Le dimanche 24 juin 2012 à 16:56 , djoloffactu.sn avait publié une contribution intitulée « Lettre ouverte à Monsieur Aly Ngouille NDIAYE » et dont l’auteur est Bouna Sémou Ndiaye.Nos confrères de Djoloffweb qui avaient aussi rendu public cette lettre ont publié une contribution qui repond à cette missive. L’auteur de cette réponse est le nommé Dr. Bérouba Guissé

Suite à une contribution publiée sur djoloffweb.com, intitulée « Lettre ouverte à Monsieur Aly Ngouille NDIAYE », et exposée par Bouna Sémou Ndiaye, Dr Bérouba Guissé a choisi d’apporter une réponse à cette dernière. Voici sa réponse dans son intégralité.

Mon cher Bouna,

J’ai choisi de vous tutoyer car je considère que tu es un proche frère Djoloff-Djoloff.J’ai attentivement lu et relu ta lettre ouverte à Aly Ngouille Ndiaye que tu aurais, du reste, dû appeler « lettre ouverte sur Aly Ngouille et non à Aly Ngouille » tellement que dans sa forme, c’est comme si tu parlais de Aly Ngouille à une autre personne. Mais peut être que tu veux te faire entendre d’une autre personne ; en tout cas, cela ressemble fort à un appel du pied destiné à attirer l’attention de quelqu’un. De qui, je ne saurais le dire.

 

Cette lettre réponse que je t’adresse n’est pas destinée à défendre Aly Ngouille, ni à le dédouaner car je sais qu’il saura se défendre tout seul et peut être même mieux que je ne saurai le faire à sa place. Cette lettre a plutôt pour vocation de t’empêcher de tromper les autres qui te lisent en polluant leur vision ou en semant le doute dans leurs esprits, quant à la façon dont il faut que nous tous, Djoloffs-Djoloffs, nous regardions Aly.

 

Je ne suis pas du Mouvement de la Renaissance du Djoloff créé par Aly. Je suis le départemental Afp de Linguère et donc du Benno Bokk Yakaar. Mais toujours est-il que Aly lui a su créé quelque chose, le chérir, le nourrir, le défendre, le porter à bout de bras vers la victoire en traversant le désert et ses mirages mais sans jamais céder à la tentation de transhumer. Je ne sais pas ce que toi Bouna, tu as créé. Je suppose que quand on a le verbe aussi facile que le tiens, on doit avoir créé quelque chose dans sa vie ; quelque chose de plus que des paroles.

 

Sachez que personne ne défend ni encourage la transhumance politique. Ni toi, ni moi, ni Aly, ni un autre. Même Wade n’a jamais défendu la transhumance. Il n y a que Idrissa Seck que j’ai entendu un jour, en 2000, théoriser politiquement la transhumance comme un moyen de massification d’un parti politique et n’oublie pas qu’en 2000, c’était la première alternance au Sénégal après 40 ans de règne sans partage du PS. Donc tout le monde faisait l’apprentissage de cette nouvelle chose qui nous arrivait. Comme disent les Ivoiriens, en 2000 on se cherchait.

 

Quand tu dis : « Fille du 23 juin 2011, la tempête de février-mars 2012 fatale au régime de l’alternance a jeté les bases d’une nouvelle citoyenneté », j’aimerai te prendre au mot et m’interroger sur ce que tu appelles véritablement la nouvelle citoyenneté. Ne veut-elle pas dire tout simplement que les citoyens sénégalais sont politiquement plus mûrs et plus aptes à choisir leurs dirigeants et à défendre leur constitution jusque dans la rue ?  Est-ce que maintenant, il faudra considérer que les différents acteurs du régime déchu de Wade, ne font plus partis de cette nouvelle citoyenneté ou sont-ils, à ton entendement, des citoyens de seconde zone ?

 

Dire qu’entre Mars et juin 2012, « Aly Ngouille, comme un fleuve en furie, a tout emporté sur son passage, sans discernement » n’est-il pas out simplement de la jalousie mal placée. En tout cas, moi qui suis de l’Afp, très honnêtement, j’aurai bien aimé que les gens viennent vers moi en courant pour massifier mon parti dans le Djoloff. Qui ne le voudrait pas ? Le tri entre la bonne graine et l’ivraie se fera plus tard. L’acte de nouvelle citoyenneté démocratique, consisterait ici à choisir le meilleur moment pour faire ce tri en se fondant uniquement et en toute objectivité sur les actions et les engagements sincères des uns et des autres, fussent-ils des transhumants, et non sur des préjugés subjectifs d’apparence ou d’appartenance. Nous sommes tous des Djoloffs-Djoloffs et je serai fou de penser que j’aime le Djoloff plus que les autres, transhumants ou pas.

 

Sachez mon cher Bouna, que adversaire ne signifie nullement ennemi. Même dans la vie de tous les jours, des adversaires d’hier peuvent devenir des alliés d’aujourd’hui à plus forte raison en politique. C’est justement au nom de ta nouvelle citoyenneté que des adversaires peuvent se faire la bise.

