N’y a-t-il pas aujourd’hui « un modèle d’emploi assez éloigné de l’image que l’on peut se faire de l’emploi décent » ? Notre société a du mal à reconnaître la précarisation croissante du statut même de travailleur.
Depuis le milieu du XXè siècle, la pauvreté a changé de visage et ses causes se sont diversifiées. Elle ne concerne plus seulement les personnes sans emploi, qu’elles soient en situation de chômage de longue durée ou retraitées, pour lesquelles elle a d’ailleurs significativement reculé. La pauvreté touche désormais une population plus jeune, et plus proche du marché du travail. On entend ainsi parler de « nouveaux pauvres » ou de « travailleurs pauvres » pour désigner ces personnes qui, bien que socialement intégrées, notamment par un emploi, ne sont pas à l’abri de la pauvreté, ni des difficultés qui la caractérisent.
L’expression « travailleurs pauvres » est employée pour désigner des personnes qui travaillent mais vivent dans un ménage pauvre, quelles que soient les caractéristiques de l’emploi qu’elles occupent (niveau de salaire, temps de
travail…)
L’ampleur de la pauvreté des travailleurs varie selon l’approche retenue pour définir la pauvreté (monétaire ou par les conditions de vie) et le critère utilisé pour la mesurer.
Cette situation est essentiellement un problème de sous-développement caractérisé par une forte proportion des emplois dans le secteur informel (91%), couplé d’une faiblesse des emplois salariés estimés à 25,4%, la situation de l’emploi oblige les sénégalais à accepter de travailler pour des postes et des salaires bien en deçà de leur niveau d’étude. Une situation qui fait ressortir un sous-emploi réel dans lequel 67% des sénégalais travaillent pour des revenus inférieurs au SMIG (Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti) qui est fixé à 33.456 FCFA.
Si les emplois augmentent et parallèlement les emplois de mauvaises qualités prennent de l’ampleur, c’est que les secteurs productifs qui tirent à la hausse la croissance du Sénégal, n’offrent pas aux travailleurs des emplois de qualité. En outre, la répartition sectorielle des emplois indique que seulement 13% des emplois sont fournis par le secteur industriel. Ces chiffres montrent clairement que la situation de l’emploi au Sénégal reste essentiellement une question de sous-emploi.
Face à cette situation, le gouvernement devrait faire la promotion de l’entrepreneuriat moderne qui permet par ailleurs, de sensibiliser les acteurs du secteur informel sur la nécessité d’utiliser une main d’œuvre de qualité et de lui garantir des conditions de travail décentes à travers une rémunération conséquente. Cela pourrait se faire, par des subventions ou incitations pour les opérateurs du secteur informel qui prendraient des mesures pour l’amélioration de la qualité du travail.
Pour lutter contre le sous-emploi, l’autre solution est l’accès au financement, notamment l’accès aux crédits à moyens et long terme. Il faudra être capable d’identifier les activités qui ont un fort contenu d’emploi et faire la promotion de ces activités.
Cette fête vient rappeler à notre mémoire collective l’importance que revêt le travail dans la vie de chacun individuellement et collectivement. C’est aussi l’occasion pour chacun, au-delà des revendications légitimes qu’il pourrait y avoir d’apprécier sainement la situation actuelle du pays et de s’engager dans le travail de manière à faire en sorte que notre bien commun qui est SENEGAL, renoue véritablement avec la croissance.
Bonne fête à tous !
Patrice SANE, travailleur pauvre
Militant APR, membre CCR