Joli coup royal, et c’est un communiqué du palais qui l’a annoncé, jeudi 22 mai : face à la situation des prisonniers français en grève de la faim, et en l’absence d’une convention d’entraide judiciaire entre Paris et Rabat, le roi Mohammed VI a demandé au ministère de la Justice de mettre en place une commission chargée d’examiner leur cas. Mais, c’est précisé, cette commission sera formée à « titre exceptionnel et humanitaire ».
Le communiqué rappelle également, deux fois plutôt qu’une, les raisons pour lesquelles ladite convention avait été suspendue à l’initiative de la partie marocaine : « Dysfonctionnements graves relevés à Paris à l’encontre de hauts responsables marocains » et, « aberrations constatées et de maladresses survenues ». Le communiqué précise également que le roi ne « tolère point que des personnes soient victimes de différends intergouvernementaux ».
On le sait, les Etats n’ont pas d’amis, et encore moins de sentiments. Seuls les intérêts comptent. Et parfois, on peut aussi se faire plaisir, tout en gardant un œil sur ces intérêts. C’est ce qu’a fait hier Mohammed VI, dans un geste qui rappelle celui de 2002 en faveur des pêcheurs espagnols.
En effet, cette année, en novembre, le pétrolier Prestige avait coulé au large de la Galicie, trois mois après l’attaque de l’îlot Laila par une incroyable armada espagnole, menée par l’alors premier ministre, le belliqueux Aznar. Mohammed VI avait donc décidé, suite à la marée noire qui avait suivi le naufrage, d’autoriser exceptionnellement une centaine de chalutiers espagnols, obligés de rester à quai, de venir pêcher dans les eaux marocaines, ce qui lui avait valu un message de remerciements d’Aznar, qui s’en serait bien passé à l’époque. On attend un message similaire de François Hollande…