L’OBS – C’est un heureux hasard. Après avoir calé l’entretien depuis des jours, la lettre de Abdoul Mbaye, interpellant le président de la Républiques sur des contrats pétroliers et miniers, est tombée pile-poile. L’occasion pour L’Obs d’en parler avec l’actuel ministre de l’Industrie et des Mines, qui fut, dans un passé récent, ministre de l’Energie du Sénégal. Seulement, Aly Ngouille Ndiaye est gêné d’aborder ce sujet, pour des raisons qu’il explique dans l’entretien. Mais le maire de Linguère est sûr d’une chose : Abdoul Mbaye détient les réponses à ses propres questions.
L’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye a interpellé le chef de l’Etat sur des contrats pétroliers et miniers. En tant que ministre des Mines, avez-vous des réponses à apporter sur ces interpellations ?
Sur cette question, je suis un peu gêné pour deux raisons. L’essentiel des questions qui ont été posées sont en rapport avec des contrats sur l’énergie. Des contrats de recherche de pétrole. Je ne suis plus ministre de l’Energie. Et en quittant ce département, je n’ai amené aucun document. Je suppose que l’Administration est une continuité. Peut-être que l’ancien Premier ministre l’a fait. Moi, non. J’ai lu sa contribution. Mais, je pense qu’il est mieux placé pour y répondre. Parce qu’en 2012 et 2013, c’était lui le Premier ministre. Et je ne pense pas qu’il existe des décrets, dans ce pays, signés par le président de la République directement, sans qu’ils aient été contresignés par le Premier ministre. Donc, en tant qu’es qualité de Premier ministre, il était censé avoir toutes les informations à l’époque. Il peut avoir deux possibilités : il avait ces informations et avait fermé les yeux pour signer les documents ; ou, il n’avait pas les informations. Ce qui est très grave. Puisque que le Premier ministre dispose de toute l’Administration et est censé avoir toutes les informations qui la concernent. Car, tous les décrets passent par lui. Pour moi, il a les réponses. Il n’a qu’à dire aux Sénégalais ce qu’il sait. C’est ce que nous attendons de lui, mieux que des insinuations.
Pour beaucoup de projets, il demande la publication des contrats. Est-ce que cela ne mettrait pas tout le monde à l’aise ?
Non. Il y a un peu de démagogie dans certaines positions d’anciens responsables. Les contrats que nous signons, du point de la loi et des accords, ne doivent pas être publiés. Sur cette base, nous ne pouvons pas le faire. D’ailleurs, c’est ce qui nous a poussés, dans le cadre du nouveau Code minier qui sera examiné en Conseil de ministres en septembre, à demander qu’on puisse publier les contrats dans le site du Gouvernement. Mais, au moment où je vous parle, nous ne pouvons pas le faire ; car ce n’est pas permis par la loi. Si nous le faisons, nous exposons le pays à certaines plaintes que nous avons connues dans le passé.
Sur le plan politique, comment les investitures se sont passées à Linguère, avec vos alliés ?
A Linguère, les investitures se sont généralement bien passées, comparées à ce qui se passe dans le reste du pays. Puisque nous avons convoqué une Assemblée générale où nous avions invité le maire et son adjoint et d’autres responsables politiques qui étaient là, depuis les débuts de l’Apr. Mais également invité nos responsables politiques, hommes et femmes, dans certaines communes que nous n’avions pas gagnées. Nous avons longuement échangé. Dans un premier temps, nous avions cinquante deux candidats, dont trente-sept hommes et quinze femmes, pour seulement deux postes. Dans le déroulement du processus, nous avions mis en place une commission de dix personnes parmi l’Assemblée et qui n’étaient pas candidats à l’élection. Nous les avions chargés de définir des critères pour choisir. Ils en ont défini. A un moment donné, quand nous n’avions pas pu nous départir, l’Assemblée générale a, à l’exception de deux personnes, fait des propositions au parti. Et c’est ce que nous avions fait, en portant nos propositions sur les maires de Kalge et de Sagata. Le maire de Kambe est le premier des élus des «Kalgors» du département de Linguère, en 2009. Lui fait parti des premiers compagnons du président de la République, Macky Sall. La mairesse de Sagata est également venue dans le parti, après les élections législatives, en 2013. Aujourd’hui, elle est la seule mairesse dans la région de Louga. Voilà donc ce qui explique le choix porté sur ces deux maires. Un choix est toujours difficile, mais nous avions discuté avec tous nos alliés de Benno bokk yaakaar (Bby) et les derniers alliés arrivés, notamment, l’Urd et la Crc.
Quels sont vos rapports avec l’Urd ?
