Depuis quelques temps, nous assistons au psychodrame sénégalais autour de l’enrichissement illicite. Cette théâtralisation de l’espace politique sénégalais a pris le dessus sur tous les projets de société devant nous permettre de redresser « Sunugaal » et de déterminer les priorités dans la démarche de recherche du chemin de l’émergence. Beaucoup trop de personnes sont pointées du doigt, tous d’anciens dignitaires du régime prédateur des Wades qui ont réussi (Paabi, Domyi, Sokhnasi) la prouesse de créer des milliardaires dans un pays qui aura vu le taux de pauvreté passer de 50 à 60% environ en 12 ans d’alternance. Le droit dans son principe d’équité fondamental consacre en ces temps d’identification des voleurs de la république, ce que le bon Maitre Demba Ciré BATHILY rappelle haut et fort : la présomption d’innocence. Au nom de ce grand principe de droit, il faudrait même si on pousse le résonnement jusqu’au bout, abroger purement et simplement cette loi sur l’enrichissement illicite, jugée illégale, scélérate et aux antipodes de tout principe de justice. Après seulement semble-t-il, on pourrait se poser les bonnes questions sur qui a volé quoi dans ce pays sous Wade et même avant.
Pour ne rien diminuer à la clameur, la délégation de la Communauté Européenne au Sénégal vient de rendre publique une étude selon laquelle tous les dirigeants de ce pays depuis Senghor, se sont enrichis avec les deniers du peuple. Ce mal sénégalais aurait pu connaitre un ralentissement sérieux avec la création sous DIOUF du délit d’enrichissement illicite, si la politique politicienne n’avait pas comme toujours été plus forte que la vertu et l’équité. Le détournement des deniers public a été exacerbé comme jamais avant entre 2000 et 2012, sous le magistère d’un Abdoulaye Wade annonçant fièrement dans un discours au peuple, qu’il a créé des milliardaires. De deux choses l’une, soient tous ces détourneurs de fonds publics (fonds politiques compris) sont présumés innocents et doivent à ce titre être respectés pour leur prouesse, soient les goorgorlous sénégalais qui votent et élisent pour ces gens sensés les représenter sont présumés coupables d’infamie et méritent bien ce qui leur arrive. Il y’a fort à parier qu’au rythme où vont les choses, c’est bien le peuple sénégalais qui devra être jugé pour avoir accepté d’assister sans broncher à la métamorphose de quelques tondus et un pelé, passé en 12 ans seulement de goorgorlous, sans gîte, ni couvert suffisant, à multimilliardaires arrogants et suffisants. Et comme la rupture annoncée par les gouvernants actuels est entachée du même mal congénital, les n’diambour-n’diambour, djolof-djolof, et autres populations déphasées par autant de cacophonie juridico-politique, courent le risque de payer encore, la rançon des alliances politiques. Cela risque d’être le cas dans beaucoup de communes de ce pays aux locales 2014, les roublards politiques voleront et mentiront, et le peuple coupable paiera, ainsi va Sunugaal. Les populations n’ont, dit-on, que les gouvernants qu’ils méritent.
Pape SARR Nantes France