Toisé par les uns et rejeté par les autres, Mamouth Saleh pose un réel problème dans la jungle politique où il se fourvoie de plus en plus. Il est vrai que le mammouth est une espèce en disparition, utilisant une symbolique surannée.

IL EN EST jusqu’à Mame Mbaye Niang. Le ministre de la Jeunesse a peut-être compris la nécessité de la moralisation du jeu politique en s’en tenant à ce qui pourrait être un Mammouth en voie de disparition qui est apparu devant lui en plein troisième millénaire, après avoir envahi l’espace politique depuis l’An 2000, principalement.
Avant lui, des plus sanguins (Moustapha Lô et, curieusement, le professeur Cheikh Kanté) aux plus racés (Seydou Guèye et Macky Sall lui-même, via Ousmane Tanor Dieng du Parti socialiste), de tout l’éventail politique sénégalais, presque tous ont titillé le directeur de cabinet politique du président Macky Sall. L’anarcho-communiste qui a été de tous les régimes post-2000 a visiblement un problème de positionnement sur l’échiquier politique sénégalais ; toisé par les uns, éreinté par les autres, Mamouth Saleh doit bien se demander dans quelle galère il a embarqué après la victoire de Macky Sall en 2012 : lui, le plus grand théoricien de tous les temps, lui, le penseur rampant, assis, debout, courant est un incompris.
A l’intérieur de l‘Alliance pour la République (Seydou Guèye, Mame Mbaye Niang, Cheikh Kanté) comme à l’extérieur (Ousmane Tanor Dieng du Parti socialiste), tous déplorent le caractère exclusiviste, sectaire d’un homme qui s’est pourtant voulu inclusif, cherchant jusques et y compris auprès du président Wade un cercle concentrique réussi usant la gent libérale du Sénégal.
L’idéologie n’est donc pas loin : d’accord pour une famille à sensibilité commune, Mamouth Saleh serait plus intolérant pour les autres, qui ont combattu la gauche au sens large pendant les terribles années de la coloniale et qui ont continué à afficher un anti-communisme primaire tout au long des années d’indépendances. Le vieux réflexe est là, vérifié même en France dans la période de fin de règne de François Mitterrand et que l’on peut aujourd’hui aussi entonner face à un timoré pouvoir de la gauche hollandaise : « Au secours, la Droite revient ! »
Saleh en déphasage idéologique mais non historique ne semble rien comprendre à une société où le pouvoir éclaté est facteur de stabilité politique depuis le début des années 90 avec la majorité présidentielle élargie de Abdou Diouf. Et c’est peut-être tout son drame intérieur, sa déchirure morale qui le ramène aux années de Sékou Touré où il voit la cinquième colonne partout.
Pathé MBODJE,
M. Sc, Journaliste, sociologue

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