J’ai rencontré des partisans de Djibo Leïta Kâ, pour discuter du choix du parti. Djibo a, lui-même, choisi, avec ses partisans, de ne pas figurer sur les listes, parce qu’ils n’ont pas pu obtenir ce qu’ils avaient demandé. Mais, je pense qu’ils sont d’accord du choix, même s’ils ne sont pas sur la liste. Et vont accompagner le choix de l’Apr. Il en est de même du Parti socialiste, de la Ld, la Crc, dont j’ai rencontré les responsables. A Linguère, sur 889 conseillers, les 659 sont de Bby, les 113 de l’Urd et les 34 de la Crc.
Mais, est-ce que Djibo est dans les dispositions d’accompagner votre liste ?
Nous en avons parlé. Aujourd’hui, Djibo ne peut pas accompagner le Président Macky Sall et être contre sa liste au niveau local. Il faut qu’on soit cohérent. De toute façon, l’attitude de l’Urd et des autres partis va se refléter sur le terrain. Puisque 90% des conseillers sont dans la coalition de l’Apr. C’est donc à peine 10% des conseillers qui sont dans les autres partis, notamment, le Pds, Rewmi, le Grand parti. En tant qu’allié, Djibo doit prendre ses responsabilités et formellement soutenir notre liste. A Linguère, il y a le Parti démocratique sénégalais (Pds) qui a une liste et quelques dissidents de l’Alliance pour la République (Apr).
Est-ce qu’il y a des listes concurrentes à Linguère ?
Apparemment, nous avons une dissidence qui serait amenée par un de nos partisans, dont la candidature n’a pas été retenue lors de l’Assemblée générale. Et qui sera peut-être confirmée le 20, avec la publication des listes. Donc, nous aurons certainement trois listes, si la fameuse coalition est confirmée et qui serait composée par quelques mécontents du parti. La démarche utilisée n’est pas la bonne. Et la liste du Pds, même si elle est soutenue, ne pourrait polariser le maximum de 10% des conseillers.
A part Linguère, il y a eu le problème de Dakar. Le Président Sall avait demandé de ne pas présenter une liste dans la capitale. Mais, le maire Abdoulaye Diouf Sarr soutient Benno bokk yaakaar. Comment analysez-vous le problème de Dakar ?
Cela ne s’est pas exactement passé comme ça. Les élections du Haut conseil des collectivités territoriales sont la suite logique des élections locales et du référendum. Parce que le corps électoral est composé des conseillers issus des élections de 2014, puis le référendum. La coalition «And Taxawou Ndakarou» a, déjà, connu des ruptures, lors du dernier référendum. Il y avait, en 2012, la coalition Bby qui a connu des difficultés, lors des Locales de 2014, à Dakar. Et en 2016, lors du référendum, une partie de cette coalition s’est retrouvée autour du «Oui». Donc, cette partie-là, composée d’un peu moins d’une dizaine de maires, s’est retrouvée pour présenter une liste dans Dakar. Nous sommes en démocratie. Ce sont des conseillers parmi ceux qui étaient élus en 2014 qui se présentent contre d’autres, avec qui ils étaient en 2014. La liste qui aura donc la majorité gagnera. Seulement, il faut retenir que ce n’est plus le même esprit à «Taxawou Ndakarou». Qui d’entre Bby et «Taxawou Ndakarou» va gagner à Dakar ? Le collège électoral va arbitrer.
En tant qu’allié, cela ne vous gène-t-il pas que le Parti socialiste (Ps) se démarque essentiellement de Bby ?
Ce n’est pas tout le Ps. C’est une partie du Ps. Nous ne souhaitons pas, en tant qu’allié, que le Ps se divise comme ça. C’est un constat. Mais, en tout état de cause, nous aimerions que ce parti se retrouve. Parce que nous préférons avoir des alliés forts que des alliés divisés.
L’élection va se tenir bientôt. Il y a deux partis que sont : Rewmi et le Grand parti, qui ne vont pas participer. Est-ce que cela ne va pas entacher la légitimité de cette élection ?
La légitimité est déjà actée par le référendum. C’est le peuple sénégalais qui a choisi, en disant qu’il veut du Haut conseil des collectivités territoriales. Le Grand parti et Rewmi peuvent avoir des raisons différentes de ne pas participer. Le Grand parti, lui, est né après les Locales de 2014. Donc, nous pouvons considérer que ce parti ne peut pas avoir suffisamment de conseillers pour gagner. Parce que ce scrutin est différent des autres. C’est la première raison. Et la deuxième, c’est une question de cohérence. Puisque ce parti considère que c’est une institution qui ne devrait pas exister. Cette deuxième raison peut s’appliquer à Rewmi. Mais, il y a aussi que ce parti ne contrôle aucun département, en termes de nombre de conseillers. Ces raisons évoquées peuvent pousser ces partis à ne pas se présenter.
NDIAGA NDIAYE

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