Suite à la vaste supercherie découverte par le Ministre de l’Education Nationale, après une enquête interne et des vérifications minutieuses des notes et des copies des candidats recalés faisant suite aux rapports de carence des différents directeurs des études des Efi , un coup de filet est plus que nécessaire pour appréhender ces prévaricateurs de l’éducation qui à force de magouilles , ont fini inlassablement par clouer le système éducatif sénégalais. Cette fraude éhontée concernant 690 élèves –maitres, pistonnés par des filous qui se servent de leur statut social discrédite le bureau des examens et concours et jette ainsi la suspicion sur l’ensemble des concours organisés par le BEXC (Bureau des examens et concours).
Subséquemment à ces pratiques népotistes, émanant de gens véreux, qui ne pensent pas qu’à s’enrichir à la barbe de leur employeur, c’est – à dire L’Etat, il va sans dire que l’une des explications de la baisse drastique du niveau de nos élèves trouve une explication à partir de pratiques mafieuses qui n’ont que trop duré.
IL est aussi vrai que l’Etat dans un souci d’équité et d’atteinte à l’objectif de la scolarisation universelle ne s’est pas attelé formellement à la formation des enseignants recrutés par des voies peu classiques. C’était la porte ouverte à toutes les fenêtres : le clientélisme politique et le pouvoir de l’argent par des démarcheurs, des rabatteurs avides l’emportaient sur le profil des candidats à recruter pour la bonne cause, qui consiste à ne laisser aucun enfant en âge d’être scolarisé.
Au Sénégal, on se rappelle les politiques d’ajustement structurel sous le Régime socialiste où les institutions internationales définissaient elles- mêmes les critères d’une bonne administration publique. Par conséquent la privatisation du service public était une des conditions pour prétendre bénéficier de l’octroi des prêts ou du rééchelonnement des dettes de la part des bailleurs. L’état était dans l’incapacité totale de recruter des agents dont on il avait besoin. Et il fallait faire appel à des diplômés des universités pour faire face à cette situation.
La formation tant souhaitée et exigée par les syndicats d’enseignants achoppent sur des difficultés financières et tardent souvent à se réaliser et au cas échéant elle se fait souvent à distance ou par regroupement de cohortes durant une période presque éphémère, qui dure trois ou quatre semaines pour ne pas parler de formation au rabais .Les inspecteurs ou corps de contrôle se trouvent parfois mal lotis en matière de logistique pour pouvoir se déplacer dans le cadre du suivi permanent et du contrôle adéquat pour mieux outiller les enseignants, laissés à eux –mêmes et qui dispensent les cours comme cela leur chante. La qualité de l’enseignement passe avant tout par une bonne formation.
Le certificat d’aptitude pédagogique était méritoire et il arrivait jadis que des enseignants lui courent après plusieurs tentatives. Mais, aujourd’hui, il semble même que l’on exige des espèces sonnantes et trébuchantes aux futurs candidats pour leur octroyer dans les formes de l’art ce fameux sésame. Le susurrement de ces critiques est audible dans le milieu scolaire. Et cela fait deux ans que les inspecteurs de l’Education et de la formation sont en grève plombant par conséquent le système éducatif sénégalais. Le boycott des examens du CAP, CEAP, et des séances d’animation pédagogiques, et j’en passe, influe très négativement sur la formation des enseignants, sur leur carrière professionnelle et qui a pour corollaire la baisse de leur efficacité et productivité .L’Etat continue de jouer au chat et à la souris et s’emmure dans un silence assourdissant même si par ailleurs la récente tenue des assises de l’éducation semble être un bémol à la clé pour tenter de diagnostiquer les maux dont souffre le système éducatif. Comment peut –on exiger de la qualité sans mettre les inspecteurs de l’Education et de la formation, maitres d’œuvre des réformes pédagogiques, dans des conditions assez optimales pour booster cette exigence de qualité tant vantée par le PAQUET ? (Programme d’Amélioration de la Qualité, de l’Equité et de la Transparence)
La plupart des élèves du cycle élémentaire ont du mal à comprendre les consignes des exercices étant entendu que les cours, l’apprentissage se fait dans des conditions peu orthodoxes par les enseignants et le plus souvent dans une langue vernaculaire autre que celle du français. Les enseignants et enseignantes dans leur écrasante majorité, selon l’avis des inspecteurs ne maitriseraient pas la réforme curriculaire et les formats d’évaluation par l’approche par les compétences (APC). Un examen radiographique est plus que nécessaire car notre système éducatif est gangrénée de l’intérieur et que la découverte de cette supercherie n’est qu’une partie visible de l’iceberg et que les résultats catastrophiques aux examens du CFEE et de l’entrée en 6e corroborent ce malaise.
Le cycle moyen souffre lui aussi d’un manque criard de professeurs dévoués et les jeunes enseignants souvent des vacataires ou professeurs contractuels pour la plupart sans formation se trouvent désarmés devant les potaches et livrent souvent un enseignement très vertical et peinent à leur expliquer des notions clés en mathématiques, en physique, en chimie, et en sciences de la vie et la terre. Et le français qui est la langue d’enseignement ne s’enseigne plus par le biais des textes et des techniques d’écritures indispensables pour la capacitation des potaches. De fastidieux cours de grammaire et d’orthographe se substituent à son enseignement à longueur de journée. Les techniques d’évaluations au BFEM restent caduques eu égard à la réforme curriculaire entamée depuis 2013 à l’élémentaire. Comment promouvoir un enseignement plus axé sur les filières de sciences si l’on ne dispose pas de professeurs de sciences bien formés ? Les inspecteurs de spécialité s’il en existe vraiment descendent rarement sur le terrain ou restent confinés dans les centres urbains et sont également confrontés à des problèmes de logistique. Or l’Education a un cout même si l’Etat se targue de consacrer plus de 40/° du budget à l’Education. Elle est une compétence transférée aux collectivités locales. Ces collectivités locales ont –elles les moyens humains et financiers d’une politique de développement local ayant comme une des priorités, l’éducation ? L’intervention des communes dans la gestion des écoles tarde à connaitre les effets positifs auxquels l’on s’attendait. Paradoxe des paradoxes, les résultats ne suivent pas.
Les maux dont souffre le cycle fondamental d’éducation de base sont multiformes et variés mais il ressort que la formation des enseignants et l’amélioration des conditions de travail des inspecteurs afin de mieux prendre en charge le profil de sortie du cycle fondamental demeurent nécessaires pour sortir de l’ornière et prétendre avoir une quelconque fortune.
Bah Fall