Le Président du Sénégal Macky Sall a répondu aux questions de Mamadou Moussa Ba sur le bilan du Sommet de la Francophonie qui vient de s’achever à Dakar. Il aborde également l’influence de la langue française en Afrique et de ses avantages.
Quel est le bilan a tiré du Sommet de la Francophonie qui vient de s’achever ?
Le Sommet a été exceptionnel. Il s’agit de la deuxième fois que la communauté francophone faisait confiance au Sénégal pour organiser cet événement. J’ai voulu qu’il soit organisé de la meilleure des manières et je suis très satisfait du résultat. Nous avons aussi été en mesure de trouver un successeur au Secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), Abdou Diouf en la personne de Michaëlle Jean.
Est-ce que l’Afrique n’a-t-elle pas raté une belle occasion de montrer son unité en ne remportant pas la présidence de l’OIF ?
Oui, l’Afrique a raté une occasion. Si nous avions pu trouver un candidat unique, je pense que l’Afrique continuerait à diriger l’organisation. Il faut simplement regretter le manque de concertation. Je ne veux pas parler des égoïsmes nationaux, mais nous pouvons être déçus sur le caractère fédéral du choix africain. Je pense que nous aurons besoin de plus de concertation à l’avenir pour choisir le meilleur qui soit, car nous avions de bons candidats. Mais suite aux divisions, il fallait éviter d’aller aux élections dans ces conditions en privilégiant la candidature de Michaëlle Jean. On parle du parcours jugé « brillant » de Michaëlle Jean.
Pensez-vous qu’elle sera à la hauteur à l’OIF ?
Elle a les capacités en principe pour être à la hauteur au vue de son parcours. Abdou Diouf a un parcours exceptionnel qui n’est pas donné à tout le monde, mais je pense qu’il faut donner à Madame Jean la chance de faire ses preuves. Je n’ai aucun doute sur ses possibilités.
Beaucoup de Sénégalais s’interrogent sur le fait qu’un contre-Sommet ait pu être interdit à Dakar…
Je ne suis pas au courant de cela. Il n’y a aucuns documents administratifs qui le prouvent. La presse dit parfois ce qu’elle veut en rapport ce genre de chose. Il n’y a pas eu de contre-Sommet. Contre quoi ? La Francophonie ? Ce n’est pas un instrument de domination de la France. Cela existe uniquement dans la tête de ceux qu’ils le pensent. Nous sommes vaccinés contre ce genre de préoccupations. Nous sommes des générations nouvelles, post-indépendance. Nous n’avons pas ce complexe du ‘’colonisé’’ et il n’y a pas de domination française. Cela n’existe pas. Aujourd’hui, la Francophonie est un espace de valeurs universelles : démocratie, droits de l’homme, respect des libertés individuelles et collectives. Ce sont des valeurs que nous voulons mettre en place pour que les femmes aient leur place dans la société et les jeunes puissent être mieux pris en charge et développer les opportunités économiques. Parler le français est un atout pour nous. BBC