Il est des moments dans la vie politique, où les choix s’entrechoquent et se contredisent, et où la perception d’un leader par son peuple tient juste à la valeur que les uns et les autres donnent aux choix opérés. Nous sommes d’avis tous je le crois, que l’éthique est le résultat qu’on obtient quand nos actions et nos paroles politiques, sont compatibles, c’est à dire quand le dire et le faire politique sont en parfaite adéquation. Cette symbiose d’une œuvre en mouvement perpétuel, est possible dans un monde virtuelle ou la politique revêt, de façon inamovible, son manteau de gérant d’une cité ou les hommes imaginaires, seraient des prototypes d’humanoïdes chargés de sagesse à toute épreuve et où les protagonistes politiques s’affronteraient dans un cadre sain et responsable. L’éthique au sens de Weber, comme me l’a rappelé un brillant ami ce matin, ne souffrirait pas dans cette hypothèse, d’une probable confusion entre l’éthique de conviction et l’éthique de responsabilité, car il serait alors possible à tout leader, de pouvoir mesurer la portée en bien ou en mal, de ses paroles et de ses actes politiques.
Quand Wade « verrouillait » notre constitution pour qu’elle ne permette pas plus de deux mandats, il avait la conviction au moment de le dire en 2007, qu’il n’aurait aucun mal à trouver un successeur accepté par le peuple sénégalais. Du haut de son piédestal, le père Wade avait idéalisé son fils au point d’oublier nos lourdeurs de sénégalais, remplis de principes et experts en tout. Il n’avait pas imaginé alors qu’il se retrouverait à devoir faire du « Wakh Wakhet » pour essayer d’avoir un mandat de trop, même s’il avait réussi malgré tout la prouesse de se représenter.
Mon esprit de sénégalais révolté d’alors, ayant marché et prié ce fameux vendredi de la mort de Mamadou DIOP à la place de l’obélisque , avait conclu que le conseil constitutionnel n’était là que pour le pouvoir et qu’il fallait battre Wade aux urnes, loyalement. Ce fut fait et le peuple vota Macky en 2012 .
Il n’y a pas à dire, Macky SALL au moment de sa promesse d’appliquer une durée de cinq ans au mandat de 7 ans que lui donnait le peuple souverain, se sentait tellement en phase avec ce peuple qu’il était certain de pouvoir tout faire. Je ne doute pas, à la visualisation de certaines sorties vidéo de ces moments là, qu’il croyait comme n’importe quel citoyen révolté de la candidature de Wade, que le conseil constitutionnel s’était fourvoyé et qu’il n’était finalement qu’un outil du pouvoir exécutif du moment.
Jamais avant la déclaration du Président hier soir je n’avais éprouvé le besoin d’aller lire la réponse du conseil constitutionnel au troisième mandat de Wade, et à cette promesse de réduction du mandat de Macky SALL. Je me suis au contraire exercé, à l’aune de mon responsabilisme, de philosopher avec quelques amis sur l’éthique de Weber, de manière de manière à enfoncer, ou au contraire expliquer pour dédommager, la posture prise par le Président. On rivalise d’ardeur sur Facebook et sur les radio web pour arriver à convaincre du reniement ou du bien fondé de la position de Macky SALL. Tout y passe et les explications et certitudes ne manquent pas quand le peuple connecté se met en guerre.
Mais au-delà des invectives et expertises en ligne, il faut bien se dire que le conseil constitutionnel s’est positionné, et pour la postérité, comme le plus haut organe de décision juridique de ce pays. La jurisprudence d’hier signifierait donc clairement, que ses avis sont des décisions et qu’ils interviennent sans possibilité de recours. Ce conseil que nous avions détesté et mal compris au moment de la candidature de Wade, est resté tout compte fait cohérent, et crédible, et il n’est point besoin d’être juriste pour comprendre le sens de sa décision sur le mandat : les réformes constitutionnelles et généralement juridiques s’appliquent toujours à un avenir immédiat. Il n’est d’ailleurs pas si difficile de comprendre qu’on ne change pas les règles du jeu pendant une partie.
Ainsi le serment de Macky SALL prenant le pouvoir, a eu le dessus sur cette promesse faite de bonne foi consistant à réduire son mandat, reste à savoir si le peuple se sent trahi ou non comme d’aucun veulent le faire croire. 2019 nous le dira inchallah, car le peuple aura encore le dernier mot.
Pape SARR
Duc de Diapal