Monsieur le Président,

C’est avec une attention et une émotion indescriptibles que je vous adresse ces quelques lignes pour partager  avec vous mes préoccupations tout en  louant les actes salutaires que vous ne cessez de poser depuis votre accession à la magistrature suprême et la voie que vous arpentez pour hisser notre pays vers le développement. Ces propos sont loin d’être un panégyrique mais  témoignent d’une véracité émanant de votre démarche inclusive, de votre gestion transparente des affaires de la République et de votre neutralité notée dans des affaires pendantes, non encore élucidées par le pouvoir judiciaire.

Monsieur Le Président,

Notre pays est à la croisée des chemins, et depuis quelques temps  nous assistons, à une sorte de cacophonie et de manque de réaction préventive de la part de notre ministre de l’intérieur. Quid de son comportement dans la gestion des crises parfois inattendues, tributaires du contexte électoral ? Vous conviendrez avec moi que son rôle est d’assurer la sécurité des biens et personnes de tout bord sans aucun parti pris. Qu’est-ce qui explique, selon vous, le caractère presque débonnaire des ministres de l’intérieur qui se sont succédé sous l’air de la seconde alternance face  à des nervis et fanatiques qui font leur propre loi et sapent l’autorité de l’Etat, au vu et au su de tout le monde, sans aucune réaction efficace et efficiente pour protéger les citoyens ?

L’exercice du pouvoir politique ne saurait se réduire ni à la connaissance des règles théoriques qui la régentent ni à l’application empirique de la force. Elle requiert surtout une certaine habilité dans son exercice. Le malaise est bien réel. Les services de renseignements généraux fonctionnent-ils comme il se doit ? Depuis cette seconde alternance, les conflits entre le pouvoir spirituel et celui temporel ne cesse de plonger la République dans une situation assez délicate, et d’impuissance. Par conséquent il urge que les ministres de la République puissent trouver ce juste équilibre, pourtant nécessaire pour une cohabitation entre ces deux pouvoirs. Cette sempiternelle situation de conflit entre le pouvoir que vous incarnez et  celui spirituel ne date pas d’aujourd’hui. Toute cette logorrhée médiatique pernicieuse était distillée par le pouvoir sortant pour vous nuire et vous empêcher de remporter les élections au second tour. Cette agitation préjudiciable du reste et cette cacophonie aux antipodes du principe démocratique restent encore vivaces dans le landerneau politique.

Monsieur Le Président,

Ma conviction est qu’un très bon ministre de l’intérieur doit être nourri dans le sérail et savoir en tirer profit.

Les élections locales sont terminées et les urnes ont parlé. Elles doivent vous servir de baromètre pour les prochaines élections présidentielles car le peuple a besoin de vous, quoi qu’en puissent penser vos adversaires politiques. Et voilà qu’à peine nous sortons de celles –ci que le colonel  Abdoul Aziz Ndaw de la gendarmerie très au parfum des combinaisons secrètes de sa hiérarchie sort un brûlot incisif qui,  par conséquent, fait rebondir la problématique de l’éthique professionnelle de nos hommes de loi et par ricochet celui de la sécurité nationale. Mais son ouvrage « pour l’honneur de la gendarmerie » témoigne non seulement de l’acuité de la crise des valeurs mais aussi d’un besoin dévorant et insatiable, d’une cupidité effrénée d’acquérir des biens sur le dos du peuple de ceux sur qui repose notre sécurité. La sécurité , encore la sécurité.

Monsieur Le Président,

Le paradoxe est que ces scandales ne trouvent jamais l’épilogue escompté car souvent étouffés au nom du secret d’Etat ou par une simple mise au placard des hommes qui veulent soulager leur mauvaise conscience. Comment un Général peut –il être de connivence avec l’ennemi ? Quelle est la responsabilité du Président sortant ? Le colonel Abdoul Aziz Ndaw est –il d’une maladresse insigne en faisant toutes ces révélations ? Pourquoi le procureur de la République ne s’est –il pas autosaisi pour tirer cette  affaire rocambolesque au clair ? Il vous revient l’insigne honneur,  Monsieur Le Président, de veiller à ce que toute la lumière soit faite sur cette affaire abracadabrante qui frise la trahison. Par conséquent, il est aussi de votre devoir de bien méditer les actes que vous posez avec la classe politique qui vous entoure et surtout penser à votre peuple. « Toute aventure humaine quelque singulière qu’elle paraisse engage l’humanité toute entière » pour parler comme Jean Paul Sartre.

Monsieur Le Président,

C’est avec beaucoup de déférence que je prends congé de vous et vous  prie d’agréer mes sentiments distingués.
Je vous remercie Monsieur le Président

BAH FALL

 

Bah Fall

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