Affalé depuis je ne sais plus combien de temps dans mon fauteuil en moleskine, je suis enveloppé dans un linceul d’ombre et de silence, comme dans une alcôve, et mon souffle est saccadé. C’est à ce moment qu’une série de coups résonnent à la porte du salon et m’arrachent à ma sombre rêverie. D’un bond je suis sur pied et, en titubant, je vais ouvrir la porte laissant pénétrer à flots les rayons du soleil. Qui vois-je alors, drapée dans un chatoyant sari bleu ciel, pareille à une fée nimbée de lumière ?…Sophie ! Ma chère Sophie, ma douce Sophie, ma femme adorée et la gardienne de mes rêves ! À côté d’elle se tiennent debout nos deux petits anges, les jumeaux Malick et Marianne. Tous les trois me regardent en souriant et mon cœur se dilate de bonheur. Mais j’ai l’esprit encore tout embrumé et je ne sais pas très bien ce qui m’arrive. Les coups de feu, explosions, cris de guerre, hululements de sirène et autres bruits terrifiants se sont, je ne sais trop comment ni à quel moment, complètement estompés de ma conscience.
« Alors Habib, qu’est-ce qui se passe ? Ça fait plus de dix minutes que je suis en train de tambouriner à la porte du salon !… »
LOUIS CAMARA