L'Etat vient officiellement de supprimer 59 structures, agences et autres directions et mis en place de nouvelles commissions tandis que la cour de répression de l'enrichissement illicite a été transformée en « Cour de répression des crimes économiques et financiers ». C'est à l'occasion de restitution des résultats de la mission de rationalisation des structures publiques à l'occasion d'une rencontre tenue hier, lundi 21 mai au Palais. Cependant, les autorités sont restées muettes sur les gains économiques de la suppression de ces structures pour l'Etat et les préjudices causés en matière d'emplois.
59 structures dont 9 agences, 2 cellules, un office, 1 société nationale en gestation, 1 fonds, 2 directions générales, entre autres, ont officiellement été supprimés de l’administration. Inefficacité, absence d’opportunités ou encore doublon, sont les principaux motifs avancés. «Après une étude menée dans les différents services étatiques, nous avons jugé nécessaire de supprimer 59 structures publiques qui ne répondaient pas à l’efficacité et la rigueur d’une administration nationale». C’est Mme Nafi Ngom Keita, Vérificateur général de l’Inspection général d’Etat (Ige) qui a ainsi rendu publics les résultats officiels de la mission de rationalisation des structures publiques, à l’occasion d’une rencontre tenue hier, lundi 21 mai, à la salle des banquets du Palais, en présence de tous les membres de l’Ige, des ministres et des membres du cabinet présidentiel.
Cette mesure entre dans le cadre du besoin de l’Etat d’alléger l’administration sénégalaise et pour des soucis d’efficacité dans la conduite des affaires publiques. Ces structures publiques qui ont fait l’objet d’une suppression, sont des agences, directions, cellules et mission, etc. «Nous avons en tout supprimé neuf agences, deux cellules, un office, un fonds, une société en phase de création, 41 délégations, une mission et deux directions générales».
Le président de la République Macky Sall assuré qu’il s’agit de «toutes les structures inutiles qui ont fait l’objet de doublon ou qui ont été créées juste pour caser des personnes. Il nous faut une nouvelle Administration moins lourde et plus efficace pour satisfaire les Sénégalais».
Parmi les structures supprimées, l’on note, entre autres, la Direction des ressources humaines qui intègre la Direction de l’administration générale et de l’équipement (Dage) comme division des ressources humaines, l’Agence nationale de la solidarité numérique, la Mission de promotion de la nouvelle capitale politique et administrative du Sénégal qui est «une structure inopérante ; aucune activité concrète n’a été menée. Cependant, compte tenu de l’importance des fonds dépensés, une mission d’audit sera effectuée». S’y ajoutent le SENECLIC, la Direction générale des infrastructures, l’Agence nationale de promotion touristique, la Direction des parcs culturels, etc. Ces structures feront l’objet d’audit.
En plus de la présidence de la République où trois structures ont été supprimées, les ministères les plus concernées par cette cure d’amaigrissement sont ceux des Infrastructures et des Transports (onze structures), du Commerce (sept structures), de la Famille e celui de l’Energie et des Mines (6 structures chacun), de l’Aménagement du territoire (5), entre autres. Les autres ont perdu une à trois ou quatre structures. Seulement, cette mesure laisse en suspens plusieurs questions, notamment ce que l’Etat du Sénégal va gagner en économie avec la suppression des toutes ces agences et structures. De même, en termes d’emplois, la mission de rationalisation des structures publiques ne donne pas une idée sur d’éventuels préjudices, ni ce que deviendrons toutes les personnes qui occupaient jusque-là des postes au niveau de ces structures. Si l’on sait que certains travailleurs dans ces structures sont déjà des fonctionnaires de l’Etat, déplacés vers ces agences alors que d’autres sont tout bonnement de nouveaux employés. Autant d’interrogations qui attendent réponses, même si l’Ige a informé que «nous ferons l’état des lieux de toutes les structures supprimées ou rattachées à d’autres, les audits sont déjà en cours».
Les agences, au regard de la loi n° 2009-20 du 04 mai 2009, portant loi d’orientation sur les Agences d’exécution, étant des personnes morales de droit public, celles à supprimer feront l’objet d’une dissolution par décret et une liquidation dans les conditions indiquées par la loi n° 84-64 du 16 août 1984 fixant les modalités de la liquidation des établissements publics, des sociétés nationales et des sociétés d’économie mixte et son décret d’application, a précisé Nafi Ngom Keita.
Et d’ajouter qu’au niveau des ministères, à la suite de la suppression d’une direction générale ou de la fusion de deux ou plusieurs directions, les anciennes structures qui les composaient deviennent des divisions dans la nouvelle direction.
Un Office national anti-corruption
Le chef de l’Etat, Macky Sall, a en outre annoncé la mise sur pied d’un Office national anti-corruption (Ofnac), qui aura pour mission la prévention et la lutte contre la corruption et les infractions semblables, dans le but de renforcer le dispositif stratégique de la gouvernance publique. Mieux, «L’Ofnac qui va aussi publier ses rapports, est une autorité indépendante qui aura pour mission la prévention et la lutte contre la corruption et les infractions connexes», a rassuré le président de la République.
Il aura pour mission de «promouvoir l’intégrité et la probité dans la gouvernance publique. Cette structure sera dotée d’importants pouvoirs notamment celui d’auto-saisine pour toute enquête ou investigation qu’il jugera utile», a-t-il affirmé.Le président de la République va également à la chasse aux biens mal acquis. «Nous allons créer bientôt une commission nationale de restitution des biens et de recouvrement des avoirs mal acquis, qui va rechercher partout ou besoin sera». Aussi a-t-il annoncé la mis en place d’une autre commission nationale de suivi des politiques publiques tandis que la cour de répression de l’enrichissement illicite sera transformée en Cour de répression des crimes économiques et financiers.