La pratique du sport, de nos jours, rime avec la violence sous toutes ses formes. En effet le derby tant attendu et ayant opposé deux équipes rivales à savoir l’ASC Manko et l’ASC Dandé s’est terminé par une bataille rangée entre les supporters des deux bords et des joueurs dans le terrain et en dehors. Ces pratiques dignes du hooliganisme qui utilise l’affrontement voire la violence pour exprimer la haine de l’autre vont à l’encontre de la place que le sport devrait tenir. Le sport est un langage universel par excellence et il doit plutôt rassembler que diviser. C’est un moyen d’accéder à l’autre, de le comprendre par le biais d’un jeu commun.
Qui ne se rappelle pas la rencontre entre les USA et l’IRAN pendant la coupe de foot dans un contexte politique très tendu où les joueurs ont tous fait preuve de fair-play et de respect mutuel. Pourquoi alors à chaque fois ces deux équipes jouent qu’il y ait autant de violence et de suspicion avant et après match ? Pourtant l’histoire du mouvement « navétanes de Dahra » ne date d’aujourd’hui et la liberté de jouer dans une équipe autre celle du quartier a toujours existé. Cette école de la vie jadis dans laquelle se sont abreuvés nos ainés et qui ont marqué de par leur talent le mouvement navétanes n’est plus apparemment un référentiel pour les jeunes sportifs en herbe et amateurs qui n’acceptent plus la défaite.
Le sport est pour eux surtout le lieu de résurgence des clichés et des stéréotypes inamicaux. C’est un constat à la fois amer et navrant. Qu’est-ce qui explique ces pulsions guerrières chez les jeunes comme si jouer au foot est finalement un moyen détourné de faire la guerre ? La pratique du sport est une activité ludique et divertissante qui permet d’entretenir sa forme physique et mentale, est aussi un vecteur de socialisation et d’intégration important au même titre que l’école. Les dirigeants de la zone A ont péché par manque d’esprit d’anticipation sur ce match aux relents de derby « fratricide » vu la légèreté du dispositif sécuritaire.
Le comportement aussi des joueurs est lamentable dans le terrain et en dehors et l’arbitrage aussi est souvent d’un caractère assez pusillanime et d’ailleurs ils sont à l’origine souvent de la situation paroxystique de la tension psychologique à la fois excessive dans l’enceinte du terrain. N’avons pas assisté perplexes à des insultes de joueurs dans l’enceinte du terrain pour montrer leur désapprobation des décisions arbitrales sans que la réglementation ne leur soit appliquée ?
On ne peut être juge et parti et le mouvement « navétanes » de Dahra souffre plus de cet état de fait que d’autre chose. Quand est-ce nos dirigeants vont –ils arpenter cet élan vers l’esprit sportif car ils doivent donner l’exemple aux jeunes ? Les ASC jouent –elles leur rôle de formation d’autant plus que la pratique du football doit être une opportunité d’apprentissage de la vie en société, des règles élémentaires : respect d’autrui, tolérance, apprentissage de la défaite, esprit d’équipe et surtout de solidarité. Cette école de la vie où évoluaient bon nombre de pionniers du mouvement « navétanes de Dahra » je veux citer Boubou Guissé, Matar Wade, Sassy Diop, Sidy Diop, Ameth Fall, Dahi Cellé KA, Samba Ka , Père Bass Ismaël Zossou et j’en passe …doit impérativement renaitre et faire corps avec la vision mythique et idéaliste de Pierre de Coubertin , parisien du 19e siècle qui prônait l’éducation par le biais du sport. « Le sport, dit –il, ouvre à l’égard du caractère deux sources de perfectionnement. Il ne peut s’accommoder ni du mensonge ni du découragement. »
On peut affirmer que la pratique du sport en tant que loisir ne peut être que profitable dans une perspective de libération des anxiétés et des carences physiques de l’être humain. Et chacun est seul juge de ses actes mais si la passion est présente, il faut aller au bout de ses rêves tout en essayant de ne pas entrer dans l’engrenage de la violence et de l’obsession de la victoire.
Bah Fall