djoloffactu.sn – L’objectif d’Aly Ngouille Ndiaye est dual : donner aux Sénégalais de l’électricité en quantité suffisante et à un prix acceptable. L’enfant du Djoloff aurait-il à cœur d’explorer la solution des énergies de substitution comme la tourbe des Niayes? Il se garde de décliner sa stratégie. Le ministre du gouvernement Abdoul Mbaye – dont il était l’employé à la BHS – a de l’énergie à revendre.
Aly Ngouille Ndiaye, ministre de l’Energie et des Mines : Voulez-vous vous présenter à nos lecteurs, Monsieur le ministre ?
Je suis un ingénieur en génie civil diplômé de l’Ecole Polytechnique de Thiès en 1988. J’ai été recruté à la Banque de l’habitat du Sénégal (BHS) aussitôt ma formation terminée à l’école avec le concours d’un de mes anciens professeurs qui fut directeur technique de cette banque. J’ai été recruté d’ailleurs par Abdoul Mbaye (NDLR : actuel Premier ministre, Dg de la BHS naguère). Au bout de deux ans, j’ai quitté la banque pour faire un MBA aux Etats-Unis avec une spécialisation en finances et en recherche opérationnelle. C’était en 1993 et je suis revenu pratiquement une semaine avant la dévaluation du franc Cfa pour réintégrer la Banque de l’Habitat du Sénégal où j’ai occupé plusieurs postes notamment ceux de responsable des opérations, directeur du crédit, directeur de la relation avec la clientèle avant de quitter en 2007 pour monter mes propres affaires. Je suis depuis lors consultant dans le domaine de l’immobilier. J’ai aidé plusieurs structures à monter des projets immobiliers.
J’ai également une expérience internationale parce que j’ai participé à la mise en place de la banque de l’Habitat du Mali et celle de la Côte d’Ivoire. J’ai également fait différentes consultations dans le domaine de l’immobilier où j’ai aidé à la définition du modèle de financement de l’habitat.
Quand avez-vous commencé à faire de la politique ?
Disons en 2008, avant qu’on ne reporte les élections locales en 2009. J’ai commencé à m’intéresser à la chose politique parce que j’étais candidat à la mairie de Linguère où j’ai conduit la liste de « Bennoo Siggil Senegaal », ça s’est terminé comme tout le monde l’a connu. Et j’ai repris le flambeau pour participer à la dernière élection présidentielle après avoir discuté avec les sympathisants du «Mouvement pour la Renaissance du Djoloff » (MRD) que j’avais mis en place. Nous avons décidé de soutenir et d’accompagner le candidat Macky Sall. Ce que nous avons fait avec la coalition « Macky 2012 » sur la base d’un programme que nous avons soumis au président Macky Sall qui l’a accepté. Nous avions coordonné au niveau du département de Linguère la coalition « Macky 2012 » et avions mené campagne pour gagner au premier tour et au deuxième tour.
Quand avez-vous été consulté pour faire partie du gouvernement Abdoul Mbaye ?
Le jour de la proclamation de son gouvernement.
Le Premier ministre vous a-t-il proposé le poste de ministre de l’Energie et des Mines ou bien vous a-t-il demandé votre choix ?
On m’a consulté pour me proposer ce poste que j’ai accepté.
Comment ça s’est passé ?
Ça s’est passé au téléphone, hein ! mais dès le départ, nous avons choisi de faire une rupture : vous savez Macky Sall avait décidé d’avoir une liste restreinte de 25 ministres. Il avait déjà les CV des principaux concernés notamment ceux qui étaient dans sa coalition. Et en fonction des différentes options qu’il a eues, il a proposé des postes à des gens par rapport à leur profil mais aussi de leurs capacités managériales.
Vous êtes ingénieur polytechnicien diplômé en génie civil et actuellement ministre de l’Energie et des Mines. Avez-vous le profil de l’emploi comme certains le prétendent ?
Si Karim Wade a le profil de l’emploi, j’ai le profil de l’emploi.
L’énergie est un secteur très sensible, le poste que vous occupez vous met certainement au-devant de la scène. Quel regard portez-vous sur ce secteur, ses difficultés et l’attente des populations ?
Disons que personnellement, je suis au-devant de la scène depuis très longtemps. Moi, j’ai toujours été dans des secteurs exposés parce que j’ai été directeur du crédit de la BHS, donc beaucoup de projets immobiliers d’envergure aujourd‘hui portent mon empreinte. Le secteur est certes sensible mais nous allons faire de notre mieux pour relever le défi avec comme objectif de fournir suffisamment de l’énergie à un prix acceptable aux Sénégalais.
Quelles seront vos priorités et les premières mesures que vous allez prendre ?
