Situé au cœur de la zone agropastorale du Ferlo, le Djolof est un terroir d’élevage par excellence et est célèbre pour sa production de lait et de viande
.En effet cette activité qui occupe plus de 90/° de la population est le moteur de l’économie de la localité en plus de son importance sur l’économie nationale.
Aujourd’hui, plusieurs facteurs combinés semblent menacer l’avenir de cette activité.
Le département de Linguère, de par son étendue, son relief et sa végétation herbeuse bénéficie d’atouts naturels qui ont étés jusque-là favorables à l’élevage,et qui ont permis à la localité de fournir en grande partie le reste du pays en viande .Ainsi, toutes les recettes des collectivités locales du département de Linguère dépendent de l’élevage
L’activité est caractérisée par son mode extensif et la transhumance a pendant longtemps assuré la survie des bêtes en saison sèche.
Pour accompagner le secteur, dès l’indépendance, l’état a mis en place des infrastructures comme le Ranch de Dolly, le Centre de Recherche Zootechnique de Dahra et des forages. Ce processus s’est consolidé avec les pistes de production et une centaine de forages installés par le PUDC pour mettre un terme au problème de l’eau. La clôture de la réserve de Dolly a fini de faire de cette espace un vaste pâturage sécurisé en période de soudure.
Ce processus a aussi été soutenu par des programmes liés à la protection épidémiologique et à la gestion sanitaire du bétail ; des postes vétérinaires sont implantés un peu partout et des campagnes de vaccination fréquentes sont programmées pour assurer la santé animale. Des efforts ont également été notés dans l’amélioration génétique avec l’insémination artificielle
L’élevage a ainsi connu un essor considérable ces dernières années avec l’accroissement du cheptel l’amélioration des races et de la production suffisante en lait et en viande avec la mise en place d’abattoirs et d’unités de transformation.En grande partie l’économie du djolof dépend du développement de l’élevage véritable vache laitière du développement.
Cependant le développement et l’urbanisation des localités comme Dahra et Linguère a engendré de nouveaux défis qui mettent en péril ce secteur important de la vie sociale et économique du djolof.:
En effet le développement de l’élevage a consolidé la position de carrefour de Dahra .qui ; profitant de sa proximité avec la cité religieuse et commerciale de Touba a connu une accroissance démographique extraordinaire durant ces deux décennies. Ainsi, de son statut de village, Dahra est devenu chef-lieu d’arrondissement puis commune en 1990 et sa population peut être estimée aujourd’hui à environ cinquante mille habitants
:L’extension de la ville a considérablement diminué l’espace cultivable et celui du pâturage et le mode de vie urbaine a favorisé la production de d’déchets dans une localité qui ne s’est pas très tôt préparer è s’adapter à son urbanisation :la production d’ordure est importante et aucun programme sérieux n’est mis en place pour la gestion de ce phénomène naturel chez l’homme d’où la prolifération de dépôts sauvages où les animaux sont obligés de brouter vu l’étroitesse et le manque d’espace approprié pour leur survie avec comme conséquence la prolifération de maladie comme la peste et l’intoxication par des aliments inappropriés.Ainsi le mode d’élevage qui existait jusque-là dans les villes de Linguère et Dahra ne semble plus pouvoir s’accommoder aux changements :engendrés par l’urbanisation.
Si l’on sait l’importance de l’activité pastorale dans ces localités :des inquiétudes et des questionnements peuvent être soulevés sur l’avenir de l’élevage dans ces deux ville .Au niveau départemental on peut constater également d’autres menaces qui :si elles ne sont pas résolues :contribueront ou au déclin de l’élevage
L’insuffisance du tapis herbacé au moment où le cheptel augmente constitue un frein à l’essor de cette importante activité que représente l’élevage. En effet la couverture végétale du terroir déjà très fragile de par sa composition et sa constitution subit diverses menaces dont les feux de :brousse, l’exploitation abusive des ressources avec la fabrication du charbon et l’ avancée du désert combinés aux effets d’une urbanisation sauvage incohérente et qui ne tient pas compte du potentiel économique et écologique de la localité.Cela fait que dès les premiers mois de la sécheresse ,l’herbe cède la place à une vaste étendue sableuse que le moindre souffle de vent charrie sur les hommes et le bétail. A côté de ce phénomène il faut noter l’accroissement des surfaces cultivables et l’accaparement des terres par des privés nationaux ou étrangers (AzilaGumCompagny ). La nourriture naturelle du bétail est ainsi hypothéquée.
E n cette période de l’année les bêtes souffre de faim. Le foin de paille d’arachide acheminé par camion des régions du Saloum coûte de plus en plus cher ; le sac s’échange en ce moment à trois mille francs mais le prix peut aller à cinq mille ou plus d’ici l’hivernage. Pour pallier cette difficulté, l’état a depuis quelques années subventionné le prix de l’aliment de bétail. Cependant il est aisé de remarquer que cette subvention arrange plus le lobby d’hommes d’affaire s qui se sont jetés sur la commercialisation de ce produit. Le sac se vend actuellement à sept mille cinq cents francs et va bientôt atteindre la barre des dix milles. Les éleveurs semblent être à la merci des commerçants et autres businessman qui gèrent le commerce de l’aliment de bétail industriel. Ce secteur est si florissant qu’il a franchi nos frontières avec l’importation de milliers de tonnes de tourteaux de coton du Mali que des camions déchargent quasi quotidiennement à Dahra.
Ainsi les efforts consentis par les populations du djolof et par l’état semblent s’envoler pour enrichir de particuliers.
Le vol de bétail constitue l’autre épée de Damoclès sur la tête des éleveurs du djolof .En effet malgré l’ouverture des postes de gendarmerie de Yang yangDealy et la présence de l’escadron d’intervention ;le vol de bétail continue de ruiner les éleveurs .Parmi les causes de ce phénomène qui connait de l’ampleur on peut noter l’urbanisationavec la prolifération des restaurants et étals de viande surtout durant le week end qui coïncide avec le marché hebdomadaire et la proximité avec la ville sainte de Touba ou les cérémonies religieuses offrent l’occasion d’écouler facilement du bétail volé
Il est urgent pour l’avenir de ce secteur important que les collectivités locales les acteurs et l’état organisent des assises au sortir desquelles on repensera l’élevage du djolof face aux enjeux de développement et d’émergence auxquels aspirent les villes du département de Linguère.
Baba Lissa Ndao , Conseiller municipal, SG LD/ Dahra
Tel :77 615 22 89