La brouille entre magistrats et avocats prend une toute autre tournure. Ces deux corps de la justice en froid depuis quelques temps se regardent en chiens de faïence. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase est la condamnation prononcée par la Cour d’appel de Saint-Louis puis confirmée par la Chambre civile et commerciale de la Cour suprême contre Wartsila, dans une affaire l’opposant aux Résidences les Jardins.
L’Ordre des avocats s’est donné le droit de dénoncer hier une volonté manifeste d’éviter tout débat sur la corruption qui est assimilable à un phénomène qui gangrène notre société. Suffisant pour obliger les robes noires à porter le combat de la lutte contra la corruption, car il y va de la survie des avocats et de leurs cabinets, informe l’Enquête.
À l’origine de la brouille, la sortie épistolaire de l’ancien bâtonnier, Me Mame Adama Guèye, qui dénonçait une « justice sénégalaise corrompue jusqu’à ses plus hautes instances ».
Suite à la réaction musclée de l’Union des Magistrats du Sénégal (UMS) qui a donné le ton il y a de cela quelques semaines, les avocats, sous la houlette du bâtonnier du Conseil de l’Ordre, sonnent la mobilisation et annoncent l’imminence d’une période troublée. Selon Me Amath Bâ : « on cherche à tirer profit de la sortie de Me Mame Adama Guèye sur la corruption dans la justice pour, d’une part, humilier l’ancien bâtonnier, et d’autre part, tenter de museler les avocats dans le but d’éviter tout débat sur ce fléau qui gangrène la justice ». Dans ce sens, après avoir demandé de « constituer un rempart pour protéger tout confrère injustement attaqué », le patron du barreau demande à tous ces confrères de rester vigilants et soudés afin de parer à toute éventualité.