Le scrutin du 26 février, contre toute attente, s’est déroulé dans le calme et la tranquillité la plus paisible. Encore une fois, le peuple sénégalais a démontré à la face du monde, qu’il était un peuple mature et qu’il savait se transcender et prendre de la hauteur malgré les soubresauts et autres crispations qui pourraient être interprétées comme les maladies infantiles de la démocratie.
Le seul véritable gagnant de cette journée du 26, c’est sans conteste le peuple sénégalais qui a apporté la preuve la plus éclatante qu’il reste et demeure le peuple leader en matière d’expérience démocratique en Afrique. Malgré les prévisions les plus apocalyptiques des cassandres de tous bords, prompts toujours à enfourcher les chevaux du déluge pour venir visiter notre pays. Comme ça été aussi le cas en 2000 entre les deux tours de scrutin. Eh bien ! Messieurs les catastrophistes, il en sera toujours ainsi dans ce pays de croyants aux traditions pacifistes et conviviales séculaires. Que ceux qui, par un jugement hâtif et expéditif voyaient notre vie démocratique dans une abysse sans fond, reconsidèrent leurs copies. Ils avaient sans doute oublié dans leurs hypothèses de base une prémisse essentielle constituée par notre sens élevé de notre volonté commune de vie en commun tel que Senghor aimait à le théoriser. Et sans laquelle, une nation n’est qu’une colosse aux pieds d’argile prête à céder à la moindre bourrasque. Et les exemples, malheureusement, font foison en Afrique.
S’il ya une leçon à tirer et capitaliser absolument dans ce scrutin du 26 février, c’est que la souveraineté appartient au seul peuple. Quand elle est exprimée, aucune autre voix, fusse t elle celle très assourdissante des « y en a marristes », par défaut de légitimité, sans doute, ne peut plus porter. C’est, certainement, sur cette clairvoyance d’esprit qu’a pu s’appuyer un candidat comme celui de la coalition Macky 2012 pour ravir à ses autres concurrents qui pensaient réussir leur pari en centrant toutes leurs stratégies de combat dans la lutte physique contre la candidature du président sortant .Adoubé par des juges constitutionnels aux ordres parce que corrompus avec des moyens bassement matériels. Cependant le faible score enregistré par ces candidats dits de la place de l’indépendance ne doit pas faire non plus qu’on les lapide tous azimuts. Ce serait, pour le camp des légalistes, manquer de reconnaissance et de gratitude à ces braves qui se sont faits harakiri au nom de principes qui valent de livrer tous les combats de ce monde. Car le respect de la constitution dans une démocratie et dans un Etat, qui se veut de droit et donc soumis au droit peut et doit être accroché au promontoire des combats dits existenciels.Ce refus frontal avec à la clé la mort de plusieurs jeunes méritoires du panthéon des martyrs de la démocratie sénégalaise a sans doute contribué à ce sursaut patriotique des sénégalais pour signifier à la CEDEAO et à l’UE que la longue tradition démocratique sénégalaise n’a pas besoin de l’arbitrage même des philosophes des lumières pour se sortir d’une convulsion d’éparses à fortiori de celui d’un ancien putschiste entré dans la religion démocratique moins par conviction optionnelle que par pur conformisme de temps et de contexte.
Dans l’intermède de la campagne électorale, la fierté patriotique des sénégalais où qu’ils se trouvent, était en berne. Mais au soir du scrutin jusqu’à cet instant où tout le monde se prépare fiévreusement au second tour, cette fierté, non seulement est retrouvée, mais devient sans doute plus prégnante et plus brillante que jamais. Cependant, ne cédons pas à l’espoir béat, la garde doit être de mise pour que le processus se poursuive jusqu’à son terme sans heurts importants et sans anicroches inutiles. C’est à cette condition seulement, que nos acquis démocratiques que nos anciens ont mis des temps et des temps à construire, pourraient être préservés. Le jugement bienveillant que les générations futures auront à porter sur celles d’aujourd’hui sera à ce seul prix. Pour le reste, je continue à faire confiance au peuple souverain. O PAYS MON BEAU PEUPLE disait le poète !