La transhumance ne doit pas être encouragée en politique je te le concède, mais il appartient à tout citoyen, nouveau ou pas, de prendre souverainement sa décision avec le soutien de ses amis, de rester dans sa formation politique, ou de la quitter pour fonder une autre ou bien pour rejoindre une autre. Cela ne doit pas faire de lui un pestiféré politique infréquentable. Pour la construction d’un pays on a besoin de tous les bras car il faut du tout pour faire un monde. Tout le monde ne peut pas être comme toi Bouna Sémou. Tu as peut être un sens très élevé de l’éthique et de la morale en politique mais ça ne te donne pas le monopole du cœur et de l’amour pour le Djoloff. Les transhumants ont peut-être leur raison et très souvent c’est un problème de survie. Un noyé s’agripperait même à un crocodile pour survivre.  Critiquer Aly Ngouille parce qu’il a accueilli des transhumants c’est à mon avis faire preuve d’une trop grande naïveté politique. Je dirai mon ami, que sur ce coup, tu as confondu vitesse et précipitation. A ta place j’aurai attendu de voir ce que Aly Ngouille ou même Macky Sall ferait de ces transhumants avant de faire feu de tout bois sur lui.  De plus, si tu étais un observateur attentif tu aurais compris que les transhumants dont tu parles ne sont pas allés vers le Mouvement de Aly mais plutôt vers l’APR du Président Macky.

D’ailleurs tu me donnes l’occasion Bouna, de lancer une invitation à toi et aux autres qui s’attaquent gratuitement à Aly, à une petite réflexion. Imaginons aujourd’hui que Aly Ngouille ne soit pas là, que son mouvement ne soit jamais créé, que ses moyens logistiques, humains et financiers se soient pas mis à la disposition de l’opposition d’alors, que Habib Sy, Djibo Kâ et Alioune Dia ne soient pas inquiétés dans le département. Que ce serait-il passé au premier et au 2e tour de la présidentielle ? A mon avis, la coalition Macky 2012 serait laminée au 1er tour et la coalition Benno Bokk Yakaar vaincu au 2e tour. Wade aurait facilement emporté le département bien que le Sénégal aurait élu Macky car c’était inéluctable. Que serait devenu le département de Linguère gagné par Wade sous l’ère Macky? Nous aurions raté le train du changement. Je vous invite à pousser la réflexion plus loin dans l’intérêt politique, économique et social du département.

Tu dis que la grande bataille contre le régime de Wade Aly Ngouille l’a livrée. Moi je dirai plus, car, non seulement il l’a livrée, mais de quelle manière et avec quelles armes. Nous étions tous dans cette grande bataille, c’est pourquoi nous savons qui est qui et qui a fait quoi dans cette bataille. Nous connaissons qui était au front et qui rasait les murs.  Ainsi, si après cette grande bataille, Aly a été élevé au « grade de Colonel », nous devons tous nous en réjouir et le considérer comme une solution et non comme un problème. Aly a le mauvais rôle car, c’est le fait de cristalliser tous les espoirs qui fait  de lui une cible pour les uns et un objectif pour les autres. Il est devenu malgré lui, la voie presque obligée pour arriver à Macky ou à l’APR de Macky, bien qu’il ne soit pas de l’APR. Cet exercice d’équilibriste est non seulement difficile pour lui mais très risqué car c’est une position trop ingrate qu’il occupe.

Aujourd’hui, tous les cadres du Djoloff, de quelque bord qu’ils soient, devraient se serrer les coudes pour l’aider dans sa mission car sa réussite honorerait tout le département.

Maintenant, comme tu l’as si bien dis, « les élections c’est la respiration de la démocratie », donc, Bouna, ne nous pompe pas l’air. Permets-nous de respirer librement. Car, si aujourd’hui Aly accueille des transhumants qui veulent venir voter pour le Benno,  c’est parce que on est en campagne électorale pour justement une « bonne respiration législative ».

 

En politique, il faut savoir faire de l’addition quand il le faut et de la soustraction au bon moment. La campagne électorale est par excellence le moment le plus propice pour faire de l’addition. Ainsi, organiser des meetings de ralliement dans cette période électorale quoi de plus normal, Bouna. C’est ça, être philanthrope quand il le faut et machiavélique quand il le faut aussi. Ce qui est important ce n’est pas l’ambivalence, c’est de ne pas franchir les bornes que sont la morale et l’éthique. Notre rôle justement c’est d’aider Aly à ne pas franchir ces deux bornes. Car comme tu le dis si bien  le combat politique est une épreuve et l’exercice du pouvoir est un sacerdoce. C’est pourquoi après avoir additionné dans le combat politique pour vaincre, il faut maintenant savoir soustraire les incompétents de la gestion vertueuse de la chose publique et c’est là où il faut attendre Aly et non dans la gestion de la transhumance en période de campagne électorale.

 

Nous autres cadres et leaders politiques du Djoloff d’aujourd’hui, nous nous devons d’expliquer clairement aux uns et aux autres que l’accueil des transhumants dans un combat politique pour remporter des élections ne signifie nullement protéger des transhumants qui ont commis des fautes de gestion car pour les fautes de gestion, il appartient à la justice d’en juger. Ce n’est ni à moi, ni à Aly et surtout pas à toi Bouna d’en juger. C’est cela la nouvelle citoyenneté.  Même dans une guerre, il est fréquent d’accueillir des soldats qui ont changé de camp afin d’assurer la victoire.

Dr. Bérouba GUISSE

Départemental Afp de Linguère

Benno Bokk Yakaar

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