Pour le moment, c’est un peu difficile de parler de premières mesures d’autant plus que nous n’avons pas encore fait la passation de service. Il faut d’abord faire la passation, faire un état des lieux dans tous les cas de figure. Il y a eu récemment beaucoup de problèmes dans le secteur de l’énergie et des mines et des mesures ont été prises par le gouvernement sortant. Ces mesures étaient-elles prises dans l’urgence ? Est-ce que c’était des mesures à moyen terme ? Est ce que c’était des mesures uniquement à court terme pour passer l’étape des élections ? Tout ceci, nous le saurons quand nous aurons les dossiers à la passation de service. Et c’est en fonction de ça que nous apprécierons avec les ressources humaines qui sont dans le secteur que nous connaissons et qui sont de bonnes qualités. Je pense que nous devons rapidement trouver les meilleures solutions. On va vers l’été : la demande va augmenter. Nous allons en tous cas trouver des solutions pour faire face.
Est-ce que vous avez votre plan Takkal ?
Je n’ai pas encore mon plan Takkal. J’attends d’abord de connaître les contours du plan Takkal qui existe et on va l’évaluer et l’apprécier. S’il est aujourd’hui performant et apporte une solution à la demande des Sénégalais, nous allons le maintenir et le renforcer, la continuité de l’Etat dans les bonnes choses doit prévaloir.
Vous avez parlé de « réduction des prix de l’électricité ». Au Sénégal l’électricité est rare et coûte cher. Est-ce que vous comptez mettre en place une politique de réduction des prix ?
Nous avons dit que notre objectif, c’est faire en sorte que l’électricité soit en quantité suffisante et à des coûts acceptables. Aujourd’hui, il m’est difficile de me prononcer sur ça d’autant plus je n’ai pas encore en ma possession tous les éléments d’orientation.
Monsieur Aly Ngouille Ndiaye est un ministre de la République, mais aussi un ministre Djoloff Djoloff. Sans vouloir verser dans le régionalisme, est-ce que c’est une chance pour notre terroir qui a énormément d’urgences ?
Ce que je fais pour le Djoloff n’a rien à voir avec mes fonctions ministérielles. Je l’ai toujours fait depuis que je suis sorti d’école. Et je continue de le faire. Peut-être que…(il hésite) ma position me permettra d’avoir de nouvelles relations et de nouvelles opportunités se présenteront pour le Djoloff. Mais le ministre, c’est le ministre du Sénégal, c’est le ministre du gouvernement du Sénégal. Il est censé travailler pour le Sénégal. Mais ce que je fais pour le Djoloff ne sera pas forcément lié à ma fonction de ministre.
Lors de la dernière interview que vous aviez accordée à Djoloffactu, vous disiez que le Djoloff est « très obscur » et « mal éclairé ». Aujourd’hui que vous gérez l’énergie …
[Il coupe]. Comme je dis, notre ambition c’est de fournir suffisamment de l’énergie. Et donc ça veut dire que Djoloff aura forcément sa part avec ce que nous allons réaliser.
J’ai parlé du Djoloff parce que j’ai fait campagne dans cette partie du pays. Mais je suis presque sûr que c’est la même chose partout. J’ai aujourd’hui la carte de la distribution électrique au niveau de l’ensemble du département de Linguère. Cette carte, il faut la matérialiser également pour les autres départements et se donner les objectifs pour qu’au moins au terme de notre mission que le Djoloff et d’autres régions soient plus illuminées.
Un des chroniqueurs de Djoloffactu écrivait dans son dernier billet que « Linguère a été délaissée dans son compartiment le plus bénéfique qu’est l’élevage : une activité qui est toujours maintenue à l’état primitif ». Dans le programme que vous aviez proposé au candidat Macky Sall, aujourd’hui président, figurait en bonne place l’élevage. Comment comptez-vous y prendre part pour développer ce secteur et tant d’autres ?
Macky Sall lui-même a beaucoup d’ambitions pour l’élevage. Et nous pensons que déjà avec la nouvelle ministre de l’Elevage, Madame Aminata Mbengue Ndiaye, qui est également de la région, donc qui est de la zone sylvo-pastorale pratiquement, nous aurons les mêmes ambitions. Nous travaillerons avec elle pour que les ambitions que nous avons pour l’élevage soient une réalité.
Merci Monsieur le ministre, nous sommes arrivés au terme de notre interview. Votre dernier mot à l’endroit du Djoloff-Djoloff et des Sénégalais.
Nous allons demander à l’ensemble des Djoloff Djoloff de prier pour nous pour que nous puissions réaliser les objectifs pour lesquels le président Macky Sall a porté son choix sur ma modeste personne. Aussi, aux visiteurs de Djoloffactu, qui sont essentiellement des Djoloff Djoloff, le premier message leur est transmis. Ils m’arrivent de lire leurs commentaires qui me permettront de dresser une feuille de route dans la conduite à tenir et je suis très content que les gens à travers la toile échangent sur la situation du Djoloff.
Propos recueillis par El Hadji Daouda DIAW, djoloffactu.sn