-à-vis de la CPI. Il y dénonçait dans le même temps "le réflexe syndical (…) des chefs d’Etat" du continent, consistant à "se protéger réciproquement contre d’éventuelles poursuites".

"Il faut rendre justice à cette juridiction. Elle n’a fait qu’examiner des situations qui lui ont été déférées et qui relèvent, du reste, de sa compétence", souligne t-il.

En 2003 et 2004, l’Ouganda et la République démocratique du Congo (RDC) avaient sollicité la CPI pour juger des chefs rebelles, en affirmant l’incapacité de leurs juridictions nationales à les poursuivre en justice.

La Cour pénale internationale (CPI) avait d’ailleurs reconnu, en juillet 2012, l'ex-chef de milice congolais Thomas Lubanga coupable de crimes de guerre dans le nord-est de la République démocratique du Congo. Il a été condamné à quatorze ans de prison, la première de l’histoire de la CPI.

L’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo et l’un de ses soutiens, ex-chef des ‘’Jeunes patriotes’’ ont également été attraits devant la CPI dans les geôles de laquelle ils attendent actuellement d’être jugés à La Haye.

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