Ce 28 mai 2012 ne pourra laisser indifférent aucun musulman du Sénégal et même d’ailleurs. Car 365 jours en arrière, un éminent serviteur de l’Islam s’en allait au plus fort de son utilité, à seulement 58 ans. S’agit-il de Serigne Moustapha Sall, fils du marabout et éveilleur des consciences, Serigne Abass Sall de Louga. Mais d’avance, à seule fin de calmer les esprits dubitatifs, il est à préciser que, dire que son décès affecte frontalement tous nos frères musulmans, ne saurait être en aucun cas signe d’exagération, d’affabulation non plus. C’est de la vérité vraie. Et c’est à prouver tout au long de ce présent texte entièrement habillé d’actions qu’il a accomplies loyalement pour l’Islam. Avant de s’y atteler, parler de sa descendance, gêne favorable à son comportement exemplaire, mérite d’être notre préoccupation première.

DE SA DESCENDANCE
De par sa mère Sokhna Rokhaya Bâ, Serigne Moustapha est petit-fils direct de Serigne Alioune Bâ, influent marabout à Ngoumba-Guéoul, par ailleurs Moqadem charismatique d’El Hadji Malick Sy. Auteur fécond de plusieurs œuvres littéraires, Mame Serigne, sobriquet que préfèrent lui donner ses disciples, n’en est pas moins un saint parmi les saints. Dans le but d’avoir une idée de la dimension et la préséance mystiques de celui-là qui a édifié une imposante zawiya dans sa ville de naissance, évoquer un seul fait suffit pour ce faire : c’est lui qui a gagné la confiance du saint guide khadre, Cheikhna Cheikh Saadbou, afin de présider tout des obsèques de son fameux fils, Cherif Adramé Aidara, lors de son rappel à Dieu, allant du bain à la prière mortuaire, en passant à l’enterrement.  Pour ceux qui connaissent peu Adramé dont le nom est collé à jamais au cimetière de Guéoul, il suffit de leur rappeler que c’est en hommage à lui que la communauté khadre du Sénégal a fait de Guéoul son deuxième lieu de pèlerinage après Nimzatt. Qui plus est, même si ce n’était son grand-père maternel, Serigne Moustapha Sall est un marabout à juste titre pour ce qu’il a Serigne Abass Sall comme paternel. Et puis, pour se convaincre de l’œuvre monumentale de ce dernier pour l’Islam et la Tidjanya, il faut avoir lu ses écrits, visité ses mosquées et villages, mais surtout observé la piété de ses talibés de tout bord. Ce père exigeant en bonne conduite et éducation pour ses fils lui a fait bénéficier d’un riche cursus.

DE SA FORMATION
Comme tout fils de marabout, Serigne Moustapha s’est très tôt initié au Coran. Thierno Ousmane Diallo, un enseignant halpoulaar que son père fit venir de la lointaine Fouta se chargeait de lui faire mémoriser le Livre saint. Objectif qu’il réalisa alors que son élève n’était pas encore âgé de vingt. Puis il s’inscrivit à l’école arabe de Serigne Yankhoba Fall à Saint-Louis jusqu’à être au niveau secondaire avant de s’envoler, au tout début de l’année 1975, vers l’Égypte où il sera diplômé en agronomie. Mais aussi, durant ce séjour asiatique, il menait une activité autre que celle d’apprendre.

LE VOYAGISTE EXEMPLAIRE
De là-bas, sa fréquentation de La Mecque fut inévitable. Car durant ses vacances, il allait y faire pèlerinage, qu’il soit petit ou grand.  Ces périodes de villégiatures et de recueillement lui inspirèrent ce qui deviendra des années après sa principale activité. Entendez par là son implication en tant que privé dans l’organisation du pèlerinage. Il avait vu juste. Car, pour avoir eu une expérience bombardée de 30 années de pratique, il était plus que jamais célèbre dans le secteur. Aussi, El Hadji Moustapha a quelque chose de rare : les services de son agence Taba Voyages n’ont jamais souffert de plaintes ni de réclamations de la part d’aucun de ses pèlerins. Ceux-ci rentraient plutôt satisfaits. Le comblant d’éloges à tous les coins. Moi qui suis son neveu, je ne puis compter le nombre de fois que des membres d’une de ses promotions du Hajj que je croise me gratifient d’honneurs lorsqu’ils se rendent compte qu’une consanguinité me lie avec celui qui sortait de sa poche pour aider ses clients en situation d’impasse financière à La Mecque. Pour toutes ces raisons, il ravissait la vedette à tous les autres collègues du secteur qui le consultaient à chaque fois qu’un couac survenait dans leurs affaires. Sa disponibilité à les aider fera naitre en eux de vifs sentiments de reconnaissance qu’ils vont traduire en acte. Nous sommes en 2007, les voyagistes sénégalais spécialistes des Lieux saints de l’Islam décident de se formaliser autour d’une association de grande envergure. L’UNOPHOM est née. Sur ce, ses membres veulent la faire diriger par quelqu’un qui s’y connait amplement. Et El Hadji Moustapha, en incontesté leader, sera proposé d’en être le président. Ce qui fut fait. Jusqu’à son dernier souffle, le président de l’Union Nationale des Organisateurs des Pèlerinages Hajj et Oumra  n’a jamais été aussi serviable. Son magistère a été d’autant plus apprécié que son mandat était renouvelé annuellement.

