Son Excellence
c’est avec un sentiment comblé d’émotions et d’espoirs que je vous adresse cette présente missive pour soulever une problématique, à mon avis, décisive dans la marche de la Nation vers un futur prometteur. En m’adressant à vous, j’ai choisi la forme d’une lettre ouverte, non par manque de déférence à l’endroit de la haute institution dont vous avez la charge mais plutôt par devoir de partage d’une réflexion urgente qui interpelle la responsabilité collective. Il s’agit d’une question stratégique comme l’implication des sénégalais de l’extérieur à l’édification d’un Sénégal nouveau.
Son Excellence, à ce virage de l’histoire de notre pays, vous avez été choisi pour présider aux destinées de la nation. Et je ne vous ferais pas le tort d’ignorer votre désir déclaré de faire de votre magistère une occasion pour impulser notre pays dans une dynamique vertueuse. Vous avez déjà posé des actes qui laissent présager votre volonté d’asseoir un nouveau système pour relever le défi du développement économique, de la cohésion sociale et de la consolidation de l’assise républicaine de l’Etat. Pour réussir ces challenges, il s’avère indispensable une mobilisation de toutes les forces vives de la Nation, y compris les segments de population expatriées.
C’est le cas de rappeler que le Sénégal est un pays d’émigration et par conséquent sa réalité sociologique dépasse ses frontières physiques, et son espace social s’est mondialisé. Les expatriés représentent environ 20% de la population et contribue dans une mesure estimée à 27% du PNB. Les fonds transférés dépassent largement le volume de l’aide publique au développement et le montant des investissements directs étrangers. Ces flux financiers représentent un soutien fondamental pour la consommation de centaines de milliers de familles. Il est évident à tous que sans la contribution des sénégalais de l’extérieur le pays sombrerait dans la famine. Cependant il faudrait requalifier la participation des émigrés à l’effort de développement. Dans cette optique, la promotion d’une nouvelle politique de gestion rationalisée de la diaspora s’avère une urgence.
En tout état de cause, permettez-moi Monsieur le Président, de vous signaler un paradoxe dont la résolution me parait une question décisive pour réaliser le sursaut national désiré. Je me réfère au gap entre le lourd poids économique des émigrés et la faiblesse de leur représentation au niveau institutionnel. Un problème qui est symptôme d’une marginalisation politique et qui mériterait d’être pris en compte dans les processus de reconfiguration républicaine et de consolidation de l’acquis démocratique. Malheureusement, les dernières élections législatives ont démontré que la diaspora est considérée pas plus qu’un simple bassin électoral. L’absence dans les listes électorales de candidats de la diaspora et l’ignorance du thème de la migration dans le débat politique sont la mesure de la marginalisation politique des expatriés. Et Dieu sait que la diaspora regorge de cadres qui pourraient donner une contribution qualitative pour le développement du Sénégal.
Son excellence, puisque vous aviez battu campagne dans la diaspora et bénéficié d’un important soutien électoral, puisque vous aviez dit vouloir faire de la diaspora la quinzième région du Sénégal, je me permets de solliciter votre bienveillance pour résoudre ce problème en réservant à la diaspora des quotas dans les nominations présidentielles pour le Sénat, le CRAES et d’autres instances de représentation institutionnelle. En outre, il serait aussi loisible de reconduire le Ministère des sénégalais de l’extérieur tout comme il serait urgent de réformer le Conseil Supérieur des Sénégalais de l’Extérieur pour le rendre plus utile.
Enfin, monsieur le président laissez-moi vous dire l’urgence de nommer un nouvel ambassadeur en Italie. En fait, l’Italie est le troisième pays d’accueil de nos compatriotes émigrés après la Cote d’ Ivoire et la France et elle le couloir le plus prolifique en termes de transferts de fonds. Ne serait-ce que pour toutes ces raisons il est difficilement compréhensible le fait que depuis quelques mois nous n’avons pas d’ambassadeur à Rome; En somme, l’Italie est un pays très important soit d’un point de vue de la gestion consulaire que du déploiement d’une nouvelle diplomatie du développement.
Son Excellence sur toutes ces questions je me permets d’espérer à des réponses rapides de votre part. En vous remerciant d’avance je vous prie de recevoir mes salutations les plus distinguées
Dr Aly Baba Faye
Expert en Sociologie des migrations
Rome – Italie
alyfay@hotmail.com
Aly Baba Faye