De plus en plus, la prégnance des organisations de la société se fait remarquer sur la scène politique et médiatique du Sénégal.
Les dernières élections présidentielle et législative révèlent la ferme volonté des organisations citoyennes d’accéder au pouvoir ou de participer à la gouvernance du pays. Est-ce la vocation de la société civile dans une jeune démocratie comme la nôtre ?

Face aux dérives du régime de l’alternance, la société civile s’est illustrée par ses prises de position radicales. Elle a dénoncé la gestion gabégique des ressources, l’injustice et l’impunité, le népotisme et l’irresponsabilité du pouvoir en participant à toutes les manifestations populaires si elle ne les a pas suscitées.

Ainsi son rôle a été fort apprécié lors des Assises nationales ; ce grand forum de réflexion sur les maux qui gangrènent notre pays de l’indépendance à nos jours et dont les parties prenantes  s’étaient engagées à s’approprier  les Conclusions et à les appliquer  dans la vie de leurs instances respectives et dans la conduite de l’Etat une fois  au pouvoir.  Qu’en est-il aujourd’hui ?

Cette démarche de la société civile avait même poussé le Président WADE à remettre en cause ces mouvements qu’il qualifiait de partis politiques encagoulés.

Toujours est-il  que la société civile a joué un rôle prépondérant dans la chute de son régime mais cela fait-il pour autant de ses différentes composantes des partis politiques : dans la majorité ou dans l’opposition ?
Malgré le flou qui entoure la notion, la société civile désigne des organisations qui, indépendamment de l’Etat, mènent des actions de développement pour l’amélioration des conditions d’existence des populations. Elles sont devenues aujourd’hui des acteurs importants dans la mise en œuvre des programmes de développement en complément de l’action des pouvoirs publics. Les OSC partagent un certain nombre de valeurs dont le respect de la dignité humaine et la garantie des droits fondamentaux, l’éthique et la transparence dans la gestion des affaires publiques. Ces exigences les opposent souvent au pouvoir dans les pays où la démocratie est en construction comme c’est le cas au Sénégal.

En effet, malgré sa longue tradition électorale qui remonte à l’époque coloniale, le Sénégal a une jeune démocratie. Aussi bien sur le plan institutionnel que constitutionnel, des réformes sont à entreprendre pour accroître et garantir l’effectivité des droits et libertés  tout comme l’équilibre et l’indépendance des différents pouvoirs. Ce processus nécessite l’accompagnement de l’Etat, la facilitation du dialogue avec l’opposition mais également l’éveil de conscience des citoyens. Cette tâche, la société civile peut la mener à bien mais cela suppose qu’elle soit à équidistance des différents protagonistes et autres acteurs de la vie sociale et politique.
L’engagement dans les combats pour les libertés et la démocratie ne doit pas conduire les organisations de la société civile à s’engager pour la conquête du pouvoir ou à chercher à participer à sa gestion. En s’engageant dans cette voie, elles dévient de leur voie naturelle qui est et qui doit rester la quête de la paix, du développement et de l’équilibre sociale.

Que la société civile ait contribué par son engagement à la défaite du Parti démocratique sénégalais peut être accepté vu la dégradation de la situation sociale et économique et la remise en cause des  socles sur lesquels reposent la stabilité qui caractérise le Sénégal. En effet, le parlement était  à la solde du pouvoir, la justice manipulée et impliquée dans des feuilletons politico-judiciaires interminables et l’armée embourbée dans le conflit casamançais.

Aujourd’hui, la page doit être tournée et chaque acteur de la vie sociale doit jouer le rôle qui est le sien. Que les partis politiques réunis autour de Benno Bok Yakaar gouvernent, que les autres s’opposent et que la société civile joue son rôle d’alerte, de veille et de régulation mais aussi d’accompagnement de la population pour la consolidation de la décentralisation pour bâtir une démocratie solide.

En choisissant de renforcer le  nouveau pouvoir par l’entrée dans la gouvernance et l’acceptation de strapontins, la société civile conduira le pouvoir vers des dérives car il faut le reconnaître l’opposition est quasi inexistante et trop de pouvoir nuit le pouvoir

La société civile doit se ressaisir et rester dans son rôle de contre-pouvoir quand la situation l’exige. A cet égard, la RADDHO  est à féliciter alors que Y’en a marre et les autres sont interpellés

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