LE BÂTISSEUR DES MOSQUÉES
En collaboration avec sa sœur établie à Dubaï, Sokhna Halimatou Sall, elle-même en partenariat avec de bonnes volontés dubaïotes, Serigne Moustapha se faisait à construire des mosquées là où elles manquaient dans son fief. D’ailleurs, il ne pouvait rester deux semaines au Sénégal sans y inaugurer une nouvelle maison de Dieu. Résultats : le nombre des mosquées édifiées au Sénégal et dans la sous-région se chiffre à 134. Toutes les régions du pays sans exception ont été servies. Entre autres réalisations, l’on peut citer à Dakar, la mosquée de Sacré-Cœur 3, celle de Yoff Djily Mbaye, où il dirigeait la prière du vendredi, Benn Barack… Si tous les chefs religieux en faisaient autant, l’islam sénégalais ne s’en porterait que mieux.

REGRETS !
Au vu de tout ce texte dense de témoignages, de cette foule de bonnes actions évoquées, peut-on en déduire ce que ceux qui le connaissaient savent déjà : la famille du saint-homme au vitiligo mystique, Serigne Abass Sall notamment, a perdu un pilier fondamental. Un homme qui vivait pour le bénéfice de tout musulman. Serigne Moustapha était un bienfaiteur s’il en fut. Un homme de bien invétéré. Attentif et attentionné. S’il est connu de tous, c’est surtout en gentillesse et en disponibilité. Il travaillait à changer les conditions précaires des nécessiteux. La centaine de puits forés dans tout le pays et l’arrière-pays en est une belle illustration. Linguère, Louga, Mbour, Kaolack et Fatick en sont des cités témoins. De même, les hôpitaux et prisons, surtout ceux de la capitale, étaient habitués de ses largesses. Mais ce n’est pas tout. La distribution de vivres à l’approche du ramadan et des autres fêtes religieuses était aussi son fort. C’est pour cela que sa maison était devenue le réceptacle de gens en situation de besoins venus de divers horizons. Jamais il ne s’y sortait sans les satisfaire tous. Qui recevait de la nourriture, qui de l’argent. Qu’est-ce qu’il va leur manquer !
Voilà qui est Serigne Moustapha, que dis-je une partie de sa riche vie relativement courte ; l’homme à qui le double acrostiche suivant est dédié.

ACCROSTICHE POUR SERIGNE MOUSTAPHA SALL (RTA)
————————
Serviteur  infatigable du  sceau de tous les  prophèteS
Etais-tu exceptionnel pour mériter être son homonymE
Rien  au monde  n’engloutira  ta  générosité  de  cœuR
Impressionnant  en  simplicité, mais  en élégance aussI
Gàccé nguaalama !  Tu  es parti avec un  éminent  ranG
Nous ne pourrons  jamais  te  remercier  assez  TontoN
Et c’est pour te célébrer qu’est née cette petite élégiE

Mahométan  dévot assidu à tous  les rituels de l’islaM
Oui-da faire une mosquée où ça manquait était ton crédO
Utile  que  tu  étais  pour  les démunis et  ta famille itoU
Sincèrement tu nous manques gros et nous pleureronS
Tant que nous vivrons, car nous te garderons à l’espriT
A jamais, oh ! Toi le valeureux dignitaire de la TidjanyA
Premier des voyagistes  de l’UNOPHOM  je  te  dis  RIP
Hélas !  Tes pèlerins  croient-ils mal au  décret  d’AllaH
Ah oui ! Tu les as trop aidés à La Mecque et à MédinA

Salihine respectable !  Tu  honores ton pater Cheikh AbasS
Avec ta partance subreptice et inattendue pour l’au-delA
Louga qui t’accueille à  jamais sera éternellement en deuiL
Les gens qui t’ont connu prient pour toi, mais ont tous maL
————————-
Mansour Gaye
 

Mansour Gaye

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here