Au milieu du cliquetis des claviers, les adolescentes du lycée de Thiès, à l’est de Dakar, s’échangent des regards dubitatifs. « Maintenant, écrivez le titre de votre page entre les balises », relance Aminata, une des formatrices. Les mains se lèvent et on appelle à l’aide. Mais quelques minutes après, c’est le bout du tunnel. Sur l’onglet Internet vient de s’inscrire « Bienvenue sur ma page ». Satisfaction générale. Awa Caba, cofondatrice de l’association Jjiguene Tech Hub et organisatrice de la formation, suit bienveillante leur progression au fond de la salle. « J’aime voir leurs regards qui s’illuminent lorsqu’elles voient que leur site se transforme », confie-t-elle.
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En ce premier week-end de mai se déroulait la deuxième journée du Girl Coding Camp, des formations pour les écoles organisées par trois associations, Imagination Afrika, Wetech et Jjiguene Tech Hub (« Jjiguene » signifie « femme » en wolof). Pendant trois jours, une trentaine de lycéennes issues de plusieurs filières ont appris grâce à ces associations les fondements du HTML 5 et CSS, écritures qui permettent la conception de plusieurs supports Web. A l’issue de ces journées, elles auront produit leur première page Web et repartiront avec un diplôme symbolique.
Combler le retard des femmes dans les professions technologiques

L’association a été créée il y a trois ans par quatre jeunes femmes, dont la chef d’entreprise anglo-sénégalaise Marième Jamme, nommée en 2012 par le magazine Forbes comme l’une des femmes les plus influentes d’Afrique. Depuis, Awa Caba, mais aussi Ndeye Awa Gueye et Binta Coudy Dé font tourner la machine sur place, et regroupent aujourd’hui une trentaine de volontaires, hommes comme femmes, étudiants ou ingénieurs dans l’informatique ou les télécommunications.
Former au code, oui, mais pourquoi les filles spécifiquement ? « Les jeunes filles sont complexées, explique Awa Caba. Elles ont peu de cours d’informatique durant leur cursus et ne peuvent pas pratiquer chez elle. Une fois à l’université, elles se découragent et évitent les filières scientifiques, qu’elles considèrent plutôt réservées aux hommes. » À l’aide de méthodes ludiques, les formateurs tâchent de rendre les concepts accessibles à chacune. L’association est en train de créer une base de données pour connaître le pourcentage de femmes dans le monde scientifique, et Awa Caba espère voir l’impact de son programme d’ici cinq ans, avec une arrivée croissante d’étudiantes dans les secteurs de la technologie.
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Depuis le début de l’aventure, les volontaires ont formé près de 500 jeunes filles, et ils continuent à les suivre. « Notre plus grande fierté, c’est quand nos élèves nous envoient des SMS pour nous remercier remplis des balises qu’on leur a appris », rit la responsable. L’une de ces lycéennes est même devenue volontaire dans l’association et forme des jeunes au sein de son école pendant les récréations, lorsqu’elle ne révise pas pour son bac. « On a lancé l’impulsion, c’est aux étudiantes de continuer leur chemin. » Les journées quant à elles continueront jusqu’en juin, dans des lycées de Mbour et de Rufisque.
Lemonde.fr

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