L’Ecole Sénégalaise est malade et les maux qui la gangrènent sont de plusieurs ordres. Le mal le plus profond est causé par un refus manifeste de faire de l’éducation la première et la principale priorité. Tous les Etats développés ont commencé par régler la question de l’éducation de leurs enfants. On ne pourra jamais faire du Sénégal un pays émergent tant que la problématique de l’école reste reléguée au second plan. Nelson Mandela disait : « l’éducation est l’arme la plus redoutable pour transformer le monde. » Les autorités en charge du système éducatif soutiennent que des milliards y sont investis mais il est désolant de constater que les résultats sont, jusque-là, bien maigres. Des abris provisoires continuent d’exister, des milliers d’enseignants attendent d’être formés, des PCEM (Professeur de Collège d’Enseignement Moyen) tiennent des classes de Terminale, faute d’enseignants qualifiés, des proviseurs à la retraite reprennent la craie, des professeurs d’économie dispensent des cours de mathématiques, des sociologues enseignent la philosophie aux élèves, les fonds alloués aux établissements scolaires sont, depuis 2012, divisés par six.
La quasi-totalité des enseignants est dans l’angoisse à cause d’une très mauvaise gestion des carrières professionnelles par les Ministères de tutelle, notamment celui de la Fonction Publique et celui de l’Education Nationale. L’Etat doit à chaque enseignant un rappel et au Ministère de l’Economie et des Finances tout porte à croire que les priorités sont ailleurs. Tous les enseignants se trouvent dans une insécurité financière car les salaires sont stationnaires depuis cinq ans au moment où la vie est de plus en plus chère. Cette situation ne peut pas prospérer sans conséquences néfastes : le niveau des élèves en a pris un sacré coup ; les résultats des examens sont de plus en plus faibles. Ces derniers ne peuvent même pas être organisés correctement. Si ce ne sont pas des fuites à grande échelle, c’est de la tricherie orchestrée.
Au demeurant, les autorités menacent de radier les enseignants dont le seul tort est de réclamer le respect des engagements pris. D’autre part, ces mêmes autorités tentent de crédibiliser un examen du baccalauréat dont certaines épreuves étaient, à l’avance, à la possession des candidats.
Il est vraiment grand temps de prendre l’Ecole Publique Sénégalaise au sérieux en sortant des tiroirs les conclusions des différentes Assises de l’Education et de la Formation et en acceptant d’accorder à l’enseignant sa dignité d’antan.
Il est vraiment grand temps de se rendre compte qu’on ne peut pas résoudre les maux de l’école avec des mots. Les fonds dont on dit investis dans le système doivent être mieux gérés et repartis plus équitablement et plus démocratiquement. Certains fils du pays continuent d’étudier dans des abris éternellement provisoires alors que d’autres sont logés dans des écoles modernes.
Il est vraiment grand temps d’arrêter de crier sur tous les toits que les enseignants ne représentent qu’un pour cent (1%) de la population et consomment tout le budget national.
« Si l’éducation coûte cher, essayez l’ignorance », disait Voltaire.
Samba Diama TOP, professeur.
Donguirodji04@gmail.com

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